Deliveroo, Uber Eats : qui se cache derrière le livreur de repas parisien ?

Un homme de 31 ans en moyenne, générant un chiffre d’affaires de moins de 1.500 euros par mois et ayant à 90 % une autre nationalité que française. Voici le portrait-robot de celui qui apporte des petits plats aux habitants de la capitale, selon une étude menée par 6t-bureau de recherche pour la Chaire Logistics City.

Qu’ils sillonnent les rues ou attendent à côté des restaurants et « dark kitchen s » les plus prisés des clients aimant déguster des plats chez eux, les livreurs de repas n’ont jamais autant fait partie du paysage urbain. Sans qu’on sache toujours bien qui ils sont.

Pour en apprendre plus sur leur profil en 2021 et ses évolutions, 6t-Bureau de recherche a mené une enquête pour le compte de l’université Gustave-Eiffel et de la chaire Logistics City. L’étude , qui avait eu des précédents, a été conduite cette fois-ci auprès de plus de 500 d’entre eux dans le Nord et l’Est parisien, une zone dense en restaurants, aux heures de pic d’activité.

Une majorité d’autoentrepreneurs

Au-delà du fait qu’il s’agit presque exclusivement d’hommes (93 %), dont l’âge moyen est de 31 ans, ces livreurs ne sont que 10 % à avoir la nationalité française. Un phénomène accentué par le fait d’exercer dans la capitale .

Côté diplômes, la palette est large : 4 sur 10 n’en ont pas, mais un quart en possède un du supérieur. Les autoentrepreneurs sont majoritaires, devant les salariés. L’étude relève aussi une augmentation de la part des coopérateurs, qui atteint 11 % cette année, contre 2 % lors de la précédente enquête, en 2020.

Les étudiants regagnent du terrain. « Dans les débuts de la livraison, on trouvait deux types d’individus : les geeks du vélo et les étudiants. Ces derniers étaient devenus moins nombreux. Le mouvement s’est inversé. L’enquête en recense 18 %, contre seulement 9 % en 2020. C’est un reflet de la crise, car ils ont eu plus de mal à trouver de petits boulots », estime Nicolas Louvet, fondateur et directeur de 6t-Bureau de recherche, spécialiste de la mobilité.

Le vélo demeure le premier moyen de locomotion (46 %). Mais il est talonné par les deux-roues motorisés (36 %). « On reste généralement livreur peu longtemps. C’est une activité de transition, où on ne peut pas faire carrière, mais elle peut jouer un rôle d’insertion pour des gens en situation précaire », remarque Nicolas Louvet. Deux sur trois apportent des commandes de repas depuis moins d’un an, selon l’étude. Pour une personne interrogée sur quatre, il s’agit de la première activité professionnelle exercée en France.

Moins de locations de compte

En moyenne, un livreur travaille 5 jours et demi par semaine, près de 7 heures par jour, effectuant 18 courses et parcourant 41,6 kilomètres. Côté rémunération, 80 % gagnent moins de 1.500 euros brut par mois avant toute déduction de charges et de frais.

Les effets de la crise sanitaire avec le boom de ce mode d’achat mais aussi du nombre de professionnels ont entraîné, au final, une diminution du nombre de courses et des revenus pour une personne sur deux et, au contraire, une augmentation pour un cinquième à un quart d’entre elles.

Une pratique semble diminuer : celle du prêt ou de la location de compte à un autre livreur. Il arrive à seulement 8 % des personnes interrogées d’utiliser celui d’un autre, 5 % déléguant le leur.

« Les livreurs veulent de l’autonomie, mais pas être indépendants. Les autoentrepreneurs sont les plus insatisfaits de leurs conditions de travail », souligne le dirigeant de 6t-Bureau de recherche, qui juge que l’activité n’est pas assez rémunérée. Au total, 30 % seulement imaginent poursuivre cette occupation dans trois mois.

Article de Clotilde Briard – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Deliveroo, Uber Eats : qui se cache derrière le livreur de repas parisien ? | Les Echos