
Accor s’empare du Lido pour en faire le temple du théâtre musical
Selon nos informations, le groupe hôtelier a signé l’achat du cabaret mythique des Champs-Elysées après des mois de négociations. Le montant de la transaction pourrait être symbolique dans un contexte économique très compliqué.
C’est fait. Le PDG du groupe hôtelier Accor, Sébastien Bazin, a signé le rachat du Lido à Sodexo Live après des négociations entamées depuis plusieurs mois . Le montant de la transaction pourrait être anecdotique car le mythique cabaret des Champs-Elysées est un lieu difficile à rentabiliser, endetté, avec des loyers très élevés. En outre, depuis la sortie du film « Moulin Rouge » en 2001, les touristes étrangers, en particulier américains, ne jurent plus que par la maison rivale du Lido, près du Sacré-Coeur.
Pas de quoi ébranler la détermination de Sébastien Bazin, qui veut changer de registre pour en faire un temple du théâtre musical, et à tout le moins un tout autre genre de cabaret. Pour cela, il va en confier les rênes à Jean-Luc Choplin, maître du genre, passé par Disney, le Châtelet, La Seine musicale et le Théâtre Marigny. Ce qui signifie ne pas avoir forcément besoin d’une troupe permanente qu’il va falloir recaser – un coût pris en compte dans la négociation. Une fois le show repensé, le Lido sera intégré au programme de fidélité Accor Live Limitless, qui propose des offres exclusives à ses membres, français et étrangers.
Concurrence
« A terme, il y a du potentiel, mais dans l’immédiat, ça va être très compliqué », estime un spécialiste du secteur. D’autant qu’avec la cinquième vague de Covid-19, c’est tout le spectacle vivant qui est de nouveau touché durablement , alors qu’il sortait à peine la tête de l’eau.
Sur le créneau du théâtre musical de qualité, Accor ne sera pas non plus tout seul. Près des grands boulevards, Stage Entertainment exploite le théâtre Mogador, qui programme des standards internationaux très haut de gamme – comme actuellement le « Roi Lion ». La filiale française de ce groupe détenu par l’américain Advance Publications (Condé Nast), qui gère de nombreux spectacles de ce type en Europe, vient de s’allier à Fimalac Entertainment et au metteur en scène Alexis Michalik pour coproduire « Les Producteurs », inspiré du film de Mel Brooks déjà encensé par la critique.
Sodexo Live met de son côté un terme à une aventure capitalistique entamée en 2006. La branche sport et loisirs du géant de la restauration collective prenait alors une participation de 55,5 % dans le célèbre cabaret parisien, aux côtés de la famille fondatrice Clérico, avant d’en devenir trois ans plus tard l’unique actionnaire, pour la somme – évoquée à l’époque – de 20 millions d’euros.
25 millions d’investissements
Le groupe fondé par Pierre Bellon n’avait alors pas lésiné pour dépoussiérer la revue des BlueBell Girls, investissant 25 millions d’euros dans la rénovation de la salle et dans le show lui-même en faisant appel à une pointure : le metteur en scène Franco Dragone, qui a travaillé au Cirque du Soleil comme à Las Vegas. Objectif affiché en 2015 : porter de 38 à 50 millions d’euros le chiffre d’affaires dans les trois ans et, à terme, passer de 500.000 spectateurs à 1 million.
Mais l’équation s’est avérée plus difficile que prévu. L’accueil mitigé fait au spectacle de Dragone, puis les attentats, grèves, « gilets jaunes » et la pandémie de coronavirus, auront eu raison de l’activité.
Un an avant le Covid-19, Sodexo, qui voulait arrêter les frais, avait déjà mis en vente le Lido, qui intéressait alors la Compagnie des Alpes, le groupe Barrière et Accor avec Paris Society (dont l’hôtelier est actionnaire). Cette dernière offre, très festive, avait la préférence de la famille Bellon. Mais après la crise sanitaire, Paris Society a préféré se désolidariser de l’aventure, laissant Accor seul à la manoeuvre.
Article de Martine Robert – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Accor s’empare du Lido pour en faire le temple du théâtre musical