Le pays achète la moitié des exportations de la filière. En plein essor, le vignoble provençal attire les investisseurs.

Le rosé de Provence enchaîne les succès à l’étranger. L’exportation explose littéralement avec des taux de progressions supérieurs à 30 % depuis plusieurs années. Sur la seule  année 2017 , les ventes en dehors des frontières ont encore bondi de près de 40 % en valeur et de 36 % en volume, selon le Comité interprofessionnel des vins de Provence (CIVP). Les prix (hors taxe, départ cave) ont pratiquement doublé en dix ans, passant de 2,56 euros la bouteille à 4,44 euros en 2017.

Le CIVP est convaincu que  la croissance des exportations de rosé de Provence va se poursuivre pendant plusieurs années. Les clients sont de plus en plus nombreux et plus lointains. Même l’Australie a fait son entrée parmi les amateurs l’an passé. Surtout, les Etats-Unis sont une extraordinaire locomotive depuis cinq ans. Ils achètent la moitié des volumes exportés par la région. Un engouement qui se fait au détriment des rosés américains sucrés, dit « Blush ». Le deuxième client, le Royaume-Uni vient très loin derrière les USA avec 12 % des volumes importés et devant l’Allemagne (5 %).

Des années d’effort

Pour Henri Fabre, propriétaire de six domaines et Châteaux en Provence, et exportateur de la moitié de son vin, il ne fait pas de doute que « c’est là le fruit d’années de travail et d’investissement dans la formation des sommeliers et des importateurs américains. « J’ai dû m’y reprendre à plusieurs reprises. J’ai subi plusieurs échecs. » Henri Fabre a eu moins de déconvenues aux Emirats arabes unis, un marché qu’il a abordé par les hôtels de luxe. « Un de mes prochains marchés sera la Chine », explique-t-il.

La Provence est le vignoble qui affiche le plus fort taux de production en bio. C’est le cas de Alberic Philippon, un tout jeune vigneron, propriétaire de Carpe diem, qui exploite 30 hectares en bio. « Carpe diem était bio depuis 20 ans sans le revendiquer. Nous avons souhaité faire la démarche officielle pour pouvoir l’étiqueter ». Un autre facteur de développement de la notoriété du rosé de Provence est selon Alberic Philippon, l’oenotourisme. « 84 % des touristes achètent du vin pendant leur séjour »

Georges Lucas, Angelina Jolie et Brad Pitt investissent

Le vignoble de Provence, plus que celui de la vallée du Rhône, attire les investisseurs. Et un projet d’irrigation de 100.000 hectares à l’horizon 2030 via le canal de Provence devrait encore renforcer cet intérêt, estime Michel Veyrier de l’agence Vinea Transaction. Georges Lucas, Angelina Jolie et Brad Pitt sont parmi les plus célèbres. Mais des professionnels de poids tels que Chapoutiez, Bernard Magrez, Roederer ou Grand Chais de France sont également présents.

Quant aux chefs d’entreprise, ils achètent aussi des vignes en Provence pour des raisons fiscales ou patrimioniales. « Le vignoble de Provence est un placement. C’est un produit liquide qui se revend très bien, avec une valorisation à l’hectare bien marquée », explique Michel Veyrier. Une transaction sur cinq est le fait d’investisseurs étrangers et 10 % des domaines leur appartiennent. C’est un record en France. Depuis le Brexit, « les Britanniques ont vraiment levé le pied en revanche », indique Michel Veyrier. Les affaires tournent au rythme de 10 à 15 transactions annuelles, soit 4 % des domaines, contre 1 % en Vallée du Rhône.