Bières : l’Europe condamne AB Inbev à 200 millions d’euros d’amende
La Commission européenne estime que le plus grand brasseur du monde a abusé de sa position dominante. AB InBev limitait la possibilité pour les commerçants belges de se fournir aux Pays-Bas, où sa bière Jupiler est moins chère.
La part de marché de la bière Jupiler en Belgique atteint 40 % en volume des ventes
Yves Logghe/AP/SIPA
Le plus gros brasseur du monde abuse-t-il de sa situation ? Pour la Commission européenne, oui. Bruxelles a condamné ce lundi AB InBev à 200 millions d’euros d’amende, coupable à ses yeux d’avoir abusé de sa position dominante en Belgique en limitant la possibilité pour les commerçants belges de se fournir aux Pays-Bas, où sa bière est moins chère.
Le numéro un des brasseurs avait annoncé en février avoir provisionné 230 millions de dollars (205 millions d’euros) dans ses comptes 2018, en prévision de cette amende. En Bourse, le titre AB Inbev perdait 1,15 % à 73,26 euros, à la clôture de la Bourse, ce lundi.
Capture d’écran Google Finance
Des emballages modifiés
« Les tentatives d’entreprises dominantes de cloisonner le marché unique afin de maintenir des prix élevés sont illégales », a rappelé Margrethe Vestager, commissaire européenne chargée de la politique de concurrence, dans un communiqué. Pour ce faire, AB InBev a utilisé pas moins de quatre stratagèmes différents selon la Commission.
Le brasseur est allé jusqu’à « modifier l’emballage de certains de ses produits Jupiler fournis aux détaillants et aux grossistes aux Pays-Bas », détaille l’Europe. Il a notamment supprimé la version française des informations obligatoires de l’étiquette.
Chantage aux promotions-clients
AB InBev a également mis la pression sur un de ses détaillants aux Pays-Bas, en refusant de lui vendre certains de ses produits jusqu’à ce qu’il « accepte de limiter ses importations de Jupiler moins chère des Pays-Bas vers la Belgique ». Le brasseur a par ailleurs de lui-même diminué les volumes de bière fournis à un grossiste pour limiter les importations vers Bruxelles.
Enfin AB InBev a fait du chantage aux promotions-clients auprès d’un détaillant. Il conditionnait ces dernières à l’interdiction de pratiquer les mêmes en Belgique.
Une amende minorée
La Commission, qui avait ouvert son enquête en juin 2016, a conclu qu’AB InBev avait abusé de sa position dominante du 9 février 2009 au 31 octobre 2016. Elle a réduit l’amende de 15 % car AB InBev a reconnu les faits et accepté une mesure corrective.
Commission européenne
Celle-ci « permettra en particulier de garantir que l’emballage de tous les produits existants et nouveaux en Belgique, en France et aux Pays-Bas, comprendra les informations alimentaires obligatoires en néerlandais et en français pendant les cinq prochaines années ». Les entreprises ou les personnes qui se sont senties lésées par cette affaire peuvent toutefois encore réclamer des dommages et intérêts.