IDistribution : la moitié des enseignes doit renégocier ses contrats d’énergie d’ici à fin 2022

Ils ne sont pas les plus gros consommateurs d’électricité, mais la facture pèse lourd dans leurs comptes. Les grandes surfaces s’inquiètent de l’explosion à venir de leurs coûts énergétiques, qui pourraient atteindre 1,5 milliard d’euros. Ils réclament des mesures d’encadrement.

Les supermarchés ne sont pas des hauts fourneaux. Le commerce alimentaire n’est pas une activité très énergivore. Mais le secteur qui dégage de faibles marges (2 % des ventes en moyenne pour le résultat net) sur de gros chiffres d’affaires est parmi ceux qui seront le plus touchés par la forte hausse du prix de l’énergie qui est en cours, admet Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie. « Le coût actuel de l’énergie (1.600 euros par mégawatt) aboutirait à une augmentation de la facture pour les distributeurs de 1,5 milliard d’euros par an », a estimé mercredi Perifem, l’association « technique » des grandes surfaces.

Le sujet est sensible. Comme la plupart des entreprises, les distributeurs achètent leur électricité via des contrats de trois ans. En gros, ils achètent aujourd’hui, ce qu’ils consommeront l’année prochaine et la suivante. Selon nos informations, la moitié des contrats des enseignes arrivent à échéance à la fin de l’année, et cela concerne surtout les réseaux indépendants comme U ou Intermarché. Il faudra donc les renouveler au pic d’aujourd’hui.

Plafonnement

Eric Bogne, directeur énergie d’Auchan Retail, qui opère pour toutes les filiales du groupe, de la France à l’Espagne en passant par le Portugal, reconnaît que selon les pays, les prix ont déjà été multipliés par deux ou trois. Bien sûr, les systèmes de couverture permettent de lisser l’augmentation et de la moyenner à la baisse. Mais le dossier est sur la table.

Tous bénéficient du prix régulé de l’Arenh, soit 49,50 euros le mégawattheure, mais savent que le dispositif est plafonné à 120 térawattheures pour 2023. Il n’y en aura pas pour tout le monde. Les énergies renouvelables permettent de signer des contrats longs de 5 à 20 ans, par le biais de PPA (Power Purchase Agreements). Auchan, par exemple, s’est engagé auprès de champs d’éoliennes ou de fermes solaires en France, en Espagne, au Portugal et, depuis ce jeudi, en Pologne.

Mais les énergies renouvelables ne couvrent qu’une partie minoritaire de la consommation des distributeurs. A l’instar de Carrefour, les groupes font en général appel à des négociants choisis après appels d’offres, qui mélangent des volumes achetés au prix de l’Arenh, à des contrats pluriannuels et des achats au prix du marché.

Des économies en cours

Les enseignes demandent donc au gouvernement des actions pour éviter une crise énergétique qui, menacent-ils, pourrait se répercuter sur les prix de l’alimentation et sur leurs fournisseurs de l’agroalimentaire. Les membres de attendent d’abord le relèvement du plafond de l’Arenh. Ensuite, ils réclament « le plafonnement du prix du gaz utilisé pour la production de l’électricité, à l’instar de ce qui a été fait avec succès en Espagne et le plafonnement du prix spot sur les marchés de gros à un niveau bien inférieur à 3.000 euros par mégawattheure ». Surtout, ils souhaiteraient ce qu’ils appellent « une mesure exceptionnelle de crise », c’est-à-dire un tarif réglementé d’urgence accessible aux entreprises jusqu’à 2023 au moins.

En contrepartie, les enseignes s’engagent à aller au-delà des 10 % d’économies d’énergie réclamés par Elisabeth Borne. Alexandre Bompard a promis une diminution de 20 % d’ici à 2024. De son côté, Auchan affiche d’ores et déjà une baisse de 25 % par rapport à 2014 et les engagements prix lors de la COP21. De nouveaux objectifs ont été fixés par le groupe de la famille Mulliez, discret mais efficace en la matière : -30 % (par rapport à 2014 toujours) en 2025 et -40 % en 2030. « Le kilowattheure le moins cher est celui que l’on ne consomme pas », rappelle Eric Bogne.

Par Philippe Bertrand – A retrouver en cliquant sur Source

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