
Avec le « passe sanitaire », les restaurants espèrent rouvrir au déjeuner dès la fin du mois de mars
Même si le premier ministre a prévenu, jeudi 4 mars, qu’« il n’est pas encore temps d’alléger les mesures », un desserrement des contraintes peut être envisagé à l’horizon du 15 avril, notamment pour le secteur de la restauration.
Troquer le cahier de présence pour le QR code et le crayon à papier pour le smartphone, les restaurateurs y sont prêts. Les propositions de la profession au gouvernement, consultées par Le Monde, prévoient de placer l’application TousAntiCovid « au cœur d’un dispositif efficace de traçage » des clients. Les organisations patronales sont, a contrario, farouchement opposées au principe d’un « passeport vaccinal » comme condition d’accès aux bars ou aux restaurants, mais proposent d’organiser, avec leurs assureurs, « une grande campagne de vaccination des salariés du secteur ».
Le calendrier et les conditions de la réouverture des établissements devaient être débattus lors d’une réunion prévue, vendredi 5 mars, à Matignon. Ils se veulent en cohérence avec les déclarations gouvernementales des derniers jours, qui fixent à entre quatre et six semaines l’horizon d’un assouplissement des mesures de restriction. Même si, lors de son allocution, jeudi 4 mars, le premier ministre, Jean Castex, a tenu à préciser qu’« il n’est pas encore temps d’alléger les mesures, nulle part », il a redit qu’à l’horizon du 15 avril, un desserrement des contraintes pouvait être envisagé.
« Nous demandons d’abord un délai de prévenance, explique Didier Chenet, président du syndicat Groupement national des indépendants (GNI). Pour remettre nos hommes en piste, cela demande deux à trois semaines de formation. C’est un véritable retour à l’emploi. Comme pour des sportifs de haut niveau qui ont arrêté de pratiquer et ne peuvent d’emblée courir le marathon. »
« D’abord ouvrir pour le service de midi »
Les bars et restaurants ont, en effet, tiré le rideau le 29 octobre 2020. Un mois plus tard, Emmanuel Macron leur avait fixé rendez-vous au 20 janvier pour un possible feu vert. Las. La fermeture avait été prolongée sans réelles perspectives. Si l’horizon devait s’éclaircir à partir d’avril, une grande majorité des salariés de ces établissements reviendraient alors de cinq mois de chômage partiel. Certains ont même raccroché leur tablier il y a quasiment un an, lors de l’annonce du premier confinement
Dans Le Journal du dimanche du 28 février, 42 parlementaires de tout bord se sont fait le relais de la profession en réclamant la réouverture des restaurants le midi, à compter du 30 mars. Soit le même calendrier que celui proposé par les organisations patronales dans leur note au gouvernement, qui prévoit un plan de redémarrage en trois étapes.
La première interviendrait « fin mars ». « Nous pensons que les restaurants pourraient d’abord ouvrir pour le service de midi et souhaitons que les restaurants d’hôtel soient autorisés à servir les repas à leurs clients », précise Hubert Jan, président de la branche restauration du syndicat Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). Vendredi 5 mars, Olivier Véran a estimé sur BFM que cela n’était « pas adapté au moment où on reconfine des départements les week-ends ».
Le second palier serait franchi au début des vacances de printemps, soit à partir du 10 avril, avec une réouverture des restaurants midi et soir. Quant aux bars et discothèques, ils devraient attendre, selon ce plan soumis par la profession, le mois de juin pour accueillir leurs habitués. Ce calendrier serait éventuellement modulé en fonction de la situation sanitaire de chaque département. « La Bretagne et le littoral atlantique pourraient être les premiers de cordée », suggère M. Chenet – plutôt dubitatif, pour sa part, quant à une ouverture limitée au service de midi.
Continuer à bénéficier d’un soutien financier
Les syndicats GNI et UMIH souhaitent que le protocole sanitaire, mis en place à l’automne 2020, soit reconduit à l’identique : des tablées limitées à six convives, une distance entre elles fixée à 1 mètre maximum et la jauge maximale affichée sur la devanture.
Pour accompagner cette réouverture par étapes, la filière souhaite continuer à bénéficier d’un soutien financier de l’Etat. Elle demande, en particulier, la poursuite de la prise en charge totale de l’activité partielle au-delà du 31 mars, a priori jusqu’au 30 juin. en tout cas, tant que les établissements seront en partie ou totalement fermés.
Mercredi 3 mars, les représentants du secteur se sont entretenus avec Elisabeh Borne, ministre du travail, à ce sujet. Ils ont souligné que si les licenciements dans l’hôtellerie et la restauration sont à ce jour contenus, c’est en grande partie grâce à l’activité partielle sans reste à charge. Ils ont averti qu’une diminution de la prise en charge par l’Etat provoquerait inéluctablement une vague de licenciements. La ministre a tenu à rassurer les professionnels sur ces questions. Tous attendent maintenant avec fébrilité une confirmation d’un calendrier de réouverture.