Biocoop, qui cultive son double positionnement « commerçant et militant » affiche une croissance soutenue à 7,5 % au premier semestre 2025.Biocoop vise 900 magasins pour renforcer son leadership dans le bio

Le numéro 1 des enseignes spécialisées veut creuser l’écart avec ses concurrents en présentant un cap ambitieux pour 2029. Au menu notamment : une offensive réaffirmée sur les prix et des engagements renforcés sur la décarbonation et le commerce équitable.

Biocoop, qui cultive son double positionnement « commerçant et militant » affiche une croissance soutenue à 7,5 % au premier semestre 2025. (Photo Durand Thibaut/Abaca)

Le leader du bio compte bien rester en haut de l’affiche, durablement. Avec 740 magasins en France, Biocoop dispose aujourd’hui de plus de deux fois plus de points de vente que La Vie Claire et trois fois plus que Naturalia. Portée par la reprise du bio, la coopérative vise 900 magasins à horizon 2029.

La page de la crise inflationniste, qui avait affecté lourdement le secteur en 2022-2023 et obligé le numéro 1 des enseignes spécialisées à fermer lui aussi des magasins, est bel et bien tournée. La coopérative a d’ailleurs renforcé son leadership depuis 2019 en captant, à elle seule, 30 % de la croissance d’un marché qui a finalement plus que doublé sur la période, et ce malgré la crise, pour atteindre 12,2 milliards d’euros (sources Circana, Agence bio).

« Combat » de l’accessibilité

« Aujourd’hui, nous avons l’offre la plus large en bio avec 10.000 références », avance Franck Poncet, directeur général de Biocoop depuis juin 2024. L’enseigne se dirige vers une nouvelle année record : après +8,5 % de croissance l’an dernier (1,8 milliard d’euros de ventes TTC), le premier semestre affiche une progression des ventes en valeur de +7,5 % sur le premier semestre. L’été confirme cette dynamique, et la rentrée se passe bien malgré le contexte politique et social tendu, assure le patron.

Il a fait valider en juin par les sociétaires le nouveau plan stratégique à horizon 2029, qu’il dévoile ce jeudi. Le mot d’ordre de ce plan ? « Rendre accessible et désirable une bio exigeante. » Rien de révolutionnaire pour un spécialiste qui se revendique à la fois « commerçant et militant ». Mais ce n’est pas un hasard si le mot « accessible » arrive en premier dans cette nouvelle profession de foi, qui implique des investissements de « plusieurs dizaines de millions d’euros ».

L’accessibilité, c’est le combat du moment. L’enseigne a rogné sur ses marges pour appliquer depuis 18 mois trois vagues de baisses de prix, dont la dernière en date, amorcée en avril 2025, s’est traduite par -7 % en moyenne sur les étiquettes de 500 produits du quotidien.

Outre ces baisses qui vont se poursuivre, le distributeur prévoit d’étendre ses « prix engagés » à 500 produits (alimentation, hygiène, entretien…) d’ici quatre ans, contre 200 aujourd’hui. Cette offensive sur les prix a largement contribué à la hausse de la fréquentation en magasin ces derniers mois, unique moteur de la croissance, précise Biocoop. « Nos clients habituels sont plus fidèles et nous avons recruté des déçus de la grande distribution, qui a réduit son offre en bio et fait parfois de la mauvaise péréquation de marge au détriment du bio », estime Franck Poncet.

Pousser les feux dans la restauration collective

A cette accessibilité prix doit s’ajouter une accessibilité physique : « Nos points de vente – de 100 m² jusqu’à 1.000 m² – sont adaptables partout, en zone urbaine, périurbaine, ou encore en milieu rural », relève le DG passé par Monoprix et Naturalia. Son objectif est de pouvoir toucher 100 % des Français d’ici quatre ans (contre 70 % aujourd’hui).

Cela, en ajoutant 20 % de magasins à son parc actuel, en développant les nouveaux concepts (restauration, magasins itinérants…) et les services pour la restauration collective. Aujourd’hui, les cantines scolaires ou d’entreprise contribuent à hauteur de 1 à 2 % au chiffre d’affaires de la coopérative, grâce notamment à des partenariats avec des acteurs du secteur comme Elior. « Nous voulons doubler cette part », précise Franck Poncet.

En parallèle, le patron veut amplifier les engagements pris par ses magasins depuis quarante ans, convaincu que « les combats que mène la coopérative aujourd’hui seront demain la référence ». Dernière illustration, l’annonce cette semaine d’un quadruple affichage sur 200 produits de la marque Biocoop d’ici fin 2025 : AB, Origin’Info, Planet-Score et Nutri-Score, une initiative inédite dans la grande distribution.

Renforcer le vrac

Autres objectifs : réaliser 30 % de son chiffre d’affaires avec des produits du commerce équitable, sur lequel il est déjà leader des ventes en France, contre 17 % aujourd’hui, et passer de 30 % à 40 % la part des ventes de produits zéro déchet (vrac, réemploi, consignes). Le distributeur ambitionne enfin de réduire de 25 % son empreinte carbone en quatre ans : cela veut dire notamment plus de sourcing de produits français (déjà 87 % de son offre).

Face à ces grandes ambitions, deux obstacles pourraient venir enrayer cette belle dynamique. Tout d’abord, la grande distribution, qui truste encore 50 % du marché du bio, va vouloir à un moment ou un autre repartir à l’offensive dans le bio. L’autre sujet est l’approvisionnement alors que les surfaces agricoles en bio reculent depuis deux ans. Une récente étude prospective mettait en garde contre le risque de disparation de l’agriculture biologique en France d’ici à 2040.

L’opération qui place So.bio (groupe Carrefour) en 4e acteur du marché

Ce jeudi, l’enseigne So.bio (85 magasins) annonce qu’elle s’apprête à acquérir Le Grand Panier Bio, qui compte 15 magasins en France (principalement en Bretagne et Auvergne).Cette acquisition permettra à l’enseigne d’augmenter son parc de magasins de 20 % et de doubler la part des magasins franchisés (pour atteindre 40 % du parc).

Cette opération fait passer le groupe So.bio/Bio C’Bon, qui appartient à Carrefour, de la 5e à la 4e place des enseignes spécialisées en termes de parts de marché.

Par Julia Lemarchand – A retrouver en cliquant sur Source

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/biocoop-vise-900-magasins-pour-renforcer-son-leadership-dans-le-bio-2186961