Le Tribunal de commerce de Marseille a désigné la société d’investissement américaine, associée à AccorHotels en tant qu’opérateur, comme repreneur du cinquième groupe hôtelier français.

Après un mois de délibéré , les juges-commissaires du Tribunal de commerce de Marseille ont tranché ce mercredi en faveur du groupement réunissant Colony Capital – en tant qu’investisseur – et AccorHotels – son partenaire opérateur – pour la reprise de Maranatha, cinquième groupe hôtelier français placé en redressement judiciaire en novembre dernier. Cinq candidats sérieux étaient en lice.

Chacun devait présenter des scénarios de valorisation sur le portefeuille des six établissements de prestige, Les Hôtels du Roy, repris par Maranatha avec la société d’investissement Cale Street – cette dernière détient une créance de 275 millions d’euros (305 avec les intérêts) que devra rembourser le repreneur -, et le pôle historique du groupe, soit 31 hôtels acquis avec quelque 4.700 petits porteurs (globalement, Maranatha exploite une cinquantaine d’établissements).

Savoir-faire

Le groupement retenu n’a pas fait la meilleure offre de reprise mais dans leur délibéré, les juges ont d’abord noté le savoir-faire des repreneurs. « Le groupe Colony a une expérience de la gestion de 5.300 hôtels dans le monde et entend s’appuyer sur le groupe AccorHotels pour la gestion du pôle Hôtels du Roy ainsi que sur Maranatha Gestion Hôtelière pour la gestion du pôle historique », écrivent-ils dans leur argumentaire.

Ils ont également pris en considération son volet social positif avec la reprise de la totalité des effectifs de la filiale d’exploitation des hôtels (110 emplois), le maintien en l’état de leurs contrats de travail, salaires et avantages sociaux, et l’absence de plan social pendant vingt-quatre mois.

Sur le plan financier, Colony prévoit un apurement immédiat du passif sur le pôle historique (23,6 millions d’euros), mais une valorisation du pôle historique de 205 millions d’euros à cinq ans, 30 millions inférieure à la valeur d’expertise réalisée par KPMG en décembre dernier. Sur cette somme, le groupe qui avait amélioré sa première offre, s’engage à verser aux investisseurs (souvent des investisseurs individuels qui ont été floués dans cette affaire) un total de 144,8 millions d’euros et à affecter 23 millions supplémentaires pour financer les travaux encore nécessaires dans certains hôtels.

« Un pari »

Concernant Les Hôtels du Roy, Colony prévoit un programme de travaux pour un montant de 42,7 millions d’euros et deux options de remboursement aux investisseurs, hors Cale Street : un pack « option cash » pour 40,6 millions d’euros correspondant à 26 % de leur investissement, et un pack « option cash et titres » où les investisseurs recevront une liquidité immédiate de 8,3 millions et un paiement de 80 millions à cinq ans dans le cas d’un prix de cession de 450 millions dans cinq ans.

S’agissant du « pôle historique » de Maranatha, le repreneur prévoit  de céder 9 hôtels. Les juges-commissaires estiment que le projet Colony « constitue un pari dont la réussite dépendra de la stratégie du repreneur ». Son offre est, à leurs yeux, « celle qui offre une solution de sortie immédiate la plus satisfaisante et la plus prudente bien que cela entérine une perte pour les investisseurs privés ».

Enquête de la brigade financière

Des recours et/ou des oppositions ne sont d’ailleurs pas à exclure. Les investisseurs-épargnants concernés par le pôle historique de Maranatha devront en effet se prononcer sur la cession dans le cadre d’assemblées générales. Le processus de transfert des actifs à Colony devrait être achevé pour juin 2019.

Par ailleurs, la brigade financière de Marseille mène une enquête sur le système Maranatha et les diverses levées de fonds effectuées pour développer rapidement son parc.