Le groupe, qui va céder le contrôle de son immobilier, développe de nouvelles offres autour de l’hôtellerie.Tout en poursuivant son offensive dans le haut de gamme-luxe.
En marge d’une Journée investisseurs, le PDG d’ AccorHotels, Sébastien Bazin, a résumé mercredi devant quelques journalistes le devenir du groupe d’une formule facétieuse : le champion français de l’hôtellerie, numéro six mondial de son secteur (classement MKG), « ne sera plus que sur une seule jambe ». Le patron du champion français renvoie ainsi à un passé récent, avec l’annonce du projet de filialisation de son pôle immobilier HotelInvest, avec perte de contrôle.
Petit retour en arrière : l’ex-PDG du groupe, Gilles Pélisson, avait maintes fois défendu son modèle s’appuyant sur « deux jambes » avant sa scission de juillet 2010, et la mise en Bourse de son pôle Services alors devenu la société Edenred.Moins de sept ans plus tard, l’ancien Accor ira de facto encore plus loin dans sa transformation qui n’est pas sans rappeler le chemin suivi par certains de ses grands concurrents anglo-saxons, en particulier l’américain Marriott International ou le britannique InterContinental Hotels Group, lesquels se sont « allégés » de leur immobilier. S’adressant à des investisseurs long terme, la filialisation d’HotelInvest sera, à son tour, tout à la fois historique et structurante quand bien même l’opérateur, qui fêtera ses cinquante ans l’an prochain – l’ouverture du premier Novotel remonte à 1967 -, conservera l’exploitation du parc cédé.Ainsi, l’opération, qui doit intervenir au cours du premier semestre 2017 – peut-être en mai prochain -, porte sur 50 % à 80 % du capital du pôle immobilier, soit une valeur brute des actifs d’un montant de 7,3 milliards d’euros sur la base des comptes d’AccorHotels au 30 juin 2016. De ses quelque 1.100 établissements en propriété ou en location, la société n’en conservera que 10 % à travers sa filiale polonaise Orbis et des contrats de location.« C’est la conséquence du travail accompli », a, de nouveau, souligné mercredi Sébastien Bazin en faisant référence à la mise au carré de l’immobilier d’AccorHotels. Sa valeur s’élevait, il est vrai, à 4,5 milliards à la fin 2013, à la veille de la création d’HotelInvest dans le cadre de la réorganisation du groupe. Celle-ci avait par ailleurs conduit à l’instauration du pôle HotelServices pour tous les métiers liés à l’exploitation hôtelière.Un peu plus de trois ans après avoir pris les commandes du groupe – fin août 2013 – Sébastien Bazin l’engage donc dans une nouvelle ère. Lors de la Journée investisseurs, il a en effet non seulement mis en exergue la révolution digitale, l’offensive dans l’hébergement alternatif à l’hôtellerie – plates-formes Oasis Collections, Squarebreak, et Onefinestay -, ou encore, dernière initiative, le lancement du concept d’auberges de jeunesse Jo & Joe mais encore le développement de nouveaux services aux voyageurs.
Un nouveau marché s’esquisse dans les services
Ainsi, le coup de fouet annoncé à son activité dans la restauration se fait sentir avec le lancement de la plate-forme « Restaurants by AccorHotels », laquelle réunit 3.600 établissements, dont plus de 500 peuvent faire l’objet d’une réservation en ligne. Il en est de même dans l’organisation de réunions ou événements professionnels. D’une manière générale, c’est un nouveau marché qui s’esquisse dans les services : « Il y a 50 services différents que l’on pourrait proposer », s’exclame à ce propos Sébastien Bazin. Et de citer, entre autres, la remise de clefs d’appartements mais aussi de colis, et de rappeler l’ouverture en permanence des hôtels.La diversification du groupe va d’ailleurs de pair avec une accélération du développement de son parc. A « moyen terme », il compte ouvrir 250 à 280 hôtels par an, soit 40.000 à 45.000 chambres, à comparer à 228, soit 36.000 chambres, en 2015. Et tout en réduisant davantage encore le poids historique du marché européen, AccorHotels va se renforcer davantage encore dans le haut de gamme et le luxe. Fort de la récente acquisition des chaînes Fairmont, Raffles et Swissôtel, le groupe prévoit en effet 250 ouvertures dans ces segments, soit quasiment deux fois plus qu’au cours de la période 2011-2015 (132).AccorHotels, qui se concentre sur un développement à faible intensité capitalistique, a de surcroît des marges de manoeuvre substantielles pour faire des acquisitions. Alors que la consolidation bat son plein, il va même récupérer 3,7 à 5,8 milliards d’euros avec la filialisation d’HotelInvest. Si son PDG renvoie la décision au conseil d’administration, on peut toutefois s’attendre à un « retour » aux actionnaires.
Source : AccorHotels se positionne en groupe de services aux voyageurs, Tourisme – Transport