
Aller au resto ou se faire livrer ? Les Français ont changé leurs habitudes avec le Covid
« Les modes de consommation de la restauration ont changé », analyse François Blouin, président du cabinet de conseil Food Service Vision, spécialiste du secteur économique de la restauration. Avant la crise sanitaire, « 58 % des repas étaient consommés à table, chez un restaurateur », rappelle-t-il. « En août 2022, ce ne sont plus que 45 %. Contre 55 % via la livraison à domicile. Au plus fort de l’épidémie, quand les restaurants étaient ouverts, on est monté jusqu’à 58 % des repas pris en livraison », explique le spécialiste.
Une tendance qui s’est cependant légèrement infléchie cet été. « Il y a eu un retour en force des consommateurs à table pendant la saison estivale », note Bernard Boutboul, président de la société d’expertise Gira Conseil. Selon ce dernier, les petits restaurants récoltent aujourd’hui les bénéfices des efforts consentis pendant la crise sanitaire. « Ils ont mis en place de nouvelles cartes, la vente à emporter, la livraison… Ce qui séduit les clients et les pousse à revenir. »
« Le 14 juillet dernier, nous avons dressé 350 couverts à table. C’est simple : en huit ans, je n’avais jamais fait autant de chiffres en une journée », confiait récemment à Ouest-France Mikaël Le Morvan, gérant d’une crêperie à Saint-Malo.
Pour autant, les changements pratiques liés à la livraison à domicile sont désormais bien installés. « Aujourd’hui, cela représente un véritable 3e mode de consommation, avec la restauration à table et la cuisine à la maison », estime François Blouin.
En revanche, la pratique du « click and collect », qui consiste à réserver en ligne un repas, avant d’aller le chercher sur place, reste, elle, « marginale ». « Elle se développe, mais de manière limitée. »
Au fond du panier, c’est le triptyque burger, pizza, sushi qui reste en tête des commandes. « C’est ce qui marche le plus. Viennent ensuite les pokes. Ils sont surtout commandés via les marques virtuelles. Des avatars des groupes de restauration accessibles uniquement en ligne », explique François Blouin.
C’est le principe des cuisines fantômes, conçues pour préparer rapidement des plats à livrer et existant uniquement sur le web. À l’origine, elles ont été créées aux États-Unis, dans des hangars installés en zones pavillonnaires, en manque de restaurants.
Des restaurants avec leur propre service de livraison
Pour ce qui est du service de livraison, les agrégateurs de type Deliveroo ou Uber Eats sont en position de force. En 2022, près de 70 % des commandes se font via ces plateformes, contre 50 % en 2019, selon les chiffres de Food Service Vision. « Sur les 170 000 points de vente de restauration en France, près de 60 000 sont accessibles par ce biais », détaille le cabinet de conseil.
Localement, certains acteurs ont choisi de livrer eux-mêmes. « Le plus souvent dans la restauration asiatique ou italienne. En proposant des produits atypiques pour séduire et fidéliser », souligne François Blouin.
« Quand je commande des sushis, je choisis uniquement les restaurateurs qui possèdent leur service de livraison. C’est une question éthique. Vis-à-vis des conditions de travail dans les entreprises de livraison de plats cuisinés », commente Agathe, habitante à Rennes et amatrice du plat traditionnel japonais.
par Louis DELATRONCHETTE – A retrouver en cliquant sur Source
Source : https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2022-09-26/aller-au-resto-ou-se-faire-livrer-les-francais-ont-change-leurs-habitudes-avec-le-covid