La sanction a été immédiate. Après avoir revu ses prévisions de bénéfices et de chiffres d’affaires à la baisse, Diageo a vu son cours chuter de plus de 6,7 % dans la journée de jeudi, son plus fort recul depuis juillet 2024. Le fabricant du whisky Johnnie Walker et de la vodka Smirnoff fait face à un ralentissement de la demande en Amérique du Nord et en Chine.

Cette révision à la baisse intervient alors que le premier fabricant mondial de spiritueux cherche à réduire ses coûts. Il a engagé un programme d’économie de 625 millions de dollars sur les trois prochaines années, « en bonne voie ». Le géant mondial a aussi une lourde dette de 22 milliards de dollars (18,86 milliards d’euros) qui pourrait le conduire à vendre des actifs.

Un manque à gagner de 200 millions de dollars

A l’instar de ses concurrents français Pernod et Rémy Cointreau, l’entreprise fait face à un recul des achats depuis le Covid sur ses principaux marchés. L’évolution des modes de consommation et les droits de douane imposés par l’administration américaine pèsent également sur les perspectives.

« Nous ne sommes pas satisfaits de nos performances et nous nous concentrons sur ce que nous pouvons gérer et contrôler », a déclaré le directeur général par intérim, Nik Jhangiani. L’incertitude prolongée quant à la personne qui prendra la tête de l’entreprise après le départ précipité de Debra Crew en juillet, ne facilite pas la tâche du groupe. Diageo avait promis de trouver un successeur à cette dernière d’ici la fin du mois d’octobre.

Dans ce contexte chahuté, marqué par la faiblesse des achats, et surtout les effets des droits de douane aux Etats-Unis, l’entreprise a confirmé ses prévisions d’un manque à gagner annuel d’environ 200 millions de dollars. Elle espère « l’atténuer d’environ la moitié ».

« Les consommateurs se tournent vers des produits moins chers »

Aux Etats-Unis, le premier marché de Diageo, les ventes ont baissé de 4,1 %. Ce repli, après un effet d’ajustement des stocks, « laisse présager un taux d’épuisement des stocks nettement inférieur aux prévisions pour le deuxième trimestre », a déclaré Simon Hales, analyste chez Citi.

« Les consommateurs se tournent vers des produits moins chers », a de fait déclaré Jhangiani soulignant que l’entreprise observe un désintérêt pour le segment très haut de gamme – où se trouvent ses marques phares de tequila Don Julio et Casamigos – au profit d’offres plus abordables.

En Chine, les politiques visant à freiner les dépenses inconsidérées dans un contexte économique difficile, ont aussi pesé sur les résultats.