Heineken victime de la déprime du marché de la bière
Le n° 2 mondial de la bière a annoncé une baisse de son bénéfice net annuel, en raison de la hausse des prix des matières premières, de l’énergie et de la baisse de la consommation partout dans le monde. Heineken est resté très flou quant aux perspectives 2024 dans à un monde jugé encore « instable ».
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Le flot mondial de bière commencerait-il à se tarir ? Le ralentissement des volumes de vente de Heineken (-4,7 % de croissance organique) pourrait en être l’un des témoins. Le deuxième brasseur mondial a annoncé, ce mercredi, un recul de son bénéfice net annuel de 4,3 % à 2,3 milliards d’euros, contre 2,7 milliards un an plus tôt.
Dans le même temps, la hausse des prix a toutefois fait grimper le chiffre d’affaires total à 36,3 milliards d’euros (+4,9 %). « Cette année, Heineken a dû donner la priorité aux prix pour compenser les niveaux sans précédent d’inflation des matières premières et de l’énergie », a noté le brasseur.
Le groupe néerlandais a ainsi dû opérer une augmentation à deux chiffres de ses prix de la bière, cette année, afin de faire face à la hausse de ses intrants, relève Bloomberg. Celle-ci s’est reportée sur le consommateur, impactant les ventes. La pression inflationniste devrait cependant s’estomper vers le second semestre, a précisé Heineken.
Eté humide
Mais la flambée des prix n’explique pas à elle seule la chute du résultat net du deuxième brasseur mondial. Un été 2023 humide en Europe a également nui aux ventes. L’association néerlandaise des brasseries a déclaré que les ventes de bière aux Pays-Bas ont globalement chuté de plus de 5 % en 2023 en raison du mauvais temps. Pour la première fois depuis 2001, il y a eu une baisse du nombre de brasseries opérant aux Pays-Bas, a déclaré le groupe, « car il devient moins rentable de brasser de la bière. »
Heineken, principalement connu pour sa marque éponyme, est également aux prises avec des conditions désastreuses sur deux des principaux marchés de la bière dans le monde : le Vietnam et le Nigeria. Les deux pays comptant pour 60 % de la baisse des volumes enregistrée par le brasseur néerlandais.
Perspectives décevantes
Les perspectives pour 2024 annoncées par Heineken ne sont pas beaucoup plus rassurantes. Le brasseur a déclaré viser une hausse de son bénéfice d’exploitation avant éléments exceptionnels de 1 % à 9 % pour l’année en cours. « Nous restons prudents quant aux perspectives économiques et géopolitiques mondiales », a déclaré le PDG du groupe Dolf van den Brink estimant encore évoluer dans « un monde instable ».
Des prévisions insatisfaisantes pour les investisseurs : à la Bourse d’Amsterdam, le titre cédait 5,5 %, ce mercredi matin. James Edwardes Jones, analyste chez RBC, les a qualifiées de « décevantes » étant donné « l’attente généralisée […] d’un important effet de levier sur les marges à mesure que les coûts des matières premières diminuent ».
Prudence
Les analystes s’attendent à ce que l’entreprise affiche une croissance organique de son chiffre d’affaires de 5,3 % pour un bénéfice d’exploitation de 4,9 milliards d’euros en 2024, selon les estimations consensuelles compilées par Bloomberg.
« Nous restons prudents quant aux perspectives économiques et géopolitiques mondiales », a précisé Dolf van den Brink dans un communiqué. Dans ces conditions, l’entreprise cherchera à stimuler la croissance de son chiffre d’affaires en équilibrant les volumes et les prix. Enfin, les coûts devraient encore augmenter, a précisé Heineken. Le brasseur s’attend aussi à réaliser au moins 500 millions d’euros d’économies brutes en 2024, soit 100 millions d’euros de plus que l’objectif fixé.
Par Enrique Moreira – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Heineken victime de la déprime du marché de la bière