Exploiter l’intelligence artificielle pour renforcer l’efficacité des cantines et améliorer l’expérience client, tel est le credo des géants de la restauration collective. Un argument clé pour les entreprises qui veulent inciter leurs salariés à délaisser le télétravail pour revenir au bureau.

Chez Sodexo, tout s’est accéléré depuis deux ans avec l’arrivée d’Alice Guehennec en tant que directrice tech, data digital et innovation du groupe. « Ces outils nous permettent de sourcer de bons produits, à faible empreinte carbone, ce à quoi nos convives, nos clients entreprises, et nos propres collaborateurs, sont sensibles. Cela permet d’éviter le gaspillage, notamment en nous aidant à prévoir la fréquentation de nos restaurants », explique-t-elle.

De la sélection du meilleur produit parmi des milliers de références, à la création de menus bas carbone, adaptés à toutes les contraintes alimentaires, en passant par le calibrage précis du personnel à mobiliser sur telle ou telle cantine, ou des quantités à proposer aux salariés, l’IA est sur tous les fronts.

Personnalisation des services

« Depuis le Covid, le télétravail s’est généralisé mais varie beaucoup selon les activités et les territoires. En région parisienne par exemple, s’il pleut, cela influe beaucoup plus sur le télétravail. Les pics dans les cantines sont le mardi et jeudi, tandis que les mercredis dépendent de la garde des enfants. Il faut que l’on soit capable de déployer notre personnel de restauration au plus juste d’un site à l’autre. Une économie pour nous, des files d’attente en moins pour nos clients », ajoute-t-elle.

Sodexo analyse en permanence les données (comportements, préférences, goûts) de ses 6 millions de consommateurs actifs sur ses canaux digitaux, afin de concevoir des services sur-mesure, des programmes personnalisés de nutrition, des prestations de conciergerie digitale. Avec son application Everyday, le convive consulte les menus de la semaine, réserve des espaces, passe commande de son repas, paie, accède au click & collect ou au grab & go, tandis qu’avec Coach conso, il peut connaître l’écoscore des produits afin de l’aider à faire les meilleurs choix pour la planète.

La multinationale qui compte 423.000 collaborateurs dans le monde, a déjà déployé l’IA sur plus de 40 % de ses 27.000 sites. « Et on double l’impact de l’IA tous les ans », précise Alice Guehennec. Outre la possibilité de proposer une prestation quasiment sur-mesure et la division par deux de l’empreinte carbone, l’IA a déjà permis à Sodexo de réaliser 5 millions d’économies et l’objectif est d’atteindre les 30 millions en deux ans.

Budget de 500 millions d’euros par an

L’entreprise y consacre un budget technologique de 500 millions d’euros par an, soit 2 à 3 % de son chiffre d’affaires, un ratio habituel dans un secteur qui bascule ses dépenses informatiques traditionnelles vers l’intelligence artificielle. « L’IA, nous nous en servons aussi dans le facility management, pour le confort des locaux, en intervenant sur la climatisation ou le chauffage en fonction du taux d’occupation par les salariés, en pilotant des objets connectés à distance, des lampes, des équipements de cuisine, etc. » poursuit la dirigeante.

De son côté, Elior a fait appel cet été à IBM pour créer une Agentic AI & Data factory. « Cette initiative nous permettra de tirer pleinement parti de la puissance des données et de l’intelligence artificielle pour améliorer nos performances opérationnelles et proposer à nos clients des services toujours plus personnalisés », estime Boris Derichebourg, président d’Elior et de Derichebourg Multiservices.

IBM va apporter son expertise dans la mise en place d’agents IA capables de traiter et d’analyser énormément de data. La nouvelle plateforme centralisée gérera ces agents intelligents dans les onze pays où Elior est présent, de manière flexible et évolutive, afin de s’adapter aux besoins spécifiques de chaque entité. Des séances de travail seront organisées pour sensibiliser à ces enjeux les 133.000 collaborateurs qui nourrissent chaque jour 3,2 millions de personnes dans les 20.200 restaurants répartis sur trois continents, et veillent sur le confort des bâtiments pour leurs occupants.