Bio: la guerre entre les magasins spécialisés et la grande distribution est ouverte

L’alimentation bio est de plus en plus présente dans les assiettes des Français. Ce marché fait l’objet d’une intense bataille commerciale entre les magasins historiques spécialisés, les nouveaux arrivants et les grandes surfaces.

Lors des « Assises de la bio » organisé jeudi à Paris, deux des plus grands acteurs du secteur sont invités à s’expliquer: Michel-Edouard Leclerc, patron du groupe éponyme, et Benoit Soury, directeur du marché Bio chez Carrefour et représentant de la Fédération du commerce et de la distribution. Leur venue s’accompagne de la parution d’un sondage réalisé pour l’Agence bio selon lequel pour une majorité de Français (61%), le prix des produits bio ne prend pas principalement en compte le travail des agriculteurs, mais davantage l’effet cumulé des frais marketing ou des marges des distributeurs et des industriels.

Des produits trop souvent importés

Avant ce rendez-vous, le syndicat regroupant les enseignes spécialisées, le Synadis bio, a lancé mercredi une campagne de communication satirique dénonçant les risques de « dérive » du secteur, exposé à un manque de cohérence » par le développement des ventes en grande distribution. « Certes on fait du bio, mais notre spécialité ça reste de faire de l’argent », clame, dans un clip lancé sur les réseaux sociaux, un personnage incarnant un responsable de grand magasin en train de traverser un verger de pommiers. Certains craignent que le fort développement de la bio en grande surface n’entraîne surtout une hausse des importations produites selon des normes parfois moins strictes qu’en France.

Dans les produits frais, en 2018, 57% des fruits bio vendus étaient importés et 23% des légumes, mais seulement 2% du rayon crémerie et 5% des viandes. En épicerie, les importations représentaient 62% des ventes, selon les statistiques de l’Agence bio.

Dans un manifeste rendu public mercredi, les magasins spécialisés s’engagent eux à promouvoir les producteurs et réseaux locaux, et à les aider en fournissant des contrats d’une durée minimale de trois ans. Ils promettent aussi « aucun fruit et légume issu de serres chauffées » et des « relations éthiques » avec leurs partenaires.

D’une manière générale, ils se prévalent de leur antériorité, rappelant que les premiers magasins bio sont apparus « il y a 70 ans », dans les années 1950, autour d’un modèle de société global associant « le refus du productivisme agricole et de l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques » pour défendre aussi bien la santé que l’environnement.

Mais sur le terrain des valeurs, ils sont concurrencés aussi, cette fois par de nouveaux entrants. Ainsi, le jeune commerçant en ligne La Fourche note de A à E l’impact carbone de chacun de ses produits. Dans la veine des applications mobiles Yuka ou « c’est quoi ce produit? », l’objectif est à la fois de démocratiser la bio (La Fourche promet des prix inférieurs de 20% à 25% à ceux de la distribution spécialisée) et de montrer l’impact climatique de la nourriture.

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