Les salles désertées de nombreux restaurants Flunch témoignent de la crise profonde qui secoue cette enseigne de restauration rapide. Selon Libération qui a pu s’entretenir avec plusieurs hauts cadres du groupe, cette situation a poussé Flunch, propriété de la richissime famille Mulliez, à annoncer des fermetures de restaurant, avec à la clé, la suppression de 90 emplois, tandis que les établissements de Reims et Montbéliard seront franchisés. Ces décisions marquent une étape clé pour une entreprise en difficulté, dont la clientèle se réduit.

Depuis sa fondation en 1971, Flunch se démarquait par un concept inédit : offrir un repas complet à bas prix dans des centres commerciaux. L’idée, alors novatrice, a vite séduit un public familial et a permis à Flunch de se développer dans tout le pays. Dans les années 90, l’enseigne introduit le «chaud décalé» et le libre-service pour les légumes, deux innovations qui lui ont valu une solide réputation. Mais, malgré ces changements, Flunch n’a pas su s’adapter assez rapidement à la concurrence croissante des fast-foods et services de livraison. Entre 2012 et 2022, l’enseigne a vu son chiffre d’affaires chuter de moitié, passant de 500 millions d’euros à 240.

Un modèle à réinventer

Face à la situation, une nouvelle équipe dirigeante, sous la houlette de Baptiste Bayart, a pris les rênes de l’enseigne en 2022. Le PDG qui auprès de nos confrères critique «une succession de stratégies perdantes» a lancé un plan de rénovation baptisé «Renew», avec un investissement de 100 millions d’euros. Ce programme a modernisé 17 établissements sur les 95 que détient le groupe. Dès l’entrée, les clients voient un espace réaménagé avec vue sur les cuisines et des affichages numériques présentant des plats plus variés, avec des options italiennes et asiatiques. Les premiers retours sont prometteurs avec une hausse de 7 % du chiffre d’affaires dans les restaurants rénovés.

Malgré ces efforts, le redressement de Flunch reste un défi de taille. Grégory Dubois, délégué CFDT, estime que «l’entreprise ne peut pas aller aussi vite qu’elle le voudrait». Certains établissements sont encore déficitaires, mais il reste confiant : «D’autres groupes, moins regardants, auraient déjà abandonné». L’engagement des dirigeants et des salariés est clair, mais une question persiste : la rénovation suffira-t-elle à faire revivre une enseigne affaiblie ? Pour le moment, Flunch s’accroche aux « signes encourageants » observés dans ses établissements rénovés, espérant que ce plan de relance lui permettra de retrouver sa place dans le cœur des Français.

Par Par Noah Sdiri – A retrouver en cliquant sur Source