Distribution de boissons : trois concurrents s’unissent pour mieux recruter
De gauche à droite : Frédéric Pouliquen (Ouest Boissons), Antoine Cozigou (Cozigou) et Maxime Petitfrère (France Boissons). Les trois entreprises représentent 300 millions d’euros de chiffre d’affaires par an.
Face à la pénurie de main-d’œuvre, l’union fait la force. Pour la première fois, les distributeurs France Boissons, Ouest Boissons et Cozigou lancent en février une opération de communication commune pour proposer 300 postes en Bretagne et dans les Pays de la Loire. Ils mettent par ailleurs leurs expériences en commun afin de développer une logistique urbaine durable.
« Plus jamais ça ! ». En sous-effectifs durant la saison 2022 marquée par une forte reprise d’activité, les trois grands distributeurs de boissons en Bretagne et dans les Pays de la Loire – France boissons, Ouest boissons et Cozigou – ont décidé d’unir leurs voix afin de pourvoir 300 postes dans ces régions. Une première pour ces entreprises, pourtant concurrentes, rassemblées lors d’une conférence commune à Rennes le 9 février 2023.
« L’enjeu est énorme : s’il n’y a plus d’équipe logistique, les produits n’arriveront jamais jusqu’aux clients finaux que sont les bars, les cafés, les hôtels et les restaurants », rappelle Elodie Le Provost, Déléguée générale de Bretagne Supply Chain, le cluster au sein duquel les trois distributeurs se sont rapprochés.
« Pendant la crise du Covid, nous avons rencontré un vrai sujet de représentativité de la profession, c’est ce qui nous a amenés à nous voir en premier lieu », retrace Antoine Cozigou, président de la société éponyme. « On s’est rendus compte que nos métiers étaient méconnus, et qu’il y avait des sujets de fond, comme le recrutement et les enjeux environnementaux, qui méritaient qu’on parle d’une même voix, notamment à l’échelle régionale », poursuit-il. Au niveau national, les distributeurs de boissons sont représentés par deux syndicats, la Fédération nationale des boissons et la Confédération des grossistes de France.
Des emplois non délocalisables
Chauffeurs livreurs, préparateurs de commande ou encore caristes, mais également commerciaux et fonctions supports… Sur les 300 offres d’emploi, consultables sur les sites des distributeurs, 40% environ sont des CDI, les 60% restants étant des contrats saisonniers. « Dans une logique de pérennité, et en raison de l’attractivité grandissante de la Bretagne, la moitié des saisonniers pourrait être embauchée d’ici la fin d’année », soutient cependant Antoine Cozigou.
« Ce sont des emplois non délocalisables, nos zones de chalandise sont relativement courtes ce qui permet aux chauffeurs-livreurs de maintenir un équilibre vie pro-vie perso intéressant, le tout dans le secteur de la CHR qui est un univers de convivialité », plaide Maxime Petitfrère, directeur régional France Boissons. Dans le cadre de leur action collaborative, les trois acteurs ont par ailleurs bâti une formation de chauffeur-livreur qui devrait former 150 nouvelles recrues en 2023.
Ils assurent, enfin, redoubler d’efforts pour limiter les effets de la pénibilité de ces emplois. « On investit dans des équipements tels que des camions avec des systèmes de sécurité et d’analyse de la conduite, des transpalettes électriques, des portiques à fûts pour éviter la manutention des produits les plus lourds, des tests pour recourir aux exosquelettes (utilisés pour compenser les efforts des opérateurs, N.D.L.R) », détaille-t-il.
Alternatives aux poids lourds thermiques
Sur le terrain environnemental, et alors que les livraisons représentent 20% du trafic routier dans les villes, les trois concurrents ont signé la charte de logistique urbaine durable de Rennes Métropole, en plus d’apporter leur expérience au sein des groupes de travail de plusieurs agglomérations comme Nantes, Brest, Quimper, Lorient, Lamballe, et bientôt Saint Malo, Vannes et Dinan. Il s’agit à la fois de réduire les pollutions, d’apaiser les centres-villes en travaillant sur la mutualisation des flux et les plages horaires de livraisons, et enfin d’améliorer les conditions de travail des chauffeurs-livreurs (aires de livraison, augmentation des capacités de stockage des commerçants…).
Afin de pouvoir accéder aux ZFE des centres-villes, tous trois expérimentent des alternatives aux poids lourds thermiques. « On ne peut pas tout essayer mais on peut avancer ensemble : Cozigou est allé sur le biogaz, France Boissons sur l’électrique, et nous sur le biocarburant », explique Frédéric Pouliquen.
Travaillant avec plus de 70% de produits consignés, du fût de bière aux bouteilles en verre, les distributeurs de boissons rappellent en outre leur expertise en matière de consigne, celle-ci regagnant du terrain en France. Une tendance qui pourrait s’accentuer à l’heure où les difficultés d’approvisionnement en verre sont de plus en plus palpables… « Sur la boisson, l’inflation nous impacte en ce moment, avec quelques mois de décalage », souligne Antoine Cozigou qui reste toutefois optimiste concernant le marché régional qui reste selon lui en hausse de +10 à +15% en 2022 par rapport à 2019.
EN CHIFFRES
En Bretagne et dans les Pays de la Loire, France Boissons, Ouest Boissons et Cozigou représentent :
1300 salariés
27 sites et plateformes
15 000 établissements livrés
Par SOUEN LÉGER – A retrouver en cliquant sur Source