
Deliveroo et Just Eat Takeaway retrouvent le chemin vers la rentabilité
Même si l’inflation pèse sur les ventes en ce début d’année, les plateformes de livraison de repas tablent sur de meilleurs résultats, portés surtout par la deuxième partie de l’année.
Les résultats annuels publiés par les plateformes comme Deliveroo ou Just Eat Takeaway permettent de prendre la réelle mesure de la place prise aujourd’hui par la livraison de repas. Elles ont su s’ancrer dans les habitudes des consommateurs mais ont encore besoin d’ajustements pour que leurs résultats puissent satisfaire leurs actionnaires.
Derniers en date, ceux de Deliveroo, coté à Londres depuis le printemps 2021, montrent ce jeudi que l’inflation et le retour à la normale n’ont pas permis d’atteindre les ventes attendues par le marché. Mais aussi que l’entreprise a franchi une étape dans sa quête vers la rentabilité.
Gains de parts de marché
Ses revenus ont augmenté en 2022 de 14 % à 1,97 milliard de livres (2,24 millions d’euros), en dessous des 2,03 milliards espérés par les analystes recensés par Bloomberg. Tandis que ses transactions en valeur connaissaient une hausse globale de 9 %, avec des gains de part de marché dans des pays comme la France et l’Italie.
Dans le même temps, elle a pu afficher un excédent brut d’exploitation ajusté (Ebitda) positif au second semestre, en avance sur les prévisions, même si l’ensemble de l’année reste dans le rouge. L’optimisation des contributions payées par les consommateurs, et celles des restaurants, ainsi que de meilleurs revenus marketing, y ont participé, en plus de la réduction des coûts. Mais la perte nette atteint 294,1 millions de livres, soit 11 % de moins qu’en 2021.
Pour 2023, l’entreprise fondée par Will Shu table sur un Ebitda positif de 20 à 50 millions de livres, surtout grâce au second semestre. Côté ventes, le premier trimestre devrait rester stable, avec une amélioration au fil de l’année, pour atteindre une progression à un chiffre faible ou moyenne.
Plus tôt dans le mois, Just Eat Takeaway indiquait avoir enregistré, malgré un nombre de commandes en baisse de 9 %, des transactions en valeur stables en 2022, à 28,2 milliards d’euros. C’est grâce à des paniers moyens plus élevés que ses revenus ont pu progresser. Il avait cependant annoncé avoir aussi creusé sa perte nette à 5,7 milliards d’euros à cause, notamment, de la dépréciation de sa filiale américaine GrubHub , rachetée en 2020 et dont il continue à explorer activement la vente partielle ou totale.
Son Ebitda ajusté ne s’en est pas moins amélioré. Il est positif de 19 millions d’euros, alors qu’il était dans le rouge de 350 millions d’euros en 2021. Et l’entreprise vise les 225 millions en 2023, son PDG estimant que « son ambition de créer une entreprise de livraison de repas hautement rentable » était en bonne voie.
Suppression d’emplois
L’allemand Delivery Hero, qui inclut Glovo, a aussi connu un Ebitda positif au dernier trimestre 2022 et vise la même chose pour l’ensemble de l’année en cours. Quant à Uber, le segment de la livraison de repas a vu ses commandes croître l’an dernier de 6 %, mais ses revenus progresser de 21 % au quatrième trimestre.
L’heure est à la rationalisation des activités. Les effectifs se réduisent. Deliveroo a annoncé en février qu’il allait supprimer jusqu’à 350 emplois , soit 9 % de ses postes. Le groupe estime que la « structure de coût fixe est trop importante » pour son activité. En parallèle, il s’est, désengagé de pays comme l’Australie ou les Pays-Bas où la concurrence a été jugée trop difficile.
La montée en puissance de la livraison de courses reste l’un des piliers de développement privilégié du secteur. Chez Deliveroo, le nombre de sites partenaires ayant recours à ses services a progressé de 64 % en un an.
Cet axe contribue, en France, tous acteurs confondus, à une progression spectaculaire du chiffre d’affaires des plateformes au cours des dernières années. Selon une étude que Circana, le groupe issu du rapprochement d’IRI et de NPD, vient de réaliser sur les circuits de proximité, les dépenses sur les plateformes pour la livraison de repas comme de courses venant des magasins ont atteint 8,1 milliards d’euros en 2022, soit 2,4 fois plus qu’en 2019. Par comparaison, la livraison directe par les grandes surfaces alimentaires ne s’est élevée qu’à 409 millions d’euros, même si elle est en augmentation de 53 %.
Par Clotilde Briard – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Deliveroo et Just Eat Takeaway retrouvent le chemin vers la rentabilité