G comme Grossistes… l’abécédaire Néo de 2020

Annus horribilis pour le CHR et, en conséquence, pour les distributeurs grossistes. Après avoir vu leur chiffre d’affaires s’écrouler pendant les trois mois de confinement, c’est de nouveau le coup de massue avec le CHR à l’arrêt depuis le 30 octobre.

Philippe barbier, Président de la CGI, confédération du commerce de Gros et international, revient sur cette année difficile : « Une partie du CHR a bien rebondi en juillet et en août, surtout en province. Il a fait beau et les Français avaient envie de se faire plaisir.

La bonne nouvelle, c’est que grâce à cela, les restaurants ont dans l’ensemble réussi à payer leurs distributeurs qui ont pu eux-mêmes régler leurs industriels ou producteurs, évitant la réaction en chaîne qui nous fait tous si peur. » Mais dès la rentrée, place à l’incertitude, au couvre-feu, puis au reconfinement. Ceux qui ne servent pas que les cafés et restaurants, mais aussi la restauration collective, notamment scolaire, sont mieux lotis. « Ceux qui travaillent avec les boulangeries-pâtisseries s’en sortent également mieux, enchaîne François Blouin, Président-fondateur de Food Service Vision. Les distributeurs de boissons, pour qui c’était déjà difficile, sont, eux, touchés de plein fouet. »

Être prêts à rebondir

« Nous sommes au bout de la chaîne, reconnaît Loïc Latour, Président du groupe France Boissons. Comme notre chiffre d’affaires dépend du CHR, nous accusons un retard de 35 % sur dix mois en cumul, ce qui n’est pas neutre pour une entreprise de distribution. Et la très bonne activité du CHR cet été n’a été qu’un bol d’air passager. Ce nouveau confinement est dramatique pour nos clients comme pour nous, et pas du tout compensé par les quelque 10 % de chiffre d’affaires réalisés en restauration collective et en hôtellerie », alerte-t-il. Pour les aider, le groupe propose gratuitement à ses clients la solution Swifty qui permet de concevoir des menus digitalisés et d’animer leur point de vente en s’adaptant aux contraintes du moment. «Il faut faire preuve d’agilité et être à l’écoute de leurs besoins, reprend Loïc Latour. Nous devons garder un lien avec eux et maintenir notre rôle de conseil. Ainsi, nous les incitons à développer des offres de vente à emporter boissons comprises, pour réaliser du chiffre d’affaires additionnel. C’est une valeur ajoutée qui peut perdurer quand ils rouvriront. » France Boissons travaille aussi ses offres pour 2021. Au programme, plus de green, de bio et de local pour répondre à l’accélération de ces tendances.

Avancer sur les projets

« Nous terminerons sans doute l’année avec une perte de chiffre d’affaires de 40 %, annonce Guillaume de Marcellus, directeur général c10. Et même si les mois d’été ont été meilleurs que prévu et que nos clients ont fait preuve d’une grande adaptabilité avec l’accélération de la vente à emporter, de la livraison, et surtout d’une incroyable capacité à se réinventer pour, par exemple, préempter l’espace public et élargir les terrasses, ce deuxième confinement rend les choses très compliquées. Malgré le plan d’aides sectorielles, 2021 sera une année très complexe aussi. » Unique bouffée d’air en attendant la reprise, le chiffre d’affaires (1,5 % de son activité) réalisé avec son réseau Comptoir des Vignes, reconnu meilleure enseigne de caviste par le magazine Capital. « Le seul effet bénéfique induit par ce confinement, c’est que cela nous a permis de dégager du temps, ajoute Guillaume de Marcellus. Pour développer le digital, car au sortir du confinement, les supports digitaux et notamment l’e-commerce permettront de progresser, et pour avancer sur le développement durable, avec notamment l’accélération de la labellisation de nos entrepôts. Nos études RSE montrent que les consommateurs sont en attente de comportements plus durables. » Côté offre, le réseau C10 mettra donc toujours plus l’accent sur ses gammes de produits made in France et sur le bio. Il a notamment prévu d’étendre sa gamme de jus de fruits pur jus bio, à marque propre (Jus de Rêve), qui a séduit le CHR, mais aussi sa palette de vins bio.

 

Des services digitaux renforcés

« Malgré ce nouveau coup dur porté à l’activité de nos clients du CHR, et par conséquent à notre activité, nous avons décidé de rester au plus proches d’eux en accompagnant ceux qui s’essaient au click & collect », déclare Yves Cebron de Lisle, directeur commercial et de l’offre chez Transgourmet. En attendant la réouverture, le groupe prépare la mise en marché de ses produits à la marque bio Transgourmet Natura pour le premier trimestre 2021. Et accélère fortement ses services digitaux, puisqu’il a lancé en novembre des formats digitaux de ses catalogues au sein de son nouveau site internet. Et qu’il met aussi en avant sa solution internet e-quilibre d’aide aux menus et de gestion budgétaire, qui séduit de plus en plus dans le milieu des maisons de retraite et de la santé.

 

La reprise, oui… mais quand ?

Mobilisation des équipes, bonne trésorerie et dispositifs de chômage partiel… Pomona, qui réalise 40 % de son chiffre d’affaires en restauration collective, estime s’être bien sorti du premier confinement. Pourtant, le groupe a perdu plus de 800 000 € de chiffre d’affaires avec la crise sanitaire. Et avec ce deuxième confinement, vécu comme un choc et zéro visibilité sur les réouvertures des CHR, difficile de tabler sur le retour de la croissance. le groupe s’attend à une année 2021 difficile et espère un retour à la normale en 2022, avec une reprise de la fréquentation des restaurants par la clientèle française, avant de retrouver le plein potentiel du marché en 2023 avec le retour des touristes étrangers. « Je suis confiant sur les perspectives à moyen terme, déclare Eric Dumont, président de Groupe Pomona. Parce que nous l’avons vu cet été, la France reste un pays de gastronomie et de convivialité où on aime partager les plaisirs de la table. En attendant, nous accompagnons ceux qui pratiquent la VAE ou la livraison en proposant des gammes très larges, grâce auxquelles nos clients peuvent constituer leurs nouvelles cartes, mais aussi des contenants adaptés. Surtout, nous serons à leurs côtés quand ils rouvriront. »

Article de PASCALE BENHAÏEM-KOMLOS – A retrouver en cliquant sur Source

Source : G comme Grossistes… l’abécédaire Néo de 2020