Hôtellerie : AccorInvest sort enfin la tête de l’eau 

Plombé par la crise sanitaire, le groupe immobilier a retrouvé son niveau d’avant-crise et amélioré sa situation financière. Il veut désormais faire évoluer son modèle et exploiter plus d’établissements en pleine propriété.

Après avoir été frappé de plein fouet par la crise sanitaire, l’horizon s’éclaircit pour AccorInvest, qui exploite environ 800 hôtels principalement managés par Accor. Cette entreprise qui n’est désormais plus détenue qu’à hauteur de 30 % par le groupe hôtelier, a enregistré un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros lors du premier semestre. Soit trois fois plus qu’en 2021, mais 20 % inférieur à 2019.

La seconde partie de l’année s’annonce toutefois prometteuse. Comme pour l’ensemble du secteur, la période estivale a été bonne, et le groupe a réalisé des performances supérieures au niveau d’avant-Covid lors du troisième trimestre. L’augmentation des prix a largement compensé un taux d’occupation en baisse de 6 à 7 points par rapport à 2019, qui s’explique par le retour en ordre dispersé de la clientèle long courrier et des voyageurs d’affaires. Pour la fin d’année, et les premiers mois de 2023, « il n’y a aucune raison de penser qu’il y aura un décrochage », assure Gilles Clavié, le directeur général d’AccorInvest.

Restructuration financière

Le dirigeant, arrivé il y a un peu plus de deux ans à la tête du groupe, savoure ainsi le retour à des jours meilleurs. « Il n’y a que des bonnes nouvelles aujourd’hui », s’est-il réjoui lundi. Façon de rappeler que les dernières années ont été particulièrement éprouvantes, avec la difficile mise en oeuvre de son plan de transformation pour faire face à une situation dégradée.

Une restructuration financière a d’abord été opérée grâce à l’obtention d’un PGE de 477 millions d’euros, puis par une augmentation du capital souscrite auprès de ses actionnaires, dont Accor, pour un montant similaire.

En parallèle, AccorInvest a entamé la rationalisation de son parc hôtelier, avec notamment la cession de son portefeuille d’hôtels en Afrique et en Australie, traduisant sa volonté de se recentrer en partie sur l’Europe. Au total, sur les 750 millions d’euros de cessions prévues, la moitié devraient être réalisées d’ici à la fin de l’année, assure Gilles Clavié.

Ces opérations devraient contribuer à réduire la dette du groupe, revenue à des niveaux acceptables, à 4,2 milliards d’euros pour des actifs évalués à 8,5 milliards. Ce qui tombe à point nommé, à l’heure où les taux directeurs remontent rapidement. Au coeur de la crise, elle avait atteint 5 milliards, alors que la valeur des actifs avait plongé à 7,3 milliards.

« Jongler sur les deux modèles »

Le groupe a enfin mené un plan de réorganisation interne, en particulier pour se moderniser et se digitaliser, mais qui s’est traduit par la suppression de plusieurs centaines d’emplois à travers l’Europe.

Désormais, AccorInvest souhaite faire évoluer son modèle, qu’il juge « unique sur le marché ». Le groupe possède actuellement les murs et le fonds de commerce de 40 % de ses hôtels, et exploite 60 % d’entre eux en location. Un rapport que Gilles Clavié entend inverser, en partie grâce au rachat de baux en interne.

« Nous voulons tendre vers une majorité d’actifs en pleine propriété », assure le dirigeant, tout en continuant à « jongler sur les deux modèles ». Avec toujours pour objectif de « maîtriser la chaîne de création de valeur de bout en bout, de l’investissement immobilier jusqu’à son exploitation hôtelière ».

Par Yann Duvert – A retrouver en cliquant sur Source

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