Certains jus de fruits seraient plus sucrés que les sodas
Selon 60 millions de consommateurs, ces boissons contiennent une quantité de sucres parfois au-dessus des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé. Innocent, Tropicana ou encore Jocker sont dans le viseur.
En cette période estivale, rien de mieux qu’un bon jus de fruits pour se désaltérer et se faire du bien. C’est en tout cas ce que croient une grande partie des Français qui en consomment 22 litres par an. Soucieux de leur santé, ils préfèrent boire des jus de fruits plutôt que des sodas. Un bon réflexe? Pas forcément, répond 60 millions de consommateurs. Dans son dernier numéro hors série, le magazine, qui a étudié les étiquettes des jus, nectars et autres smoothies, met en garde contre certains d’entre eux qui contiennent une quantité de sucres (fructose, glucose, saccharose) supérieure aux normes de l’Organisation mondiale de la santé. Sans parler des additifs, des colorants et du manque de fibres.
Concernant les sucres, 60 millions de consommateurs épingle certains jus qui en contiennent plus que la dose journalière recommandée (25 grammes). Comme le jus d’orange sans pulpe de 330 ml, vendu par Innocent, qui en contient 25,7 grammes, soit 4,5 morceaux. Le spécialiste des smoothies est particulièrement dans le viseur du magazine qui l’accuse de commercialiser des boissons à la teneur en sucres supérieure aux sodas. C’est le cas de son «Super smoothie antioxydant» à base de kiwi, citron vert et graine de lin. Un verre de 250 ml de ce jus contiendrait 27,5 grammes de sucres, soit plus qu’un verre de Coca-Cola de la même quantité (26,5 grammes)! «Des fruits très caloriques tels que la banane ou le raisin s’invitent très fréquemment dans ces mélanges», déplore le magazine. Mais Innocent n’est pas le seul à être épinglé. Le jus de pamplemousse de la marque Joker contient ainsi 50% de sucres de plus que le Schweppes Agrum’, assure 60 millions de consommateurs.
Des pratiques commerciales douteuses
Les marques ont aussi tendance à embrouiller le consommateur sur la catégorie de jus qu’il consomme. Or il existe une différence notable entre un pur jus (auquel rien n’est ajouté), un jus à base de concentré (dans lequel la quantité d’eau est importante) et un nectar, seule catégorie pour laquelle les industriels peuvent ajouter du sucre, des conservateurs et des colorants. «Les marques s’arrangent pour que le consommateur ait du mal à identifier ces trois familles. Souvent les nectars avancent masqués», dénonce 60 millions de consommateurs. Et de citer la marque Pressade qui pour son «Bio Orange» inscrit la mention nectar en bas de la brique, en petits caractères. La DGCCRF a déjà dénoncé ce type de pratique l’an dernier. «L’étiquetage de certains jus de fruits à base de concentré met en relief la mention ‘jus de fruit’ par une typographie différente (caractères plus grands que ceux de la mention ‘à base de concentré’). Cette pratique n’est pas autorisée par la réglementation», rappelait-elle. De même, «l’utilisation de mentions facultatives comme celles incorporant le terme ‘pur’ a été observée sur l’étiquetage de jus obtenus à partir de concentré. Cette pratique peut créer de la confusion dans l’esprit du consommateur sur les caractéristiques du produit», ajoutait la DGCCRF.
Un cocktail de légumes qui renferme l’équivalent de la teneur en sel de 100 g de chips
60 millions de consommateurs met également en lumière les ajouts dans certains jus. Il peut s’agir de vitamines, comme pour le jus «Essentiel Multivitamines» de Tropicana, «enrichi par le fabricant afin de faire mieux que la nature», explique le magazine. Mais aussi des additifs qui permettent d’augmenter la quantité de fibres, d’épaissir ou de colorer le jus (comme dans la bouteille de «Essentiel fibre plus» de la même marque). Ceux qui préfèrent boire de l’eau minérale aromatisée ne sont pas mieux lotis. La bouteille de 37 cl d’Evian goût «framboise verveine» contient 22 grammes de sucres, soit 3,5 morceaux. «Autant qu’un Schweppes Indian Tonic, qui n’est autre qu’un Soda», souligne le magazine.
Et quand il ne s’agit pas de sucre ou de fibres, il s’agit de sel. Les jus de légumes en contiennent parfois en trop grande quantité, déplore 60 millions de consommateurs. «Le cocktail de légumes Original V8 affole les compteurs avec 650 mg de sodium dans une cannette de 340 ml, ce qui revient à 1,6 g de sel. C’est-à-dire l’équivalent de la teneur de 100 g de chips!», note ce dernier. Le jus de légumes bio d’Auchan ne fait pas mieux. Il contient «un taux de sel très important», selon l’enquête, de 6 g/l. En résumé, pour limiter les mauvaises surprises, 60 millions de consommateurs conseille de privilégier les purs jus, de vérifier les taux de sucres et de ne pas boire plus d’un verre de 200 ml par jour. Mais surtout, rappelle le magazine, «ayez conscience que vous ne buvez pas du jus pour votre santé mais pour le plaisir».