
Comment hôtels et restaurants mènent la bataille du recrutement avant les vacances
En Europe comme aux Etats-Unis, la main-d’oeuvre manque chez de nombreux acteurs du tourisme. Pour redonner de l’attractivité à ces métiers, outre les hausses de salaires, l’heure est à l’adaptation des processus d’embauche, à l’amélioration des conditions de travail et à la mise en avant des progressions de carrière.
Les pénuries de matières premières et de composants compliquent partout dans le monde la tâche des entreprises. Mais un autre manque se fait de plus en plus sensible : celui de personnel. Dans l’hôtellerie et la restauration, la situation se montre particulièrement critique en Europe comme aux Etats-Unis. Et les vacances d’été, durant lesquelles les touristes ont plus que jamais envie de voyager après deux ans et demi de Covid, vont encore plus faire monter la tension.
En France, 220.000 postes sont à pourvoir lorsque l’on cumule les emplois perdus durant les confinements et les besoins en saisonniers . En Allemagne, l’Agence fédérale pour l’emploi chiffre à quelque 44.800 le nombre de postes vacants dans le secteur en mai. Selon une enquête menée début juin par la fédération du secteur (Dehoga), 60 % des établissements interrogés recherchent du personnel qualifié à plein temps, 64,8 % à temps partiel et la proportion atteint 74,8 % pour des minijobs, ces emplois non soumis à cotisation sociale dont la rémunération ne dépasse pas 450 euros par mois, le secteur représentant près de 10 % de ces emplois précaires. Aux Etats-Unis, les pénuries de salariés sont amplifiées par les faibles entrées de travailleurs étrangers .
Revalorisation
« Cela fait deux décennies que l’on parle de problèmes de personnel dans l’hôtellerie et la restauration. Avec le Covid, cette bulle a éclaté. La jeune génération n’a plus envie de travailler le week-end ou pendant les vacances. La profession n’a pas assez anticipé le phénomène et il n’y a pas de solution miracle », estime Mark Watkins, président de Coach Omnium, cabinet de conseil en hôtellerie.
Pour recruter, les hausses de salaires restent bien sûr le nerf de la guerre. Dans de nombreux pays, les métiers de l’hôtellerie et la restauration font partie de ceux les plus payés au salaire minimum. Même si, en France, une revalorisation très attendue a eu lieu en 2022. Aux Etats-Unis, les acteurs ne manquent pas d’imagination. La chaîne TGI Friday’s a proposé de rembourser jusqu’à 2.500 dollars de dépenses pour des vacances à des directeurs de restaurants et donné des coups de pouce aux assurances santé.
En Allemagne, « les accords tarifaires conclus cette année dans les Länder sont nettement plus élevés que par le passé. Une rémunération juste et adaptée aux performances est d’une importance capitale pour l’attractivité de l’emploi. Mais la reconnaissance et l’estime des employés ainsi qu’un bon climat de travail le sont également », souligne Ingrid Hartges, directrice générale du Dehoga.
Au-delà de la rémunération, l’heure est en effet à l’amélioration des conditions d’exercice des métiers. « Ce que l’on voit bouger dans la manière de rendre les postes plus attractifs, c’est le travail sur les horaires, les coupures. L’intelligence artificielle peut être utilisée pour optimiser le planning des équipes. Certains restaurants ferment en outre le week-end pour les laisser libres pour leurs employés. Afin de faciliter le travail, d’autres proposent des cartes plus courtes », détaille François Blouin, président-fondateur de Food Service Vision.
Outre-Rhin, la fédération professionnelle plaide pour une revalorisation de l’apprentissage et appelle l’exécutif à développer des gardes d’enfants « flexibles et fiables » afin de faciliter le travail des femmes. Dernier levier : la politique migratoire. Les initiatives pour simplifier la venue de la main-d’oeuvre de l’étranger ont d’ailleurs aussi lieu en France comme aux Etats-Unis.
De nouveaux outils
La mobilisation passe par l’instauration d’outils tous azimuts. Le groupe Barrière a eu ainsi recours à Hippolyte-rh, qui déniche des candidats saisonniers via les réseaux sociaux. Accor a, de son côté, mis en place une plateforme dédiée au recrutement avec 2.200 offres présentes, s’adressant aux demandeurs d’emploi mais permettant aussi, pour les salariés, des mobilités internationales.
Le groupe dirigé par Sébastien Bazin a également mené le 13 juin à Bordeaux une journée de recrutement sans CV autour d’une cinquantaine de postes à pourvoir dans plusieurs enseignes, avec mise en situation réelle à la clé et remise d’un « bon pour embauche ». Une initiative qui va être renouvelée dans d’autres régions.
Nouvelles organisations
La fidélisation représente aussi un enjeu de taille. Pour garder les jeunes talents, les groupes internationaux mettent les bouchées doubles du côté des progressions de carrière et de la mobilité géographique. Face à une partie des saisonniers n’ayant plus envie de changer de lieu de vie et de logement selon la période de l’année, des stations de sport d’hiver se penchent sur la manière de les occuper davantage l’été.
Accor réfléchit par ailleurs à la manière d’organiser à l’avenir le travail autrement. Et n’exclut pas d’imaginer employer dans un hôtel un salarié deux jours par semaine seulement pour lui laisser la possibilité de développer, le reste du temps, sa propre activité dans un autre univers.
par Clotilde Briard et Ninon Renaud – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Comment hôtels et restaurants mènent la bataille du recrutement avant les vacances