
Alimentation : la santé et l’avenir de la planète au menu du consommateur
Les trois quarts des consommateurs ont changé leur comportement alimentaire ces deux dernières années, selon une étude présentée par le Salon international de l’alimentation SIAL, reporté de deux ans pour cause de pandémie. Ils veulent manger plus sain, plus simple, plus engagé au sens écologique du terme, quitte à boycotter marques et produits qui ne feraient pas l’effort de s’adapter.
Est-on en train d’assister à l’émergence de l’alimentation militante ? A en juger par les résultats de l’enquête menée par le Salon international de l’alimentation (SIAL), on peut le penser. « Manger c’est choisir le monde dans lequel on veut vivre pour 63 % » des personnes interrogées selon le SIAL, dont l’édition 2020 a été reportée de deux ans en raison de la crise sanitaire. Bref, l’assiette est devenue « citoyenne ». Son contenu doit être sain, simple, local et ne pas avoir nui à l’environnement. Cela ne vaut toutefois pas pour les Anglo-saxons, assez indifférents à ces notions.
« En deux ans, les trois quarts des consommateurs déclarent avoir changé de comportement », affirme Pascale Grelot-Girard sur la base des données de Kantar, Gira et Proteïnes XTC. Quitte à boycotter des marques, voire des catégories de produits, pour un tiers d’entre eux. La santé revient aux avant-postes, après avoir cédé la place au plaisir pendant des années. Environ 40 % des consommateurs choisissent « le bénéfice santé ». Un tiers le moins gras, le moins salé et un tiers le plus équilibré. Plus de la moitié des personnes interrogées disent privilégier des produits de saison et dénués d’ingrédients controversés pour 44 % d’entre elles. Un tiers (hors les Anglo-saxons) dit avoir cessé d’acheter les marques utilisant des ingrédients qui ne leur plaisent pas.
Protéger la planète
« L’environnement est un élément de choix essentiel », dit Pascale Grelot-Girard. Un quart des consommateurs ont « radicalement changé pour en tenir compte. On veut du mieux, du mieux produit, du mieux pour soi ». Mais bien évidemment pas partout dans le monde. La planète partage le coronavirus, mais pas encore une même conception de l’alimentation. Russes et Américains se moquent peu ou prou de la dimension éthique et durable. L’empreinte carbone et les emballages plastiques les perturbent également peu.
L’offre en magasin reflète cette nouvelle dimension « santé ». Les linéaires font une part de plus en plus large aux produits réputés bons de ce point de vue. C’est moins le cas dans la restauration, qui met davantage en avant la traçabilité, le local et le saisonnier sur des cartes plus courtes. Sans compter qu’« au restaurant on se lâche, on mange plus salé, plus gras, et plus sucré », affirme le directeur général de Gira, Bernard Boutboul. Les restaurants anglo-saxons affichent les calories. Les Européens ne veulent pas en entendre parler. Fait notable : « le fast food malbouffe est rejeté par la planète tout entière ».
L’Asie veut des produits « plaisir »
Du côté de l’industrie agroalimentaire, les innovations cherchent à allier le plaisir à la dimension santé, précise le directeur général de Protéïnes XTC, Xavier Terlet. « Elles privilégient l’essentiel », entendre la simplicité, l’approvisionnement le plus proche et simplement bon. « La praticité n’est plus une valeur ajoutée. Elle va de soi », ajoute-t-il. Ce sont les Asiatiques les plus demandeurs d’alimentation plaisir. Les Américains le moins.
L’innovation dans l’industrie tient compte du rejet du plastique et des emballages inutiles. « Cela va continuer, quitte à aller jusqu’au vrac surtout en Europe », ajoute Xavier Terlet. Le végétal, « rangé dans la catégorie santé depuis dix ans, devient gourmand ». Les nouveaux goûts sont forts. « Les produits à la truffe et au gingembre se sont multipliés. La bière IPA est devenue courante », poursuit l’expert.
Une grande majorité des consommateurs a « constaté les efforts déployés par les entreprises, mais la moitié veut encore plus », dit Pascale Grelot-Girard. Beaucoup demandent « des actions et des preuves ! ». En même temps, les prix bas sont « une vraie tendance », rappelle Xavier Terlet. « La crise économique va suivre la crise sanitaire. La guerre des prix, hors produit à bénéfice réel, est loin d’être terminée », assure-t-il.
Article de Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Alimentation : la santé et l’avenir de la planète au menu du consommateur | Les Echos