
Alimentation : l’industrie contrainte de changer ses habitudes
Le Covid a modifié le comportement alimentaire des trois quarts des consommateurs dans le monde. L’inflation va elle aussi induire de nouvelles attitudes. L’industrie agro-alimentaire a déjà modifié son offre.
Entre le confinement lié au Covid, l’onde de choc mondiale de la guerre en Ukraine, une énorme vague d’inflation et la demande de local et de bio, les temps sont mouvementés pour les spécialistes de l’alimentation.
« L’industrie agro-alimentaire doit réinventer ses modèles. Produire pour 10 milliards de personnes de la qualité, du durable, du socialement responsable et de l’accessible », affirme Nicolas Trentesaux, le directeur général du SIAL (Salon international de l’Alimentation), qui aura lieu à Villepinte du 15 au 19 octobre après une interruption de quatre ans.
Les attentes
« Le plaisir reste toujours central dans les attentes des consommateurs », a indiqué Karin Perrot, spécialiste de l’innovation de la société d’études Kantar. Sept personnes sur dix dans le monde recherchent le plaisir, tandis que 63 % considèrent que « manger est un acte citoyen » et que « 14 % ne veulent pas payer plus ». Au chapitre du « plaisir au juste prix », les pizzas, les burgers, les plats exotiques et les produits pour l’apéro tiennent la corde des livraisons.
Le côté « sain » revient en force partout. Deux tiers des consommateurs veulent une alimentation plus saine, plus simple. « Depuis trois ans, on constate qu’en Asie, la préoccupation est surtout celle d’une alimentation qui renforce les défenses immunitaires », dit Karin Perrot. Une évolution à laquelle les pandémies ne sont pas étrangères.
Mais l’Asie n’est pas seule concernée. « En deux ans, l’offre mondiale de produits promettant de meilleures défenses immunitaires a été multipliée par huit », précise Xavier Terlet, directeur du cabinet XTC. Les ferments, les grains en tout genre font florès. « On est à la limite de la promesse médicale sans qu’il s’agisse d’un retour aux alicaments », juge-t-il.
Dans le droit fil de cette quête de santé, la tendance est au moins sucré, moins salé, moins gras. Ce qui n’exclut pas les dérapages. Pendant la pandémie, 40 % des consommateurs ont craqué et mangé trop sucré et trop gras », selon Karin Perrot. Là encore plus en Asie qu’ailleurs.
Vivre en harmonie avec la planète
Troisième grande préoccupation, l’impact de l’alimentation sur la planète et « la volonté de vivre en harmonie avec la nature » , selon Nicolas Trentesaux. Résultat, 40 % des consommateurs végétalisent leur alimentation . 35 % ont réduit leur consommation de viande.
« 8 % des innovations au niveau mondial ont un caractère éthique. Beaucoup d’efforts sont fournis pour diminuer le plastique et l’empreinte carbone. L’industrie développe les emballages recyclés, recyclables, compostables. Les grandes marques ont investi le vrac, mais toutes les questions d’hygiène ne sont pas réglées », précise Xavier Terlet.
Le marché du bio, lui, est « saturé. Les différences de prix (jusqu’à 60 %) effraient les clients. On commence à voir arriver le bio augmenté, accessible avec des plus en matière de bien-être animal ».
Last but not least, « le digital a bouleversé l’offre alimentaire », poursuit Xavier Terlet. « Le phénomène est mondial. 40 % font leurs courses en ligne contre 15 % en 2020. On a vu un développement considérable de la livraison et du drive ».
par Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source
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