Ron Vachris, PDG du géant américain Costco, veut casser les prix en France
Ron Vachris. SDP
PORTRAIT – Poursuivant son développement à l’international, le discounter américain Costco a ouvert un troisième entrepôt en France, à Mulhouse. Une menace pour les géants français de la grande distribution ?
C’est le genre de success-story dont les Américains raffolent : Ron Vachris a commencé dans la vie comme conducteur de chariot élévateur à temps partiel dans un entrepôt de Glendale, en Arizona. Il est aujourd’hui, à 60 ans, le PDG de Costco, l’une des entreprises de distribution les plus florissantes au monde, avec un chiffre d’affaires de 250 milliards d’euros. Et visiblement, Ron Vachris, qui a pris ses fonctions en janvier 2024, n’entend pas en rester là. Tout en consolidant ses positions aux États-Unis (71 % de son activité), la chaîne de supermarchés en gros a mis le cap sur l’international.
Elle exploite près de 900 entrepôts dans 14 pays, avec des marchés en forte croissance tels que le Mexique, le Japon ou encore la Chine où son implantation est un succès, en dépit des tensions commerciales entre l’empire du Milieu et les États-Unis. Lors de l’ouverture du magasin de Shanghaï, le tout premier en Chine, inauguré en août 2019, il a fallu fermer temporairement les portes de la grande surface dès le premier jour pour raisons de sécurité : les rayons étaient envahis par des milliers de clients s’arrachant frénétiquement caissons de viande, écrans plats et ours en peluche géants, tous à prix cassés !
En France, le discounter américain vient d’ouvrir un nouvel hypermarché, à Mulhouse, en lieu et place d’un magasin Auchan qui avait fermé ses portes. C’est son troisième site dans l’Hexagone, après deux autres en région parisienne : l’un à Villebon-sur-Yvette, ouvert durant l’été 2017, l’autre à Pontault-Combault, en décembre 2021. Ce n’est sans doute qu’un début : l’enseigne, redoutable casseur de prix, aurait d’autres projets en Île-de-France où elle prévoirait d’ouvrir de 2 à 4 nouveaux magasins. De quoi donner des frissons aux géants tricolores de la grande distribution. Feront-ils le poids, face au géant de Seattle, troisième distributeur mondial derrière Walmart et Amazon ? Premier français par le chiffre d’affaires, Carrefour n’est ainsi que le 13e au niveau mondial (le groupe était encore en 4e position, juste derrière Costco, en 2014), révèle le classement des 250 principaux distributeurs du monde établi chaque année par le cabinet Deloitte ; et E. Leclerc le 21e, Les Mousquetaires le 28e, Auchan le 36e…
Un patron engagé
Ron Vachris connaît parfaitement la force du modèle Costco, qui parvient à obtenir des prix plancher auprès de ses fournisseurs en misant sur un nombre volontairement limité de produits achetés en quantités massives et aux meilleurs tarifs. Autre caractéristique : les magasins, aux allures d’entrepôts, proposent aux clients de gros conditionnements, présentés sur des palettes, ce qui réduit les frais de manutention. Enfin, pour faire leurs courses, les clients doivent être titulaires d’un abonnement, vendu 36 euros par an.
Ron Vachris a appris les ficelles du métier à bonne école, auprès de Jim Sinegal et Jeffrey Brotman, les fondateurs de Costco. C’est là qu’il a commencé – ou plus précisément chez Price Club qui a fusionné avec Costco en 1993 –, tout en poursuivant ses études au Glendale Community College. Gravissant les échelons un à un, ce natif de Staten Island issu d’une famille gréco-américaine, marié et père de trois enfants, a fini par occuper, au terme d’une carrière ascensionnelle, plusieurs postes à responsabilité au sein du groupe avant d’en devenir le PDG. L’année 2024 a été un succès pour Vachris, avec un chiffre d’affaires record, en progression de 5 %.
Costco. Simon Daval – Périples & Cie /
Mais si le développement du chiffre d’affaires et des résultats de Costco est son objectif, l’ambition première de Vachris est de rester fidèle à la culture et aux valeurs qui ont fait le succès de l’entreprise depuis ses débuts ; un succès qu’il entend partager entre les actionnaires, les employés (malgré des pressions politiques de l’Administration Trump, ce patron engagé défend avec fermeté les politiques de diversité, d’équité et d’inclusion) et bien entendu les clients de l’enseigne. À ces derniers, il a fait une promesse : Costco continuera de vendre ses hot dogs à 1,5 dollar et ses poulets rôtis à 4,99 dollars. « Ces prix ne changeront pas tant que je serai en place », s’est engagé Ron Vachris.