Eaux minérales : Perrier, Vittel et Hépar désormais en règle, annonce Nestlé

Les autorités avaient enjoint Nestlé Waters de retirer des procédés de microfiltrations interdits dans ses usines d’embouteillage. C’est désormais chose faite à Vergèze (Gard) et dans les Vosges. Le groupe n’est cependant pas au bout de ses peines.

Il était moins une. Nestlé Waters annonce s’être mis en conformité dans son usine d’embouteillage de Perrier, à Vergèze (Gard), et de Vittel et Hépar (Vosges). L’entreprise avait jusqu’à lundi pour retirer des procédés de microfiltration interdits pour les eaux minérales. Cette microfiltration à 0,2 micron a été remplacée, ce jeudi à Vergèze et il y a une quinzaine de jours dans les Vosges, par un système à 0,45 micron, c’est-à-dire des filtres plus larges, autorisés.

La fin d’un long chemin de croix pour Nestlé ? Rien n’est moins sûr. Perrier doit désormais obtenir le renouvellement de sa labellisation comme « eau minérale naturelle ».

« Dans cette perspective, le site de Vergèze va déposer le 4 juillet un nouveau dossier d’autorisation d’exploitation d’eau minérale naturelle », annonce l’entreprise. Il y a quelques mois, la préfecture devrait rendre sa décision avant le 7 août. « Ce nouveau dossier propose de nous concentrer sur nos principaux forages », précise Nestlé Waters.

Vers le déclassement de forages ?

Selon les explications obtenues par « Les Echos », le renouvellement de l’autorisation a été demandé pour les deux principaux forages, qui représentent l’essentiel de l’eau embouteillée sous la marque Source Perrier, afin de simplifier la procédure.

Pour les deux forages restant, le groupe est en train d’étudier les différentes options. Il y a plusieurs mois, Nestlé Waters a lancé une gamme d’eaux aromatisées, Maison Perrier. Celles-ci ne sont pas labellisées « eaux minérales naturelles » et peuvent donc subir certains traitements. Le groupe se félicite du fort succès de cette marque.

Nestlé Waters affirme toutefois qu’une perte de l’appellation pour tous ses forages mettrait en péril l’activité dans le Gard, qui emploie quelque 1.000 personnes. « Si nous sommes obligés d’arrêter l’eau minérale à Vergèze, cela met le site en risque à très moyen terme, car cet équilibre repose sur le fait de produire Source Perrier et Maison Perrier », affirmait Muriel Lienau, PDG de Nestlé Waters, à la mi-mai aux « Echos ».

Rien n’est gagné pour le géant suisse. Un rapport d’hydrogéologues, commandé par les autorités, a récemment pointé des « déviations microbiologiques ponctuelles » dans les forages de Vergèze. Cela pourrait être considéré comme contraire à la condition de « pureté originelle » de la source, indispensable pour être reconnue comme eau minérale naturelle.

Ces contaminations sont « maîtrisées » et « inhérentes » au travail du minéralier, a toutefois plaidé Muriel Lienau devant la presse il y a quelques semaines. « Nous avons fourni des éléments détaillés qui confirmaient que ces forages sont conformes à la classification d’eau minérale naturelle », a-t-elle expliqué. Le groupe assure qu’il n’y a eu aucune contamination en 2025 sur aucune des quatre forages exploités pour Perrier.

« A la suite des recommandations faites par les hydrogéologues […], Nestlé Waters va également renforcer ses engagements en faveur de la protection de la ressource en eau, avec des investissements à hauteur de 25 millions d’euros sur 5 ans, soit près du triple des montants investis ces 5 dernières années », annonce ce jeudi le groupe, avec « des actions visant à préserver la biodiversité, protéger les sols et améliorer la qualité des écosystèmes aquatiques ». Une structure dédiée, nommée Agrivair Garrigue, va être créée dans le Gard pour les piloter. Une telle structure – Agrivair, une filiale de Nestlé – existe déjà dans les Vosges.

Pureté originelle

Nestlé Waters a été mis en cause pour l’installation dans ses usines de procédés de traitement de l’eau – charbon actif et UV – interdits pour les eaux minérales naturelles, dans la mesure où ils affectent le « microbiote naturel », c’est-à-dire la flore microbienne naturellement présente dans l’eau.

En accord avec l’Etat – ce qu’a démontré un rapport sénatorial sur le sujet -, Nestlé Waters les a remplacés par un système de microfiltration à 0,2 micron dans ces usines, dans le cadre d’un plan de transformation de 50 millions d’euros.

Or, si le législateur français n’avait jamais clairement tranché le sujet, les autorités sanitaires européennes et françaises ont estimé que cela contrevenait à la naturalité de l’eau minérale. Le 7 mai, Nestlé Waters a donc été enjoint de retirer ces systèmes de ses usines.

Par Paul Turban – A retrouver en cliquant sur Source

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/eaux-minerales-perrier-vittel-et-hepar-desormais-en-regle-annonce-nestle-2174740