Cela serait le premier Club Med en Occitanie. Selon nos informations, l’opérateur touristique doit annoncer prochainement un projet d’implantation dans la station balnéaire du Barcarès (Pyrénées-Orientales), dans le cadre d’un projet de requalification de l’ancien village de vacances VVF « Les Portes du Roussillon ».

« Nous souhaitons renforcer notre présence en Méditerranée, indique le Club Med. Le site du Barcarès offre des atouts uniques : 15 hectares entre mer et lagune, au coeur d’une région riche en activités culturelles, naturelles et sportives. » Du fait de l’ensoleillement et de la douceur du climat, le site « pourrait être ouvert presque toute l’année », poursuit le Club Med qui pourrait y développer une dominante sur les sports de glisse nautique, comme le kitesurf ou le kitefoil.

Les échanges avec le propriétaire du foncier, la Banque des Territoires et les collectivités durent déjà depuis « plusieurs mois. Les discussions portent actuellement sur les modalités de cession du terrain, ainsi que sur le montage financier », précise le groupe. Dans son modèle, le Club Med est l’exploitant des clubs, mais n’investit pas dans le volet immobilier.

Etude d’impact

Le projet prévoit environ 500 logements, pour environ 1.000 lits, de typologie diverse – seniors, tourisme, résidentiels… L’implantation de l’unité touristique pourrait générer « environ 450 emplois directs et près de 500 emplois indirects ». Une bonne nouvelle, dans un département miné par un taux de chômage record d’environ 12 %.

Le montant de l’investissement est évalué, selon différentes sources, à environ 180 millions d’euros. Un chiffre non confirmé par le Club Med, qui indique que « le travail sur le budget du projet est en cours ».

Les travaux dureraient entre huit et neuf ans, en six tranches – pour tenir compte des saisons à enjeux pour la faune sur site -, avec une démolition de la majorité des constructions existantes au 4e trimestre 2026, indique la mission régionale d’autorité environnementale Occitanie (avril 2025).

Cette mission pointe aussi l’exposition du site aux effets du réchauffement climatique, très prégnant dans le département, et à des enjeux environnementaux : élévation du niveau de la mer, pénurie d’eau, proximité d’une zone naturelle d’intérêt écologique… Elle recommande par exemple « que l’étude d’impact démontre l’adéquation entre les besoins de la future population et la capacité actuelle et à venir de la ressource en eau ».

Le projet se veut « vertueux sur le plan environnemental, avec un objectif de certification Breeam et la reprise d’une friche existante », répond une source.

Retour en Catalogne

Pour le Club Med, cette implantation au Barcarès sonnerait comme un retour en Catalogne, dont le potentiel touristique est stratégique. De l’autre côté des Pyrénées, le Club Med de Cadaqués avait fermé ses portes en 2004, sous la poussée écologiste – il avait été déconstruit entre 2007 et 2010.

Au terme d’une réunion portant, le 5 décembre, sur la participation publique au montage financier, et ayant regroupé les collectivités locales, les décideurs du Club Med, la Banque des Territoires, la CCI des Pyrénées-Orientales et le groupe Cardinal, « le projet est bien plus avancé et faisable qu’il y a dix-huit mois », confie une source proche. Cela étant, « rien ne devrait être signé avant les élections municipales de mars, pour ne pas politiser ce projet majeur pour le territoire ».

Le maire du Barcarès, Alain Ferrand, est en effet atypique dans le paysage des élus locaux. Connu pour la réussite commerciale de son marché de Noël (72 millions d’euros de retombées économiques, plus d’un million de visiteurs venus de France et d’Espagne), il a été incarcéré six mois en 2024 à Aix-en-Provence, dans le cadre d’une mise en examen pour corruption, favoritisme et prise illégale d’intérêt en lien avec les conditions d’attribution des chalets de ce village de Noël.

L’Occitanie affiche 237 millions de nuitées en 2024, selon Flux Vision Tourisme. Le secteur représente 125.000 emplois et 7 % de l’emploi marchand régional.