Covid-19 : la consommation de viande bovine diminue en France

La consommation de boeuf a baissé de 4,1 % sur un an, à fin août. Si les Français ont retrouvé le chemin des boucheries et mangé nettement plus de viande à la maison pendant le confinement, cela n’a pas suffi à compenser le recul du marché de la restauration commerciale et collective.

 

Les bouchers ont connu un très fort regain de fréquentation pendant la crise sanitaire. Selon Culture Viande, l’organisation qui fédère les entreprises du secteur, ils ont vu leur chiffre d’affaires en cumul à fin août augmenter de 14,5 % par rapport à la même période un an plus tôt. Les Français ont mangé beaucoup plus de boeuf à la maison (+7,7 %) et les bouchers ont bénéficié de leur capacité à offrir des services et notamment à livrer à domicile, explique Mathieu Pecqueur directeur général de Culture Viande.

Autre grand gagnant de la période, la viande hachée vendue en grandes surfaces, en croissance de près de 16 % selon Kantar Worldpanel. Facile à préparer, à conserver au congélateur, porté par la mode du hamburger, moins cher, le haché est le grand favori des familles.

Mais malgré ces scores inattendus, le bilan global de la viande bovine n’est pas bon. Ni le succès des boucheries artisanales, ni l’emballement accru pour le haché n’ont suffi à compenser l’effondrement de la restauration commerciale ou collective. Au total, la consommation de viande de boeuf a ainsi chuté de 4,1 % sur les huit premiers mois de l’année. C’est plus de deux fois plus que la baisse observée depuis vingt ans estimée entre -1 % et -2 % par an.

Des marchés à l’arrêt

Les abattages sont demeurés stables, mais ont connu des « à-coups » très importants qui n’ont pas toujours facilité la vie des entreprises. Le phénomène n’est pas propre à la France. Les pays européens voisins eux aussi, dont l’Allemagne, ont dû faire face à ces mouvements chaotiques. Les industriels estiment aussi avoir été « fortement pénalisés par l’arrêt du marché des cuirs ». La crise sanitaire n’a pas créé la situation de crise du cuir mais l’a précipitée. Les tanneries ont été complètement stoppées. Le prix des peaux a plongé de 75 % en deux ans, souligne Mathieu Pecqueur. Ils ont très légèrement repris avec la réouverture des tanneries, mais il n’y a pas de demande. « C’est très préoccupant », s’inquiète le directeur général de Culture Viande.

La balance commerciale s’est améliorée, malgré une chute de 3,7 % des exportations et grâce au plongeon des importations (-21 %). La baisse des exportations a surtout lésé le commerce des jeunes bovins, que la France envoie en Italie, en Espagne et en Grèce. Très mal orienté depuis le début de l’année, leur prix continuait encore sa dégringolade en août. « La demande n’a toujours pas repris bien que ce soit normalement le cas à l’automne », indique encore Mathieu Pecqueur.

Les éleveurs en survie

Quant aux prix payés aux éleveurs , quelle que soit la catégorie de vache concernée, ils sont restés très inférieurs au niveau de 2019 et à la moyenne 2015-2019, jusqu’au mois de mai. Avant de grimper de 50 centimes en 5 semaines, à 4 euros le kilo au départ de l’élevage. « Un coup de pouce exceptionnel, même s’il manque encore 70 centimes pour couvrir le coût de production », relève le vice président de la Fédération nationale bovine (FNB), Emmanuel Bernard. « Les abatteurs et les distributeurs ont brusquement pris conscience que les éleveurs mangeaient la baraque et que s’ils voulaient encore pouvoir s’approvisionner en France, ils allaient devoir augmenter les prix », analyse celui qui est aussi éleveur dans la Nièvre.

Article de  Marie-Josée Cougard     A retrouver en cliquant sur Source

Source : Covid-19 : la consommation de viande bovine diminue en France | Les Echos