Coca-Cola, investisseur de premier plan en France

Coca-Cola opère à travers sept sites en France et 99 % des boissons de la marque vendues localement sont fabriquées sur place, avec de fortes retombées dans l’économie française. La taxe sucre pourrait freiner les ambitions dans l’Hexagone.

Près de 99 % des boissons de Coca-Cola vendues en France sont fabriquées sur place.
Près de 99 % des boissons de Coca-Cola vendues en France sont fabriquées sur place. (Photo Sebastien Calvet/REA)

Si des géants français, comme Lactalis et Danone, vont chercher la croissance aux Etats-Unis, des champions américains investissent eux en France. C’est le cas de Coca-Cola.

A l’occasion de la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) à Paris, le géant mondial a organisé mercredi un débat sur l’attractivité de la France en matière d’investissements étrangers. Une occasion pour rappeler son empreinte industrielle dans l’Hexagone, et son impact économique.

Une production locale

Car, si certains proposaient de taxer des produits américains, en rétorsion aux barrières douanières imposées à l’Europe par l’administration Trump, les célèbres canettes n’y seraient pas soumises.

Près de 99 % des boissons de Coca-Cola vendues en France sont en effet fabriquées sur place. Le début de la production de Coca-Cola localement remonte à 1921. En 1945, la firme a ouvert un site près de la tour Eiffel à Paris, avant, en 1965, de transférer l’activité à Clamart.

Aujourd’hui, Coca a une usine dans le Var où sont élaborés les concentrés qui donnent leur goût aux boissons de l’entreprise. Le principal embouteilleur du groupe, Coca-Cola Europacific Partners (CCEP France)opère lui sur 5 sites d’embouteillages à Grigny, Clamart (Ile-de-France), Socx (Hauts-de-France), Les Pennes-Mirabeau (Provence-Alpes-Côte d’Azur) et Castanet-Tolosan (Occitanie). Son second embouteilleur, Socobo, a lui une usine en Corse qui dessert l’île de Beauté.

Un ensemble qui représente 2.867 emplois directs. Mais avec des effets allant bien au-delà de l’entreprise. Selon une étude menée par le cabinet Steward RedQueen pour la compagnie, Coca-Cola a « soutenu près de 52.300 postes en amont grâce à l’achat de biens et services, et en aval, par la distribution et la vente des boissons ».

En 2020, lors du sommet Choose France, le géant mondial avait annoncé un programme d’investissement d’un milliard sur cinq ans, « pour moderniser ses sites de production, accompagner la transition énergétique, et élargir le portefeuille de marque ».

L’an dernier, 146 millions d’euros ont été consacrés par CCEP à l’usine de Grigny, dont les travaux doivent s’achever en 2026, pour en faire un centre industriel de référence. The Coca-Cola Company a, aussi, beaucoup misé sur les JO de Paris 2024 dont elle a été un des grands partenaires.

La taxe sucre, un frein

Au global, entre les impôts et taxes versées par Coca-Cola, et les retombées économiques chez ses fournisseurs et distributeurs, le groupe a généré, selon le cabinet d’études, 4,3 milliards d’euros de valeur ajoutée sur l’année 2023.

Mais depuis la taxe sucre mise en place par le gouvernement, les ambitions de l’américain sont plus tempérées en France. Dans le cadre du projet de loi de finances de la Sécurité sociale, les parlementaires ont décidé de doubler cette taxe sur les boissons sucrées, avec pour objectif de réduire leur consommation, pour limiter les effets sur l’obésité et le diabète.

Créée en 2012, cette dernière doit ainsi rapporter à l’avenir 800 millions au budget, contre 400 millions d’euros jusque-là. Avec pour principal contributeur Coca-Cola. Aujourd’hui, le Coca Zéro ne pèse que 25 % des ventes. La France est en retard sur les autres pays. En Angleterre, près de 50 % des achats se font sur le sans sucre.

Cette taxe a conduit les industriels du secteur à augmenter leur prix en moyenne de 15 %. La bouteille de 1,75 litre de Coca est ainsi passée à 2,35 euros contre 2 euros jusque-là. Des hausses qui se sont traduites par une baisse des achats des boissons sucrés sur le marché. Les incertitudes politiques, avec à la clef le flou fiscal et le contexte de déconsommation, qui pèse sur la rentabilité, pourraient limiter les capacités d’investissements en France dans les années à venir.

Dominique Chapuis