Alimentation : la lame de fond du « flexitarisme »
Les flexitariens sont végétariens à 80 % et omnivores le reste du temps. Cette nouvelle catégorie de consommateurs venue des Etats-Unis se développe en France.
Les Français sont-ils en passe de devenir végétariens ? Quoi qu’on puisse en penser, les chiffres montrent l’érosion de la consommation de viande en France. Elle n’est pas gigantesque (-1 % par an), mais elle est constante. La proportion de personnes déclarant manger des protéines animales moins de deux fois par semaine augmente. De 13 % en 2013, elle est passée à 15 %. La viande rouge est plus touchée que la volaille ou le porc, mais toutes les viandes connaissent cette tendance. Et plus récemment, la charcuterie est entrée dans la catégorie des produits frappée de « déconsommation ». « La consommation à domicile de charcuterie a reculé en avril pour le vingt-sixième mois d’affilée, alors qu’elle était en constante augmentation depuis quinze ans », déplorait en mai dernier Robert Volut, le président de la Fédération française des industriels charcutiers, traiteurs et transformateurs de viandes (FICT).
Les grands groupes embrayent
Ces constats chiffrés traduisent l’émergence d’un phénomène de société : les actions anti-viande se multiplient, les mises en cause de l’élevage sont légion, et la sensibilité du public à l’égard du bien-être des animaux de ferme s’est considérablement accrue. De nouveaux mouvements de consommation s’installent, comme le « flexitarisme », que Le Robert a introduit cette année dans son dictionnaire.
Le terme désigne une pratique alimentaire désignant des personnes végétariennes à 80 % et omnivores le reste du temps. « Elle se caractérise par une capacité à limiter sa consommation de protéines animales, notamment de viande, sans pour autant les supprimer complètement de son régime alimentaire », explique Julia Burtin, chez KantarWorldpanel. Née aux Etats-Unis, cette attitude a largement essaimé, notamment en France si on en juge par les nombreuses réponses de l’industrie alimentaire.
L’acquisition par Danone, pour 12,5 milliards de dollars, du spécialiste des laits végétaux l’américain Whitewave, est plus que significative. La diversification du charcutier Fleury Michon , qui lance une gamme de produits végétariens « pour varier les apports en protéines », en vantant les mérites de ses steaks de sojas « garantis sans viande », l’est tout autant.
Végétarisme en devenir
« Tous les Français achètent encore de la viande fraîche au moins une fois dans l’année », selon Kantar Worldpanel, qui rappelle que « le végétarisme est encore une tendance confidentielle ». La consommation de viande représente encore 31 kg par foyer et par an, pour une somme moyenne de 343 euros. Mais les convictions des générations d’après-guerre, qui voyaient dans la viande le signe d’un certain pouvoir d’achat et l’élément incontournable d’un bon régime alimentaire, s’estompent. Désormais, un tiers des ménages déclarent limiter leur consommation de protéines animales, contre un quart il y a deux ans. Autre signe inquiétant pour l’industrie de la viande : les moins de 35 ans sont de plus en plus nombreux dans cette catégorie.
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