La hausse de prix se concentre naturellement sur les sodas classiques (+6,1%), c’est-à-dire sans formule visant à diminuer la teneur en sucre.

+10% par rapport à l’année dernière : la taxe soda a fait bondir le prix des boissons sucrées, selon une étude

La hausse de prix se concentre naturellement sur les sodas classiques (+6,1%), c’est-à-dire sans formule visant à diminuer la teneur en sucre. MSM / stock.adobe.com

Le budget 2025 de la Sécurité sociale avait presque doublé la contribution sur les boissons contenant des sucres ajoutés. Les effets sont déjà nettement visibles en grande distribution, selon le panéliste Nielsen IQ.

Que l’instauration de la nouvelle taxe sur les boissons sucrées cet hiver ait fait augmenter le prix des sodas ne surprendra pas grand monde. Reste que l’ampleur de la hausse peut surprendre : à fin avril, les prix des sodas approchent les 10% d’inflation par rapport à la même période l’an dernier, affirme Nielsen IQ dans une étude, cette semaine. Le panéliste évoque ainsi une «hausse majeure du prix moyen» dans les supermarchés, où les effets de la taxe sont «déjà nettement visibles». Cette hausse de prix se concentre naturellement sur les sodas classiques (+6,1%), c’est-à-dire sans formule visant à diminuer la teneur en sucre. Le prix des variétés «light» et «zero» n’a augmenté que de 1,6% en moyenne.

En France, pour rappel, la «contribution sur les boissons contenant des sucres ajoutés», dite taxe soda, existe depuis 2012, mais le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 l’a considérablement alourdie. Les barèmes de contribution, fixés en fonction de la teneur en sucre, ont été remis à plat, passant de quinze à trois. La taxe est ainsi presque multipliée par deux pour les boissons contenant plus de 8 kg de sucre ajouté par hectolitre – 35 euros par hectolitre contre 17,70 euros en moyenne auparavant. Avec cette mesure, le Parlement entend dissuader les ménages et lutter contre la consommation excessive de sucre, un enjeu de santé publique.

Chute des ventes sur les deux derniers mois

De son côté, l’industrie sucrière dénonçait une augmentation injuste et disproportionnée de la taxe. En février, plusieurs organisations professionnelles avaient chiffré à 400 millions d’euros l’impact sur les entreprises du secteur. De fait, les ventes en volume de sodas classiques, ont chuté de -4,2% sur les deux derniers mois alors qu’elles progressent de +5,5% sur un an. Mais selon l’étude de Nielsen IQ, il faut «prendre du recul» et éviter les «raccourcis» sur un supposé impact direct de la taxe sur les ventes. La baisse pourrait aussi être due aux «aléas de la météo» qui dissuadent les Français d’acheter ces boissons, ainsi qu’au «décalage important de certains jours fériés», notamment Pâques. Le ralentissement est bien plus mesuré pour les équivalents «light» et «zéro» (+0,9% sur les deux derniers mois contre +2,4% sur un an) des boissons.

Reste à savoir quel sera le comportement des consommateurs dans les prochains mois, sachant que l’été est une période traditionnellement favorable à l’achat de sodas. Du côté des industriels, la baisse des ventes est pour le moment compensée par la hausse des prix, puisque le chiffre d’affaires est en augmentation de 4,6% en avril par rapport à la même période l’an dernier. Mais pour combien de temps ? «J’espère que nos élus vont revenir à la raison, et voir le caractère disproportionné de cette mesure», alertait dans nos colonnes Alexis Daems, le directeur général de la filiale française de Suntory Beverage & Food, propriétaire d’Orangina, Schweppes, Oasis, MayTea ou Pulco. Et d’ajouter : «Nous ne sommes pas la poule aux œufs d’or ! Surtout quand il s’agit de contribuer à remplir les caisses de l’État et en aucun cas à changer le comportement des consommateurs.»

Source : +10% par rapport à l’année dernière : la taxe soda a fait bondir le prix des boissons sucrées, selon une étude