
Couche-Tard fait une offre concrète pour racheter Carrefour
Quelques heures après avoir officialisé des discussions avec Carrefour, le groupe canadien Couche-Tard se montre plus explicite : il a soumis une offre de rachat à hauteur de 20 euros par action. Carrefour s’interroge, le gouvernement français aussi.
Les dirigeants de Couche-Tard enfoncent le clou. Quelques heures après avoir officialisé des discussions « amicales » autour d’un rapprochement avec Carrefour (que le Français avait confirmées de façon laconique), le distributeur canadien fait savoir qu’il a en réalité formulé une offre concrète d’achat.
« Alimentation Couche-Tard confirme avoir récemment soumis à Carrefour SA une lettre d’intention non-engageante en vue d’un rapprochement amical sur la base d’un prix de 20 euros par action Carrefour (coupon attaché), indique le distributeur canadien. Les termes de la transaction sont toujours en cours de discussions et demeurent soumis à une vérification diligente, mais la rémunération proposée devrait en grande majorité être en numéraire. »
Un prix de sortie acceptable pour les actionnaires ?
Pour l’heure, Carrefour n’a pas encore réagi officiellement à cette seconde annonce. D’après l’AFP, le distributeur indique dans une note interne examiner cette offre. Autant dire que les discussions entre le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, et son conseil d’administration doivent aller bon train.
Pour rappel, la famille Moulin, propriétaire des Galeries Lafayette, est le premier actionnaire du groupe avec plus de 12% du capital. Suivent le groupe Arnaud (8,6%) et le fonds d’investissement Peninsul du brésilien Abilio Diniz (7,4%). Au 31 décembre 2019, ces trois acteurs représentaient à eux seuls plus de 35% des droits de vote.
Première question, la plus importante : ces actionnaires seraient-ils vendeurs à 20 euros (ou un peu plus si les négociations se poursuivent) ? Ce prix de sortie est-il suffisant pour satisfaire Bernard Arnaud, et pour tenter d’autres opérateurs ? Pour mémoire, le titre flirtait avec les 30 euros en 2015.
Le gouvernement français hostile
L’action Carrefour, qui cotait hier un peu plus de 15 euros, a bondi aujourd’hui de 13,4% pour terminer la journée à 17,54€. Au total, l’offre de Couche-Tard à 20€ valorise le Français à 16,1 milliards d’euros. À ce prix-là, c’est encore une affaire.
La seconde question qui reste en suspens, c’est l’intention du Canadien s’il emporte le morceau. Difficile de percevoir des synergies objectives entre les deux groupes. L’entreprise envisage-t-elle de réaliser un joli coup financier en revendant le distributeur à la découpe ? Carrefour désire, semble-t-il, de nombreuses garanties pour (éventuellement) sauter le pas.
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est aussi ému de l’affaire sur France 5. En attendant d’en savoir plus, il explique qu’il n’est pas favorable à un tel rachat au nom de la souveraineté alimentaire nationale (même si on imagine mal le Canadien délocaliser des magasins ou privilégier l’import de produits frais américains…).
Bruno Le Maire prévient également qu’il ne restera pas impuissant face à Couche-Tard, la loi Pacte soumettant un tel investissement étranger à l’accord préalable du gouvernement.
Source : Couche-Tard fait une offre concrète pour racheter Carrefour / La distribution – Linéaires