Heineken fait sa révolution verte dans la production de bière

Le géant néerlandais va transformer le procédé de production dans sa plus grosse brasserie française. De quoi lui faire économiser 20.000 tonnes de CO2 par an.

L'unité nordiste, plus que centenaire, propriété de Heineken depuis 1986, produit 3,1 millions d'hectolitres par an avec 300 salariés.
L’unité nordiste, plus que centenaire, propriété de Heineken depuis 1986, produit 3,1 millions d’hectolitres par an avec 300 salariés. (Heineken)

« Plusieurs dizaines de millions d’euros ». On n’en saura pas davantage sur l’investissement que va consentir Heineken sur sa brasserie de Mons-en-Baroeul, près de Lille.

L’objectif affiché est de décarboner le site puis de répliquer le dispositif dans ses autres usines. L’unité nordiste, plus que centenaire, propriété de Heineken depuis 1986, produit 3,1 millions d’hectolitres par an et compte 300 salariés.

La plus grande brasserie du groupe en France est déjà engagée dans des initiatives environnementales qui l’ont conduite à améliorer ses performances : depuis 2008, elle a réduit sa consommation énergétique de 30 %. Thomas Noël, ingénieur chargé de la décarbonation des trois sites français de Heineken, dévoile « Circle », un projet visant à réduire la consommation d’énergie et son remplacement par une source renouvelable .

La transformation porte sur les drèches, coproduit du brassage des céréales, un résidu jusque-là évacué par camions vers le monde agricole. Soit 55 à 60.000 tonnes par an dans l’usine. A l’échelle de la filière en Europe, l’enjeu porte sur un total de 3,5 millions de tonnes de drèches.

Or vert

Heineken entend métamorphoser ces drèches en or vert.  D’un côté, le groupe va en extraire les protéines concentrées (à plus de 70 %), qui pourront être revendues dans l’alimentation animale, voire à terme pour des usages humains.  De l’autre, le résidu fibreux sera séché pour devenir un combustible d’une chaufferie biomasse, qui produira la vapeur nécessaire au site. Heineken a développé cette technologie purement mécanique et sans adjuvant avec un partenaire néerlandais, Duynie Group. L’utilisation in situ des drèches permettra aussi d’éviter de nombreuses rotations de poids lourds.

« L’objectif à terme est d’en récupérer 100 %. C’est une décarbonation importante qui permettrait chaque année d’éviter 20.000 tonnes de CO 2 », s’enthousiasme Thomas Noël pour qui il s’agit d’une première non seulement chez Heineken mais à l’échelle mondiale. Au niveau du groupe, Heineken affichait une empreinte carbone de 15,3 millions de tonnes de CO2 l’an dernier.

La construction du bâtiment appelé à héberger la chaufferie vient de démarrer. Une fois mise en service, elle pourrait couvrir 70 % des besoins de vapeur. Celle-ci est aujourd’hui générée par du gaz naturel et pour une petite partie (5 %) par le biogaz produit avec la station d’épuration du site. Ce projet pilote est soutenu à la fois par l’Ademe et par le programme européen LIFE. « L’ambition est de dupliquer, voire de généraliser, y compris sur les constructions neuves. Ça peut être une véritable bascule dans l’industrie brassicole », anticipe le Monsieur Décarbonation de Heineken.

Par Olivier Ducuing  – A retrouver en cliquant sur Source

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/heineken-fait-sa-revolution-verte-dans-la-production-de-biere-2089586