Hôtellerie : Accor espère avoir tourné la page de la crise sanitaire

Le champion français de l’hôtellerie a enregistré un profit de 85 millions d’euros l’an dernier, après une perte sans précédent de 2 milliards en 2020, pour un chiffre d’affaires de 2,2 milliards d’euros, en hausse de 36 %. A ce stade, il relativise l’impact du conflit en Ukraine en raison du caractère marginal de son activité dans la région mais reste prudent.

La crise sanitaire s’éloigne pour Accor. Fortement secoué en 2020, accusant alors une perte sans précédent , le champion français de l’hôtellerie, numéro six mondial de son secteur, est sorti du rouge dès l’an dernier, bénéficiant d’un « rebond significatif ». Le groupe, qui disposait, à la fin de l’année dernière, d’un réseau mondial de 5.298 hôtels – soit environ 778.000 chambres – s’attend désormais à une accélération de la reprise en 2022, relativisant, à ce stade, l’impact sur son activité du déclenchement de la guerre en Ukraine.

Accor, qui a publié jeudi ses comptes annuels pour 2021, affiche un résultat net part du groupe de 85 millions d’euros au titre de son dernier exercice, à comparer à un déficit avoisinant 2 milliards en 2020, pour un chiffre d’affaires de 2,2 milliards, en hausse de 36 %.

Meilleurs qu’attendus

« Les résultats sont meilleurs que ceux que nous attendions », a reconnu le PDG, Sébastien Bazin, et de souligner la combinaison de la « discipline budgétaire » du groupe et l’« incroyable motivation des équipes à aller chercher le client ».

Accor profite toutefois d’un montant d’éléments comptables globalement positif de 554 millions d’euros, alimenté à hauteur de 649 millions au titre de la vente de 1,5 % du capital de son partenaire chinois Huazhu (soit une participation ramenée à 3,3 %). Pour mémoire, Accor avait dû inscrire un total négatif frôlant le milliard d’euros au titre de son exercice 2020.

Cela étant, le résultat brut d’exploitation, indicateur de référence du groupe, est repassé dans le vert l’an dernier, à 22 millions d’euros, contre une perte de 391 millions en 2020, en raison de l’amélioration de l’activité.

Si celle-ci est tangible dans l’ensemble des pays où le réseau Accor est présent, le revenu par chambre disponible (RevPAR), donnée clé sur le plan opérationnel, reste, partout dans le monde, en deçà de son niveau de 2019. A titre d’exemples, le RevPAR est encore en retrait de 32 % en Chine, de 39 % en France, de 66 % en Allemagne – où les restrictions sanitaires ont été plus fortes -, mais aussi en Asie du Sud-Est. Le recul par rapport à 2019 est par ailleurs de 46 % sur le continent américain.

Lifestyle

Pour autant, le redémarrage, significatif à l’automne, devrait aller en s’amplifiant courant 2022. S’agissant de la France, où l’activité est brutalement retombée à la fin de l’année dernière et en janvier, la tendance va en s’améliorant. « On devrait revenir à l’avant Omicron fin mars », a notamment assuré le directeur général adjoint et directeur financier, Jean-Jacques Morin. « Nous avons un rebond en 2021. Le rebond sera encore plus fort en 2022 », a-t-il ajouté, d’une manière générale.

Par ailleurs, Accor constate déjà l’incidence de son expansion dans l’hôtellerie « lifestyle », amplifiée depuis son rapprochement avec le britannique Ennismore . Ainsi, les performances de cette hôtellerie, qui fait notamment la part belle à la décontraction et la restauration, bien davantage ouverte sur la clientèle extérieure, sont supérieures à celles du reste du réseau Accor, l’écart frôlant les 20 points à la fin 2021. La différence est tout particulièrement significative en termes de revenus tirés de la restauration et vente de boissons. Cette dynamique « lifestyle » conforte l’idée de Sébastien Bazin de renforcer les marques historiques d’Accor, les Novotel, Mercure ou encore Ibis, avec le transfert de « bonnes recettes ». « Ces marques historiques ne sont pas du tout mortes », martèle-t-il. La transformation d’Accor va donc se poursuivre sous sa houlette, après sa percée dans l’hôtellerie et de luxe et le changement de son modèle économique immobilier, avec un réseau totalement exploité aujourd’hui via des contrats de management ou confié à des franchisés.

Le groupe, dont le programme de développement porte sur 214.000 chambres, est d’autant plus à la manoeuvre que sa nouvelle société cotée, créée l’an dernier pour des acquisitions dans les services , est à l’affût. « J’ai peu de doute que, d’ici l’été, la chose sera faite », déclare Sébastien Bazin, interrogé sur la première opération de ce véhicule de type SPAC (pour Special Purpose Acquisition Company). Tout en évoquant « un certain nombre de cibles » à l’étude, le PDG d’Accor ne cache pas que le contexte boursier compte dans cette affaire.

A court terme, l’heure est plutôt aux turbulences sur les marchés d’actions avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. Le titre Accor n’échappe pas à la bourrasque qui s’est abattue jeudi accusant un repli de près 8 % en milieu de journée.

Aux dires du directeur général adjoint et directeur financier Jean-Jacques Morin, l’« impact » du conflit serait a priori « marginal » du fait de la petite dimension du réseau Accor en Ukraine, avec 7 hôtels, et en Russie, où le groupe compte 55 établissements. « Je n’ai pas de boule de cristal. J’aimerais bien. C’est une situation que l’on va monitorer au jour le jour », a-t-il toutefois ajouté.

Vers un partenariat prolongé avec le PSG

Selon son PDG, Sébastien Bazin, Accor demeurera partenaire du PSG, alors que son actuel contrat de sponsor maillot avec le club de foot parisien doit s’achever en juin. « On est enchanté de ce partenariat […] On va rester, pas forcément de la même manière », indique-t-il alors que les discussions entre Accor et le PSG sont en cours. Afin d’éviter tout malentendu, Sébastien Bazin tient à préciser que son propos ne signifie pas, pour autant, la fin d’un sponsoring maillot. Conclu en février 2019, l’accord en cours participait du lancement du nouveau programme de fidélité du groupe hôtelier, ALL (pour Accor Live Limitless). Le montant de l’investissement d’Accor, qui n’a jamais été divulgué, serait de l’ordre de 50 à 60 millions d’euros par saison.

Article de Christophe Palierse – A retrouver en cliquant sur Source

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