
Alcool : la publicité déguisée se développe sur les réseaux sociaux
De nombreuses marques d’alcool n’hésitent pas à engager des influenceurs pour réaliser des publicités déguisées à destination des plus jeunes sur les réseaux sociaux.
Dans son plan national de mobilisation contre les addictions révélé ce mardi, le gouvernement affiche sa volonté de « veiller au respect de la réglementation destinée à réduire l’exposition des jeunes à la publicité pour l’alcool ». Un souhait qui semble être un vœu pieux alors que la publicité déguisée pour l’alcool se développe sur les réseaux sociaux. Plusieurs producteurs d’alcool, dont notamment la marque de bière Cubanisto mais aussi les marques Havana Club ou Malibu du groupe français Pernod Ricard, n’hésitent pas en effet à engager des influenceurs, des personnes qui possèdent plusieurs centaines de milliers voir des millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, pour réaliser des publicités déguisées.
Des milliers d’euros pour un boire un verre faussement naturellement
Le principe est simple. En échange d’une somme d’argent qui dépend de la notoriété de l’influenceur et qui peut aller jusqu’à plusieurs milliers d’euros, la star du web accepte de diffuser des photos de lui consommant un alcool de la marque qui l’engage. La plupart du temps, rien n’indique sur la publication qu’il s’agit d’un contenu sponsorisé. Puisque le message de promotion n’est pas en apparence une publicité, il semble plus vrai, plus sincère, ce qui permet à l’entreprise de donner une meilleure image de l’alcool. D’autant plus qu’aucun des messages de santé publique qui accompagnent normalement les publicités légales n’est présent.
Dans le cadre de ces publicités déguisées, les vendeurs d’alcool vont jusqu’à engager des influenceurs mineurs et ciblent notamment Instagram, le réseau social préféré des adolescents. Pourtant, la loi Evin de 1991 interdit la publicité pour l’alcool dans les médias ciblant directement la jeunesse. La loi impose également que les réclames pour l’alcool ne s’appuient que sur des données objectives. Les photos des influenceurs en train de faire la fête autour d’un verre de Malibu sont loin de respecter cette règle.
Quand les publicitaires se défendent de contourner la loi
Autant d’éléments qui font dire à la Direction générale de la santé et l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA), interrogées par Le Figaro, que ces publicités sont en contravention avec la loi Evin. Responsable d’un contrat entre Cubanisto et une influenceuse de 17 ans, l’agence publicitaire Follow se défend d’avoir enfreint la loi. « Il est légal de faire de la publicité pour les boissons alcoolisées sur les réseaux sociaux » selon elle. Il ne s’agit pas de la première fois que des entreprises tentent de contourner la législation sur la publicité via les réseaux sociaux : en août dernier, le New York Times avait révélé que des fabriquant de tabac payaient des influenceurs pour se prendre en photo cigarette à la bouche sur Facebook et autres.
Si on peut douter que le gouvernement, bien que critiqué par de nombreux médecins pour sa politique trop laxiste vis-à-vis de l’alcool, prenne des mesures contre ces publicités déguisées, d’autres pays se montrent plus sévères en la matière. La Chine vient en effet d’interdire des publicités de la marque Shadow qui insinuaient que l’alcool permettait aux femmes de se désinhiber.