Football : l’impact économique de l’Euro 2016 dépasse 1,2 milliard d’euros pour la France. Les retombées touristiques s’élèvent à 500,6 millions d’euros et celles liées à la compétition à 476,8 millions. Les effets indirects sont chiffrés à 244,4 millions.
Entre menace terroriste, météo maussade et grèves en série, l’Euro 2016 de football organisé en France du 10 juin au 10 juillet aurait pu être un véritable fiasco. Il n’en a rien été. Une étude réalisée par le Centre de droit et d’économie du sport de Limoges (CDES) et le cabinet Keneo sous l’égide de l’Observatoire de l’Economie du Sport, présentée ce mardi au ministère des Sports, a évalué l’impact économique de l’évènement à un total de 1,2218 milliard d’euros, dont 977,4 millions de retombées directes nettes. Un chiffre à peu près en ligne avec les prévisions du CDES , qui tablait sur un surcroît d’activité de 1,266 milliard. A titre de comparaison, la Coupe du monde de rugby organisée en France en 2007 avait généré 540 millions d’euros de retombées économiques.
Paris, ville la plus fréquentée
Dans le détail, l’impact touristique de l’Euro 2016, généré par l’afflux de visiteurs (536.500 touristes étrangers sont venus spécialement en France pour l’occasion), s’élève à 500,6 millions d’euros, en dépit du classique « effet d’éviction », évalué à 165 millions, constaté lors de ce type d’évènements fuis par certains. Les spectateurs dans les stades ont ainsi dépensé 623,4 millions et ceux invités par les entreprises ou relevant d’opérations de relations publiques, dits « hospitalité », 42,2 millions. Paris a été la ville la plus fréquentée par les spectateurs de l’Euro, plus de 50% des visiteurs ayant séjourné dans la capitale au cours de leur voyage, devant Lyon (33%) et Marseille (29%). Une aubaine pour la capitale, boudée par les touristes depuis les attentats de 2015.
D’une manière générale, l’Euro a limité la baisse de la fréquentation étrangère en France l’an dernier, en dépit de la menace terroriste. « On attendait 60% de spectateurs français dans les stades, et 40 % d’étrangers. Ce fut exactement l’inverse », a d’ailleurs précisé Jacques Lambert, le président d’Euro 2016 SAS, structure ad hoc créée pour organiser l’Euro (détenue à 95 % par l’UEFA, l’autorité tutélaire du football européen, et à 5 % par la Fédération française de football). Ce dernier a également indiqué qu’« il n’y a pas eu de demande massive de reprises de billet(s) » après les attentats survenus à Paris et à Bruxelles, avant d’évoquer « quelques demandes individuelles ».
L’impact de l’organisation (mise en conformité des stades et des camps de base des équipes, organisation d’évènements avant le tournoi comme le lancement de la mascotte ou le tirage au sort à Paris, etc.) s’élève lui à 476,8 millions. Enfin ,es auteurs de l’étude ont chiffré l’impact secondaire de la compétition à 244,4 millions d’euros, en recourant à un coefficient multiplicateur de 1,25.
9.762 emplois équivalent temps plein
« Au-delà de l’injection de revenus au sein de l’économie nationale, la compétition a également constitué une opportunité d’emplois, note l’étude. Nous avons ainsi estimé qu’elle avait généré un volume d’activité supplémentaire net de 117.150 mois travaillés soit un total de 9.762 emplois équivalent temps plein sur l’année 2016. » Le secteur de la sécurité a été particulièrement sollicité durant ce championnat d’Europe des nations de football, devant ceux de l’hôtellerie, de la restauration et des transports.
L’impact fiscal n’est pas non plus négligeable avec 70 millions d’euros de TVA supplémentaire, 2,2 millions de taxes d’aéroport et 1,7 million de taxes de séjour. A noter cependant qu’Euro 2016 SAS a été exemptée de tout impôt hors TVA .
L’impact économique de l’Euro est tout de même à mettre en regard avec le coût de l’évènement. Le coût d’organisation pour l’UEFA s’établit ainsi à un peu moins de 1,095 milliard, mais le chiffre d’affaires enregistré par l’organisation a été de 1,94 milliard. Le coût – non pris en compte dans l’étude – de la construction de quatre nouveaux stades (à Lille, Nice, Lyon et Bordeaux) en vue de l’Euro 2016 et de la rénovation de cinq enceintes, s’est par ailleurs élevé au total à 1,64 milliard. Des travaux, cependant, qui n’ont pas été réalisés uniquement pour l’évènement et qui constituent un investissement pérenne. Enfin, les finances publiques ont été mises à contribution notamment sur l’aspect sécuritaire.
Un effet d’image
Il faudrait « élargir » l’étude à l’impact de long terme, à l’ « héritage » de ce Championnat d’Europe des nations de football, a en outre souligné le directeur scientifique des études économiques du CDES, Jean-Jacques Gouguet. Jacques Lambert, qui avait participé à l’organisation de la Coupe du monde de 1998, a d’ailleurs rappelé que la réalisation du Stade de France s’était accompagnée de l’émergence d’un nouveau quartier à Saint-Denis (93). L’effet d’image n’est pas non plus à négliger. Un évènement comme l’Euro permet « de vendre la France à l’extérieur », a rappelé le ministre des Sports Patrick Kanner. En parallèle, notre pays a aussi prouvé sa capacité à assurer la sécurité d’un tel évènement. Un bon point, alors que Paris est candidate à l’organisation des Jeux Olympiques de 2024.
Source : Football : l’impact économique de l’Euro 2016 dépasse 1,2 milliard d’euros pour la France