Après la bière, le vin et les spiritueux installent leurs versions sans alcool

Le Dry January met ces segments émergents sous les feux des projecteurs. Grands groupes et nouveaux entrants démultiplient l’offre. Et les projections de ventes tablent sur un bon rythme de croissance.

Ceder's est commercialisé par Pernod Ricard dans une quinzaine de pays.
Ceder’s est commercialisé par Pernod Ricard dans une quinzaine de pays. (Ceder’s)

Le Dry January, ce mois où certains se lancent le défi de ne pas consommer une goutte d’alcool, s’est installé comme un nouveau rendez-vous en France. Enseignes et sites d’e-commerce en profitent pour mettre en valeur les produits appartenant à des catégories qui traditionnellement en contiennent mais, qui, eux, affichent zéro degré d’alcool.

Après la bière, c’est au tour du vin, des spiritueux et même du cidre de développer des versions sans alcool. Même si, en France, le marché du « no-low alcohol » est moins mûr qu’au Royaume-Uni, les produits commencent à s’y faire une place aussi bien chez les cavistes que dans les bars et les grandes surfaces.

Des publics variés

« Les études montrent que beaucoup de gens veulent boire mieux et réduire leur consommation d’alcool, soit sur une période de l’année soit à des moments de la semaine. En outre, les personnes qui ne boivent pas, pour des raisons diverses, comme les femmes enceintes, sont à la recherche d’alternatives », souligne Simon de Beauregard, directeur de marque en charge, notamment, du « no-low » chez Pernod Ricard . Avec un axe clé supplémentaire : la chasse aux calories.

La bière a défriché le terrain. Dans les grandes et moyennes surfaces, les versions sans alcool ont vu leurs ventes en valeur s’accroître dans l’Hexagone de 23,6 % en valeur et de 16,8 % en volume sur un an à fin novembre 2021, selon Iri. Même si elles ne pèsent encore que 3,8 % du chiffre d’affaires des bières et panachés.

Les spiritueux sont désormais pleinement de la partie. Pernod Ricard, l’un des pionniers avec Pacific, créé en… 1982 à l’occasion des 50 ans du groupe, mise beaucoup sur Ceder’s, conçu par un couple d’entrepreneurs et passé complètement dans son giron l’an dernier.

Les « mocktails » en vogue

Cette boisson premium sans alcool, élaborée par distillation de plantes utilisées pour le gin, comme la baie de genévrier, mais aussi d’ingrédients sud-africains comme le rooibos, a investi une quinzaine de pays avec quatre références. Deux d’entre elles sont commercialisées dans l’Hexagone chez les cavistes, dans la restauration et en ligne.

« En France, il est important d’éduquer les consommateurs à la fois sur la catégorie et sur Ceder’s. Tout le monde sait quoi faire d’un gin mais pas forcément d’une boisson distillée sans alcool », relève Simon de Beauregard. Le groupe propose aussi des « mocktails », ces cocktails zéro degré, prêts à l’emploi avec des petites bouteilles de Suze Tonic Zéro et, à partir d’avril, des canettes de Cinzano Spritz Zéro.

Les autres poids lourds du secteur ne sont pas en reste. Diageo a le spiritueux Seedlip, au positionnement lui aussi haut de gamme. William Grants & Sons dispose d’Atopia. Tandis que Bacardi Martini lance ce mois-ci Palette.

Bar sans alcool

Quant au spécialiste du créneau, l’Australien Lyre’s, qui a bouclé en novembre une levée de fonds de 20 millions de livres sterling, il commercialise 14 références permettant de réaliser presque tous les cocktails les plus connus. Du 17 au 22 janvier, l’entreprise s’associe avec le concept store parisien Drinks & Co pour proposer un grand bar sans alcool. La société vient également de sortir Classico, sa première boisson pétillante.

Le vin sans alcool monte aussi en gamme. A l’image de French Bloom, pétillant, bio et vendu autour de 29 euros. « Nous voulons devenir leader de la catégorie premium avec une marque aspirationnelle, qui a sa communauté. Le marché a un énorme potentiel pour des moments de célébration sans alcool », affirme Rodolphe Frerejean-Taittinger, cofondateur de la marque avec sa femme et la mannequin Constance Jablonski.

Un vivier de start-up

Après l’Hexagone, French Bloom vient d’arriver en Grande-Bretagne. L’Australie, le Benelux, le Moyen-Orient ou les Etats-Unis sont déjà au menu. 30.000 bouteilles ont été vendues en trois mois. L’entreprise compte en écouler au moins 150.000 cette année et 1 million en 2023.

Petit dernier de la famille, le cidre se met aussi de la partie. Maison Sassy sort en ce début d’année sa version 0.0. « En voyant ce qui se passait sur le marché de la bière, nous nous sommes dit qu’il existait aussi un besoin d’offre sans alcool pour le cidre. C’est une façon de démultiplier les occasions de consommation, notamment le midi », juge Pierre Emmanuel Racine-Jourdren, l’un des cofondateurs. Et de trouver de nouveaux débouchés.

IWSR Drinks Market Analysis estime que le marché du « no-low » devrait connaître une croissance annuelle en volume de 8 % d’ici à 2025 dans 10 pays phares. En France, où la catégorie a progressé de 13 % l’an dernier, ses projections tablent même sur une hausse moyenne annuelle de 10 % entre 2021 et 2025.

Article Clotilde Briard – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Après la bière, le vin et les spiritueux installent leurs versions sans alcool