Une fois coté en Bourse, le propriétaire de Magnum, Cornetto et Ben & Jerry’s s’arrogera 21 % de part de marché.

Magnum, Carte d’Or, Ben & Jerry’s… Unilever poursuit son désengagement de l’alimentaire en cotant en Bourse ses glaces

Une fois coté en Bourse, le propriétaire de Magnum, Cornetto et Ben & Jerry’s s’arrogera 21 % de part de marché. Ralf / stock.adobe.com

DÉCRYPTAGE – Avec des ventes moins dynamiques et plus saisonnières, le groupe s’apprête à lâcher sa branche de crèmes glacées.

Unilever s’apprête à lâcher le contrôle de ses crèmes glacées (Magnum, Carte d’Or, Cornetto, Ben & Jerry’s…). Depuis le 1er juillet, cette branche, logée dans la société baptisée The Magnum Ice Cream Company (TMIC), basée à Amsterdam, jouit d’une existence autonome par rapport au reste du groupe. Ce mardi, TMIC tenait à Londres sa première journée dédiée aux investisseurs. Objectif : convaincre ces derniers, à quelques semaines de son introduction en Bourse prévue mi-novembre, de la désirabilité du numéro un mondial de la crème glacée.

Dans un premier temps, Unilever avait envisagé de céder cette branche, dont les ventes sont moins dynamiques et plus saisonnières que le reste de son activité dans l’entretien de la maison (Cif, Omo, Skip, Cajoline) et le soin de la personne (Axe, Dove, Monsavon, Signal…). Mais les complexités logistiques liées à la chaîne du froid et la hausse du cours de matières premières comme le cacao ont changé la donne. Faute de proposition de rachat satisfaisante, le géant anglo-néerlandais a opté pour une scission assortie d’une cotation en Bourse. Mi-novembre, les actionnaires d’Unilever deviendront également propriétaires des titres de TMIC, qui sera cotée à Amsterdam, Londres et New York. Unilever conservera 20 % du capital de TMIC, qui seront cédés dans les cinq prochaines années.

Cette scission donne naissance à un leader mondial indépendant de la crème glacée, dont les ventes avoisinent les 8 milliards de dollars, soit 21 % du marché. C’est deux fois plus que le numéro deux Froneri, né du désengagement de Nestlé du marché des glaces il y a près de dix ans.

Impact des médicaments coupe-faim

Ce mardi, le directeur général de la nouvelle société, Peter ter Kulve, s’est attaché à démontrer que cette activité peut être plus profitable hors du giron d’Unilever. Il promet une croissance des ventes de 3 % à 5 % par an à compter de 2026 et une amélioration de la marge opérationnelle. La société a des progrès à faire sur le plan de la productivité et prévoit de réaliser 500 millions d’euros d’économies.

Sur un marché en croissance de 3 % à 4 % par an, les glaces d’Unilever présentent l’avantage d’occuper un segment premium, qui se porte mieux. Devançant les questions des analystes, Peter ter Kulve a minimisé l’impact des médicaments coupe-faim (le Wegovy de Novo Nordisk et le Mounjaro d’Eli Lilly) sur la consommation de ses crèmes glacées, alors que 6 % des Américains sont désormais sous traitement. « Nous constatons que ces personnes consomment moins en volume et grignotent moins. Mais les crèmes glacées sont moins touchées, car elles sont généralement consommées lors d’une occasion spéciale », assure-t-il. Et de souligner que TMIC propose un éventail de glaces plus ou moins caloriques.

Fronde de Ben & Jerry’s

Le groupe devra gérer les velléités d’indépendance de Ben & Jerry’s. Ce mardi, les deux cofondateurs de la marque, Ben Cohen et Jerry Greenfield, ont appelé la nouvelle société à céder Ben & Jerry’s avant l’introduction en Bourse. « Lorsque Unilever a acquis Ben & Jerry’s en 2000, l’accord garantissait l’autonomie de l’entreprise et sa liberté de poursuivre sa mission sociale, rappellent les deux fondateurs. C’est grâce à cet accord vital que nous avons accepté la vente. Aujourd’hui, ces engagements ne sont pas respectés. » En mars, le directeur général de Ben & Jerry’s a été démis de ses fonctions par Unilever. La marque, estime son directeur, a payé ses prises de position en faveur de Gaza et contre Donald Trump.

Avec cette scission, Unilever se désengage un peu plus de l’alimentaire pour se concentrer sur l’hygiène et les produits ménagers. Le groupe anglo-néerlandais a déjà cédé les thés Lipton, ses margarines et ses plats surgelés. Comme ses rivaux, Unilever cherche à se délester de ses activités les moins performantes. L’alimentation ultratransformée est de plus en plus sous le feu des critiques aux États-Unis.

Dans un contexte d’inflation et de bouleversement de la consommation, Unilever n’est pas le seul acteur de la grande consommation à ajuster son périmètre. Dix ans après la fusion qui a donné naissance à Kraft Heinz, le géant américain de l’agroalimentaire s’apprête à se scinder. Reckitt a encore annoncé cet été son intention de céder ses marques les moins performantes (Air Wick, Calgon et Cillit Bang) sur un marché des produits d’entretien très concurrentiel. Ferrero vient de racheter l’activité céréales de Kellogg’s tandis que Keuring Dr Pepper, la maison mère de Canada Dry et Schweppes, va racheter JDE Peet’s et son café Grand’Mère, pour 15,7 milliards d’euros. Décidément, l’heure est aux grandes manœuvres.

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Source : https://www.lefigaro.fr/societes/magnum-carte-d-or-ben-jerry-s-unilever-poursuit-son-desengagement-de-l-alimentaire-en-cotant-en-bourse-ses-glaces-20250909

Source : Magnum, Carte d’Or, Ben & Jerry’s… Unilever poursuit son désengagement de l’alimentaire en cotant en Bourse ses glaces