Café : une demande mondiale en plein essor malgré les tensions sur la production

La consommation de café ne cesse de progresser, notamment en Asie. En Chine, la classe moyenne s’y est mise, et les prix mondiaux s’envolent.

C’est la première boisson consommée dans le monde, après l’eau. Chaque jour, 2,6 milliards de tasses de café sont bues sur la planète, un chiffre qui ne cesse de progresser. Car s’offrir un petit noir n’est plus réservé aux pays occidentaux.

L’Asie, jusque-là plus amatrice de thé, se met au café, notamment la Chine. « La classe moyenne chinoise, c’est-à-dire 300 millions de personnes, a commencé à boire du café, c’est l’équivalent du nombre de consommateurs européens, souligne Loïc Marion, le nouveau président du Collectif café, la principale fédération professionnelle des torréfacteurs. Luckin Coffee, une chaîne locale, vient de dépasser Starbucks en nombre de points de vente dans le monde ».

5 kg de café par Français par an

L’Europe, elle, représente 39 % des achats. C’est plus que les Etats-Unis (24 %). Si les Scandinaves en sont les premiers consommateurs au monde, les Français ne sont pas en reste. Ils en boivent une à deux tasses par jour, soit 5 kg par habitant et par an en moyenne. « La pause-café est une victoire obtenue par le Collectif café dans les années 1960 », rappelle le président.

Au niveau mondial, les ventes sont estimées à quelque 400 milliards de dollars par an. Au vu de la croissance rapide dans les marchés émergents, la demande, selon des études, devrait être multipliée par deux ou trois d’ici à 2050. Ce qui crée des tensions au niveau de la production, et fait valser les prix.

Première denrée agricole échangée dans le monde, le café a connu une envolée ces derniers mois. En un an, le prix de l’arabica a bondi de 75 % et celui du robusta de 60 %. Les changements climatiques et la spéculation expliquent cette flambée. Les principaux producteurs, le Brésil, le Vietnam et la Colombie, ont du mal à suivre la demande. Même si cette année, la récolte est attendue en hausse.

Miser sur le café de spécialité

« Nous sommes face à une crise structurelle, estime Christophe Servell, le fondateur de Terres de café, et vice-président du collectif. 85 % de la production est le fait de petits producteurs, qui ne trouvent plus personne pour la cueillette. » Et quand ils prennent leur retraite, les exploitations sont abandonnées ou converties à d’autres cultures.

Les Français achètent leur pain chez le boulanger plutôt qu’en supermarché, il devrait en être de même pour leur bon café.

Christophe Servell, fondateur de Terres de café

L’Hexagone a déjà un réseau de 3.500 coffee shops, dont 1.000 qui ne dépendant pas d’une chaîne. « La qualité des cafés servis détermine le choix de l’enseigne », selon une étude du World Café Portal. Celui venant d’Ethiopie est le plus plébiscité. « La torréfaction artisanale progresse de 15 % par an depuis 2020. Nous représentons aujourd’hui 8 % de ventes de café en France. C’est loin d’être négligeable », insiste Loïc Marion.

Cette montée en gamme est un moyen, selon la fédération professionnelle, de mieux rémunérer les producteurs. Pour ces professionnels, au-delà du goût, ce café dit de spécialité doit répondre à de nouveaux enjeux, comme la traçabilité, le respect des terroirs et une production durable. « Les Français achètent leur pain chez le boulanger plutôt qu’en supermarché, il devrait en être de même pour leur bon café », souligne Christophe Servell.

Par Dominique Chapuis – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Café : une demande mondiale en plein essor malgré les tensions sur la production | Les Echos