Jacques Déronzier.

« Nous avons évalué les cibles potentielles d’acquisition »

Quel est le bilan de Brakes Group sur le marché français pour 2016 ?
Un bilan mitigé, en dessous de nos ambitions de croissance. Si nous avons su croître sur le segment de la restauration commerciale, chaînée et indépendante, nous sommes déçus de nos performances en restauration collective.
Une performance s’évalue dans un contexte économique donné, au sein d’une filière et de son environnement concurrentiel. Or, il est bien difficile d’appréhender la dynamique de notre secteur à la lumière des indicateurs 2016, publiés par différentes sources et souvent contradictoires. Je déplore que nos multiples tentatives de construire un panel centré RHF n’aient à ce stade pas abouti à l’instar de ceux existant dans la GMS.
Comment se déroule l’intégration de Davigel au sein de Brakes Group ?

Pour rappel, Brakes Group a pris le contrôle de Davigel France en novembre 2015 après un déclin significatif de ses parts de marché et de ses résultats. Nous avions pour 2016 deux priorités  : 1-Réussir la mise en autonomie envers Nestlé, tant au niveau opérationnel qu’informatique : si la mise en autonomie opérationnelle s’est déroulée conformément à notre plan, nous avons pris du retard sur la partie informatique. À ce stade, nous avons réalisé avec succès la bascule informatique des usines, des fonctions centrales et d’un site de distribution. Il nous reste à déployer d’ici à fin 2017 l’ensemble de notre réseau de distribution. 2-Stabiliser l’organisation opérationnelle et redonner de la perspective afin que Davigel retrouve confiance en ses atouts : sur la base d’un diagnostic partagé avec l’ensemble des équipes, nous avons procédé à la simplification de l’organisation et restauré les fondamentaux de notre métier.

L’intérêt stratégique de Davigel que vous évoquiez l’an dernier a-t-il été à la hauteur de vos attentes ?

Sans aucun doute. Davigel nous a permis : 1-d’acquérir des plateformes de croissance sur des territoires où Brakes n’était jusque-là pas présent : Espagne, Belgique et Luxembourg. Nous avons bâti une feuille de route de croissance organique par pays et évalué les cibles potentielles d’acquisition ; 2-de tirer profit du statut de producteur-commerçant avec des ateliers de fabrication modernes et innovants ; 3-d’acquérir des marques fortes, pour certaines exclusives – Nestlé, Mövenpick – reconnues sur le marché ; 4- de bénéficier d’un savoir-faire particulier sur les segments de la santé et du bien-être.

Quelles synergies ont été effectivement mises en place entre Brake France et Davigel ?

Des synergies ont été réalisées entre les deux entreprises au niveau des achats. Nous avons développé notre projet de «  Make or Buy » au bénéfice de nos ateliers de fabrication de produits élaborés et ce, à l’échelle européenne du Groupe Brakes. Par ailleurs, nous avons favorisé la mobilité intragroupe afin de retenir et de développer nos talents ; à titre d’exemple, notre directeur des ventes Brake France de la région Nord-Ile-de-France vient de Davigel et notre directeur régional Sud-Ouest Davigel vient de Brake France… Cela va aussi devenir possible à l’échelle du groupe Sysco dans le monde.

Quel est le bilan pour les nouveaux services en général et l’e-commerce en particulier ?
Pour des raisons d’allocation de ressources et de priorités, notamment autour du projet de mise en autonomie envers Nestlé, nous avons peu fait évoluer l’offre de services chez Davigel, déjà riche en solutions. L’entreprise a cependant lancé avec succès une nouvelle gamme de produits laitiers, ce qui n’existait pas chez Davigel. Chez Brake, nous avons mis en place une gestion simplifiée de la relation client avec « 1 commande = 1 livraison = 1 facture  ».
Par ailleurs, nos clients peuvent maintenant bénéficier d’un appui technique spécifique avec 7  conseillers culinaires et 3 responsables Développement Durable. En restauration collective, nous proposons désormais un service nutrition gratuit, comprenant l’élaboration de plans alimentaires. Un service de recyclage des huiles usagées a également été mis en place.
S’agissant des appels d’offres marché, nous avons développé un process intégré de réponse personnalisée.
Sur le volet digital, en 2017, nous avons lancé un site e-commerce disponible au niveau national avec la possibilité de passer commande 24h/24 et 7j/7, via l’application mobile notamment. Tous nos catalogues produits et promotions ont également été dématérialisés.

Enfin, nos références sont désormais dotées de codes-barres nouvelle génération permettant de partager facilement des informations sur le contenu et la traçabilité de nos produits.

Quels sont les nouveaux projets de Brakes Group en France ?
En juillet 2016, Brakes Group a ouvert un nouveau chapitre de son histoire en rejoignant Sysco. Cette acquisition confirme l’arrivée en Europe du leader du secteur qui réalise un chiffre d’affaires de 50 milliards de dollars et propose une offre composée de 400 000 produits distribués auprès de 425  000 clients. Pour Sysco, Brakes Group a pour vocation de devenir sa « tête de pont » et le leader du foodservice en Europe, grâce à sa performance, sa stratégie ambitieuse de croissance externe et au renforcement de ses relations avec ses clients et fournisseurs sur l’ensemble du continent.
Dans un contexte où le marché européen du foodservice reflète celui des États-Unis, où la prolifération et la diversification des concepts, la dynamique des groupes de restauration et l’arrivée de nouveaux entrants dans le Retail et la Foodtech recomposent l’offre en restauration et intensifient la pression concurrentielle, tant dans le monde de la restauration que dans celui de la distribution, Brake France et Davigel France doivent relever les nouveaux défis associés à la proposition de valeur, à la fidélité client, à la proximité, à la compétitivité, aux mouvements stratégiques sur la chaîne de valeur et à la transformation digitale.
Avec le concours de Sysco, qui vit ce type d’enjeux aux États-Unis depuis quelques années, nous sommes en cours d’élaboration de notre feuille de route pour chacune de nos business units et ce, pour les trois prochaines années 2018-2020. Appartenir à Sysco constitue la meilleure des garanties pour imaginer l’avenir et affronter les enjeux de notre marché.
Qu’en est-il de la croissance externe en France ?
L’acquisition de Brakes Group par Sysco renforce notre volonté de participer activement au mouvement de concentration qui anime l’univers de la distribution. Nous sommes attentifs à toutes les opportunités de croissance externe dès lors qu’elles nous permettent de mieux répondre aux attentes actuelles et futures de la restauration hors foyer. Notre position de co-leader sur le segment du surgelé en France et les tendances valorisées par nos clients autour du frais, du local et des produits bruts nous orientent naturellement vers les adjacences telles que les fruits et légumes, le poisson et la viande fraîche.
Propos recueillis par Jean-Charles Schamberger

EUROPE

Sysco accélère !
De Houston, Texas, à Londres… L’arrivée d’Ajoy Karna, nouveau patron de Brakes Europe depuis le mois de mai, aura-t-elle des conséquences sur la stratégie européenne ? « Avoir quelqu’un qui vient de Sysco pour être notre patron est un bon signe. En effet, cela signifie que l’on va accélérer les connexions et échanges de bonnes pratiques entre les deux continents  », estime Jacques Déronzier. Sysco est venu en Europe avec un objectif clair : être le leader de la distribution foodservice, comme il l’est aux États-Unis. Depuis 1970, date de sa création, l’entreprise a réalisé plus de 110 acquisitions…

Source : [Top 100] J. Déronzier : « Nous avons évalué les cibles potentielles d’acquisition » – Tokster