
Distribution : l’américain Costco confirme ses ambitions en France
Le spécialiste américain du club-entrepôt ouvrira une nouvelle unité dans l’Hexagone à la fin de l’année. Arrivé en 2017 en région parisienne, il aura mis quatre ans à franchir la deuxième étape d’un programme qui en compte une quinzaine. Le président de la filiale française annonce deux autres dossiers bien avancés.
Les dirigeants de Costco avaient annoncé 12 magasins en dix ans. A la fin de l’année, ils n’en auront inauguré que deux en quatre ans. Le géant américain de la distribution qui fonctionne par adhésion (au prix de 36 euros par an la carte de membre) ouvrira mi-novembre à Pontault-Combault, en Seine-et-Marne. « Les travaux avancent bien », déclare aux « Echos » le président de la filiale française, Gary Swindells.
Le point de vente s’installe dans les locaux d’un ancien hypermarché Leclerc, en passe d’être agrandi, signale le magazine « LSA » qui a révélé l’ouverture. Il augmente de 8.000 à 10.500 mètres carrés. « Notre norme, c’est un bâtiment de 13.500 mètres carrés [y compris les surfaces de stockages, NDLR] ou un terrain de 35.000 mètres carrés sur lequel nous le construisons », explique le Québécois, qui a débarqué en France en 2017 lors du lancement d’une première unité à Villebon-sur-Yvette, au sud de la capitale.
Reprise de friches
La précision fait office d’appel au marché. Costco recherche des sites. Gary Swindells n’a pas rabattu ses ambitions. « Nous savions que la réglementation était complexe en matière d’urbanisme commercial. Elle s’est encore resserrée. Les maires, comme le gouvernement qui a inscrit ce principe dans la loi Climat, ne veulent plus de création de surfaces commerciales. Ils souhaitent la reprise de friches », détaille-t-il.
Entrepôts, grandes surfaces non alimentaires : les possibilités ne manquent pas. Peu d’hypermarchés sont en vente en revanche, même si Casino a cédé certains Géant. Costco ne les privilégient pas. « Costco est un magasin de destination, comme Ikea. Nous avons plus besoin d’accessibilité que de proximité », affirme Gary Swindells.
Le dirigeant a plusieurs projets « dans les tuyaux » dont un « couple » qui est avancé. « Avec la crise de la distribution, il y a plus d’opportunités. Elles se concrétisent parfois plus tardivement que prévu, et d’autre fois plus rapidement. Mais nous n’avons pas changé nos objectifs de 12 à 15 magasins en France », affirme-t-il. L’enseigne pourrait arriver dans une métropole de région avant que l’Ile-de-France ne soit couverte par quatre ou six Costco comme le plan de développement le prévoit.
Des réductions de 5 % à 35 %
Le test de Villebon-sur-Yvette est couronné de succès. Le magasin a permis le recrutement de 160.000 membres et réalise 140 millions d’euros de chiffres d’affaires, selon Gary Swindells, avec une dominante alimentaire qui s’équilibre progressivement par rapport aux autres rayons. Costco propose 3.500 références là où un hypermarché en offre 15.000. La formule repose sur l’achat à bon prix, avec des réductions de 5 % à 35 %, de lots importants. La clientèle type est une famille avec deux enfants qui cherche des affaires sur des gros paquets. L’enseigne suit la logique commerciale de l’arrivage, du coup, pour la viande, l’épicerie mais aussi les téléphones.
L’offre intéresse les particuliers mais également 15 % à 25 % de professionnels. Les grandes marques sont représentées, même si toutes n’ont pas accepté de livrer et Costco ne dédaigne pas les PME locales.
Sixième distributeur mondial
Quasi-inconnu en France, le concept du club-entrepôt prospère dans de nombreux pays. Costco Wholesale (son nom complet) opère dans 12 pays et exploite 809 « entrepôts » dont 559 aux Etats-Unis et 105 au Canada. La National Retail Federation (NRF) et Kantar le classent 6e distributeur le plus puissant au monde. Son chiffre d’affaires 2020 s’élève à 163 milliards de dollars. Avec 12 magasins et entre 1,5 et 2 milliards de chiffre d’affaires au total, Costco ne pèsera que 5 % environ des ventes de Carrefour et de Leclerc en France. « Il y a beaucoup de joueurs dans l’alimentaire, plus qu’au Canada, et les distributeurs français font un boulot exceptionnel », reconnaît Gary Swindells.
Adolescent, le président de Costco France jouait au Québec dans une équipe de base-ball parrainée par le distributeur local Couche-Tard , celui-là même qui a voulu racheter Carrefour il y a deux mois. « Les derniers résultats montrent que Carrefour a un bel avenir devant lui », estime-t-il aujourd’hui. Une façon de souligner que le spécialiste du club-entrepôt est moins une menace pour le Français que Couche-Tard. Même si à la question de savoir si son groupe pourrait racheter une chaîne entière d’hypermarchés dans l’Hexagone, il répond : « Nous n’en avons jamais parlé, mais nous regardons toutes les opportunités qui se présentent. »
Article de Philippe Bertrand – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Distribution : l’américain Costco confirme ses ambitions en France | Les Echos