
Coca-Cola veut réduire sa dépendance à l’égard de Coca
Le géant américain dépend encore pour 85 % de ses ventes du Coca-Cola en France. Une situation que François Gay-Bellile, président du groupe en France, souhaite faire évoluer en diversifiant le portefeuille de marques. Au Japon, le soda emblématique ne totalise plus qu’un quart de son chiffre d’affaires.
Coca-Cola reprend des couleurs en France. Après plusieurs années difficiles, la multinationale américaine revendique une croissance de 10 % de ses ventes sur un an à fin août, ainsi qu’une part de marché supérieure à 20 %. « Nous avons augmenté le chiffre d’affaires de 111 millions d’euros en douze mois. Ce n’était pas arrivé depuis longtemps », se réjouit François Gay-Bellile, président du groupe en France.
Assez en tout cas pour redonner du baume au coeur à Coca-Cola, qui croit dans la réalité d’un potentiel de croissance dans l’Hexagone. Les Français consomment chaque jour huit boissons sans alcool, thé et café inclus. Trois fois moins qu’en Suisse, et nettement moins qu’en Allemagne. « Ils sont nombreux à dire qu’ils en boiraient volontiers plus si on les séduisait », souligne François Gay-Bellile.
Le dirigeant de la filiale française, qui a passé quelques années en Asie, a en tête « le modèle japonais » pour séduire de nouveaux assoiffés. Aux antipodes, le groupe d’Atlanta s’est diversifié pour suivre un très gros marché extrêmement versatile. La boisson emblématique de Coca-Cola n’y représente plus qu’un quart des ventes du géant américain.
Modèle nippon
« La diversification du portefeuille au Japon s’est faite sur trente ans », tempère François Gay-Bellile. Sans faire la révolution en quelques jours, le responsable a déjà accéléré la diversification depuis son arrivée à la tête de Coca-Cola France en 2017.
Après le lancement d’une spécialité bio sous la marque Honest en avril 2017, le groupe a lancé en janvier 2018 Fuze Tea, liquide à base d’extraits de thé, de jus de fruits et d’arômes de plantes. « Fuze tea a été notre meilleur lancement depuis longtemps », pointe François Gay-Bellile. « Cette marque a été la plus forte contributrice à la croissance du secteur au cours de sa deuxième année de lancement, avec des ventes en progression de +56 % et une part de marché supérieure à 10 % », atteste le cabinet Nielsen.
« Signatures mixtures »
Fuze Tea est aujourd’hui la deuxième marque la plus vendue du groupe après le Coca-Cola. Le groupe y a mis les moyens, multipliant les échantillons de dégustation jusqu’à 3 millions d’unités. Parmi les autres nouveautés, Coca Energy , concurrent de Red Bull, où la taurine, un ingrédient à risque selon les médecins, a été supprimée. Une série de quatre produits à mixer – « les signatures mixtures »- avec les alcools bruns (bourbon et rhum), fabriquée à Dunkerque, a par ailleurs été lancée.
Le changement touchera aussi bientôt Tropico, la marque française acquise en 2018. La première marque tricolore (et première boisson aux fruits sans gaz) du groupe est à l’aube de nombreuses retouches. La teneur en sucre, très élevée à 12 grammes par litre, sera abaissée à 10 grammes. Coca-Cola mise beaucoup sur cette nouvelle venue, qui revendique une part de marché de 5 % en France.
« Nous avons de grandes ambitions pour Tropico, précise François Gay-Bellile. Nous allons offrir des alternatives avec ou sans bulles ». Un Tropico sans sucre arrivera en 2020, avec de nouveaux parfums. Commercialisée en France et en Belgique, la marque sera proposée dans d’autres pays. « Elle a un gros potentiel international. Le nom est facile à prononcer ».
Last but not least, Coca-Cola « explore de nouvelles catégories de boissons », dont le café. En revanche, le groupe avance désormais prudemment sur le marché de l’eau, où il a subi un cuisant revers en Europe il y a quelques années avec Dasani. « Ce marché est extrêmement concurrentiel », concède François Gay-Bellile.
Source : Coca-Cola veut réduire sa dépendance à l’égard de Coca | Les Echos