
Des Etats-Unis à la Chine, Sodexo imperméable aux soubresauts géopolitiques
Le géant français de la restauration collective a fêté la semaine dernière ses 30 ans de présence en Chine. Au moment où de nombreux groupes étrangers réduisent la voilure dans le pays, Sodexo fait le chemin inverse.
Ce n’est pas une vulgaire cantine mais un « garden café ». A Shanghai, au sommet de la tour de L’Oréal, environ 800 salariés (sur les quelque 2.000 qu’emploie le géant français des cosmétiques dans la mégalopole chinoise) prennent chaque jour leur repas dans cet espace. Pour 20 à 30 yuans, soit entre 2,5 et 4 euros, les cols blancs de L’Oréal peuvent déguster des plats chinois, occidentaux ou du reste de l’Asie… Le tout avec une vue panoramique sur les gratte-ciel environnants.
En cuisine, toutes ces victuailles sont cuisinées par Sodexo, le champion français de la restauration collective, qui a fêté la semaine dernière ses 30 ans de présence en Chine.
Arrivé dans le pays en 1995, le groupe familial désormais dirigé par Sophie Bellon, fille du fondateur Pierre Bellon, sert désormais 550 clients sur plus de 950 sites. Des entreprises étrangères, des écoles internationales, des multinationales chinoises mais aussi plusieurs sociétés d’Etat locales… Soit au total 1,2 million de consommateurs tous les jours.
« The next China is China »
Et Sodexo compte bien mettre les bouchées doubles sur son septième plus gros marché mondial. Au moment où de nombreuses entreprises européennes réduisent la voilure, voire quittent la Chine, à cause du ralentissement économique ou du climat des affaires de plus en plus politique, le champion français fait le chemin inverse et se renforce dans le pays.
Une stratégie que Sophie Bellon, récemment de passage à Shanghai, résume avec une formule efficace. « Pour nous, the next China is China », dit la dirigeante. Dans le cadre de cette stratégie, Sodexo a racheté l’année dernière les activités chinoises de Compass, son rival britannique, qui cherchait à quitter le pays. « Cela nous a permis de gagner un portefeuille de clients très complémentaire au nôtre, et d’avoir une position de leader dans les écoles », explique Isabelle Hannedouche, la patronne de Sodexo China.
Il est vrai que, contrairement à d’autres secteurs comme le luxe ou les spiritueux, Sodexo est positionné sur un segment en croissance en Chine. « Ici, le marché de la restauration collective croît entre 6 % et 7 % par an. Même si l’on constate un léger ralentissement, c’est toujours plus que dans certains pays d’Europe où la progression est plutôt de 2 à 4 % », compare Sophie Bellon.
Et ce marché à 68 milliards de dollars offre encore des perspectives. En Chine, la restauration collective est détenue à 35 % par des prestataires externes comme Sodexo, les 65 % restant étant assurés en interne par les entreprises. « Cela signifie qu’il y a encore une quarantaine de milliards de dollars à aller chercher », sourit la dirigeante.
Ancrage local
Autre avantage pour Sodexo, qui le protège des tensions géopolitiques : le groupe fournit des services et n’est donc pas touché par la guerre commerciale de Donald Trump qui se concentre sur le commerce de produits finis. Il cultive aussi au maximum la localisation. « En Chine, nous sommes Chinois, aux Etats-Unis, nous sommes Américains, en France, nous sommes Français. L’ancrage local est très important », reprend Sophie Bellon.
Dans ce contexte plutôt favorable, Sodexo n’échappe pas toutefois à la concurrence chinoise souvent moins chère, ni à la pression sur les prix. A cause du ralentissement économique, même les plus grandes entreprises chinoises taillent dans les coûts, ce qui touche en cascade leurs fournisseurs. « Nous sommes tout à fait compétitifs, sans être les moins chers du marché », conclut Isabelle Hannedouche. « Nous pouvons servir aussi bien des repas à une clientèle premium qu’à des milliers d’ouvriers chinois dans les usines automobiles du nord du pays. »
ParRaphaël Balenieri (Correspondant à Shanghai) – A retrouver en cliquant sur source
Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/services-conseils/des-etats-unis-a-la-chine-sodexo-impermeable-aux-soubresauts-geopolitiques-2185217