Danone prêt à se lancer à nouveau dans des acquisitions

Après s’être redressé, le groupe français veut être plus actif en croissance externe.

« Le Danone d’aujourd’hui n’est plus celui d’il y a deux ans, ni d’ailleurs celui qu’il sera dans deux ans ». Près de trois ans après avoir présenté sa recette pour remettre le géant des produits laitiers sur la voie de la croissance, Antoine de Saint-Affrique compte bien garder le rythme à l’heure où il s’agit de redonner à Danone tout son lustre. Ce jeudi, le directeur général du groupe aux 27,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires, présente à Amsterdam devant un parterre d’investisseurs la deuxième phase de son plan pour maintenir la croissance entre 3 % et 5 % sur la période 2025-2028. Et augmenter encore plus vite son résultat opérationnel courant.

C’est un défi. Car si le groupe, propriétaire d’Activia, d’Actimel, de Danette ou d’Évian, a réussi depuis déjà neuf trimestres à augmenter son chiffre d’affaires, c’est aussi à la faveur d’un environnement inflationniste. Désormais, les prix s’assagissent dans les rayons.

Portefeuille nettement allégé

La direction avait jusque-là misé sur le retour aux fondamentaux opérationnels, sans bousculer les trois grands métiers du groupe (produits laitiers et végétaux, eaux et nutrition spécialisée). Elle compte désormais se montrer un peu plus gourmande sur la croissance externe. « Nous serons bien plus actifs en termes d’acquisitions que ces dernières années », a ainsi confirmé Antoine de Saint-Affrique. C’est un changement d’orientation car Danone a allégé de près de 10 % son portefeuille en deux ans, en coupant sérieusement dans ses références et en se séparant de ses activités non stratégiques (laits bio aux États-Unis, eaux en Argentine, Michel & Augustin, fin du partenariat avec Mengniu en Chine…).

La direction avait déjà levé un coin du voile sur cette nouvelle position lors de la dernière assemblée générale du groupe, le 25 avril. Elle a discrètement commencé à jeter les bases de cette stratégie en rachetant coup sur coup le polonais Promedica il y a un an, puis l’américain Functional Formularies, tous les deux présents dans le secteur de la nutrition médicale. C’est un domaine très rentable, qui représente déjà 40 % de sa division de nutrition spécialisée (8,3 milliards d’euros en 2023), et dans lequel Danone ne cache pas ses ambitions.

Terrain de chasse de la nutrition

Ce domaine de la nutrition spécialisée (compléments alimentaires, nutrition médicale ou infantile), devrait ainsi rester un terrain de chasse privilégiée pour des opérations de croissance externe. Danone vise plutôt des acquisitions ciblées, voire moyennes, que des grosses opérations transformantes. « Elles doivent surtout être complémentaires à nos activités et géographies actuelles, être positives pour notre croissance et nos marges, et surtout entrer dans notre stratégie d’accélération sur la nutrition médicale, les protéines, ou la restauration à emporter », explique Antoine de Saint-Affrique. Si le groupe n’exclut pas quelques cessions ponctuelles, il n’envisage pas de se lancer dans un nouveau métier.

Depuis son arrivée, le dirigeant le martèle ainsi régulièrement : « L’industrie alimentaire est à un point de bascule, où le lien est désormais clairement établi entre la santé et l’alimentation. Or la science de la protéine, du microbiote et de l’intestin est au cœur du savoir-faire de Danone. » Le groupe voit dans ces produits de nutrition et de santé d’importantes opportunités, à l’heure où 20 millions de cancers sont diagnostiqués tous les ans, apportant aux patients leur lot de défis alimentaires.

Le groupe pourrait aussi se pencher sur les moyens de se renforcer dans certains circuits de distribution, comme les hôpitaux, les Ehpad, ou la restauration à emporter. « Ces débouchés représentent déjà plus de 50 % de notre activité, mais nous n’avons pas encore toute la place que nous pourrions y avoir », estime le dirigeant. Le domaine des protéines, dans lequel Danone a déjà doublé son chiffre d’affaires depuis trois ans, notamment avec des innovations comme Hipro, pourrait enfin être un terrain de jeu intéressant. Le potentiel de ce marché est estimé à 60 milliards d’euros.

Renforcement en Inde et en Afrique

Cette gestion plus offensive de son portefeuille pourrait surtout concerner des zones où Danone s’estime trop peu présent. Par exemple en Inde, en Asie du Sud-Est ou en Afrique, où le champion français du lait a déjà lancé des initiatives sur les apports en fer pour les populations, et la lutte contre la dénutrition. Voire même aux États-Unis. « De ce point de vue, notre récente acquisition de Functional Formularies n’est pas une surprise », glisse le dirigeant.

Pour financer cet appétit retrouvé, le groupe mise sur le retour de la confiance des investisseurs, après que les performances financières ont été normalisées. Si l’absence de rehaussement des objectifs de croissance et de rentabilité a quelque peu déçu les marchés – le titre Danone cédant 4,5 % jeudi à la mi-journée – le groupe a retrouvé, grâce à sa discipline opérationnelle et financière, de quoi tenir ses promesses.

En allant plus loin dans la reprise de ses volumes engagée depuis plus de six mois, en améliorant encore la portée des innovations et des lancements des produits, ainsi que les programmes d’efficacité dans les usines, le géant français espère ainsi porter de 2,5 milliards d’euros aujourd’hui à 3 milliards d’euros à long terme sa génération annuelle de trésorerie disponible. De quoi s’assurer une force de frappe financière renforcée pour ne pas manquer les cibles les plus prometteuses.

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