Coupe du monde de rugby : bilan mitigé pour l’hôtellerie française 

Les établissements situés dans les villes hôtes ont connu des pics de fréquentation les jours de match, mais les supporters n’ont pas prolongé leur séjour, selon la première édition de l’Observatoire économique du tourisme.

La Coupe du monde de rugby était attendue avec appétit par les professionnels de l’hébergement, en première ligne pour bénéficier des retombées de l’événement. Mais à l’heure des comptes, plusieurs éléments sont susceptibles de les laisser sur leur faim.

L’Alliance France Tourisme, qui regroupe les principaux groupes du secteur (dont Accor, B & B ou Louvre Hotels), appuyée par le cabinet MKG, a en effet dévoilé mercredi la première édition de son Observatoire économique du tourisme, qui dresse un bilan en demi-teinte des sept semaines de compétition.

Les tarifs se sont envolés les jours de matchs

Certes, la plupart des villes hôtes en ont largement profité les jours de matchs. A Marseille, les hôtels et appart’hôtels ont par exemple connu une hausse de leur taux d’occupation de 12 points, dépassant les 87 %, avec des prix moyens en hausse de 185 %. Le revenu par chambre disponible (RevPar), principal indicateur du secteur, a lui bondi de 230 %. Même chose à Lille, où le taux d’occupation a atteint 86 % les soirs de match, avec des prix en hausse de 168 %.

Le phénomène est encore plus visible pour les villes dont l’offre hôtelière est moins étoffée. Les établissements stéphanois ont ainsi fait le plein (85 %) en augmentant sensiblement les tarifs (+219 %), avec pour conséquence un RevPar en hausse de… 530 %. La seule exception concerne finalement Paris et Saint-Denis, qui ne semblent pas avoir profité de la dynamique avec une fréquentation en baisse de 4 points les jours de match par rapport à l’an dernier, et des prix en hausse de « seulement » 24 %.

Essai non transformé

En parallèle de ces chiffres globalement satisfaisants, un constat plus décevant émerge. Car si les hôteliers nourrissaient l’espoir de conserver leurs clients avant ou après les rencontres, l’essai n’a pas été transformé. « Entre les matchs, la fréquentation n’est pas restée soutenue, signe que la plupart des supporters sont venus uniquement pour voir le match de leur équipe », résume l’Alliance France Tourisme dans un communiqué.

Sur la période de la Coupe du monde, soit du 8 septembre au 28 octobre, la fréquentation affiche même une légère diminution au niveau national (-1,1 point) par rapport à l’an dernier. C’est notamment le cas à Marseille, avec un taux d’occupation moyen en baisse de 4,4 points, ou dans la capitale (- 2,3 points). Seul motif de satisfaction – et non des moindres – les prix ont été maintenus à des niveaux très élevés, avec une hausse moyenne de plus de 14 % sur la période.

Les performances économiques tirées par les prix

Même si l’année 2023 devrait être un excellent millésime pour la destination France, ce bilan vient donc tempérer l’enthousiasme ambiant. « Ces résultats confirment le dynamisme des recettes touristiques mais celles-ci sont portées par l’évolution des prix, alors que la fréquentation demeure stable par rapport à l’an dernier et toujours en deçà de celle de 2019, met en garde Dominique Marcel, le président de l’AFT. Dans un contexte de forte concurrence, cela doit nous conduire à poursuivre nos efforts pour consolider l’attractivité touristique de notre pays. »

Un point qui apparaît essentiel, à neuf mois des Jeux Olympiques et Paralympiques, et alors que les premiers signes d’un essoufflement de la demande se font jour. Selon l’Observatoire, les établissements français ont vu leur taux d’occupation reculer légèrement de juin à septembre (- 0,4 point), tandis que le mois d’octobre apparaît, lui aussi, mitigé. Si la fréquentation en province reste soutenue (+2,6 points par rapport à l’an dernier), Paris et l’Ile-de-France ont connu l’effet inverse, avec des baisses respectives de 1,8 et 3,9 points.

Interrogé sur ces chiffres, le cabinet de la ministre du Tourisme, Olivia Grégoire, estime de son côté qu’il « conviendra de faire un point global en novembre afin de prendre en compte l’ensemble des acteurs du tourisme, y compris la restauration et les commerces, afin de faire un retour d’expérience exhaustif. »

Par Yann Duvert – A retrouver en cliquant sur Source

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