Hôtellerie : la clientèle d’affaires revient, mais la récession menace

La reprise se confirme dans l’hôtellerie d’affaires, portée par la clientèle domestique et les salons. Mais le contexte économique incertain incite à la plus grande prudence.

Malgré quelques transformations, le « monde d’avant » semble avoir de beaux restes. Et ce n’est pas pour déplaire aux hôteliers, ravis de retrouver une clientèle d’affaires sortie des radars pendant la crise sanitaire.

Sans surprise, les établissements d’entrée de gamme font de nouveau le plein de « cols-bleus » (techniciens, ouvriers, représentants), qui « sont revenus à 100 % », selon Fabrice Collet, le patron de B&B hôtels. « Et depuis deux semaines, on bat tous nos records. » Le groupe, dont la clientèle est composée de 60 à 65 % de voyageurs d’affaires, a d’ailleurs vu son revenu par chambre disponible (RevPar) et son taux d’occupation augmenter par rapport à 2019. Même satisfaction chez hotelF1, dont 80 % des revenus proviennent de la clientèle affaires et qui a retrouvé ses niveaux d’avant-crise.

Regain de confiance

Partout, la reprise est palpable, portée par la clientèle domestique. « La reprise des voyages d’affaires a d’abord été soutenue par les petites et moyennes entreprises nationales et régionales, plus résilientes », indique Markus Keller, chargé des ventes et du marketing chez Accor. « Nous constatons aujourd’hui une accélération de ce rebond et un regain de confiance sur tous les segments professionnels. » La chaîne Best Western, dont l’offre couvre une large gamme de prix (de 50 à 250 euros la nuit), observe aussi « un vrai retour de la clientèle affaires, qui nous a fait sortir un peu plus vite que prévu de la crise », d’après Olivier Cohn, son directeur général pour la France.

Sur le segment haut de gamme, la tendance est également bonne. Voire « très bonne » pour le groupe Ascott, propriétaire de 26 résidences Citadines en France, dont 16 à Paris. « Et le mois de septembre est supérieur à 2019, à prix moyen équivalent », se félicite Philippe Mettey, vice-président Europe chargé des ventes et du marketing.

Les établissements de luxe perçoivent, quant à eux, une « reprise notable », indique Christophe Laure, président de l’Umih Prestige. C’est en particulier le cas pour le marché du MICE (pour « Meetings, Incentives, Conferences, Exhibitions »), qui regroupe les congrès, séminaires, foires, salons et autres réunions d’entreprises. Pour les voyages individuels, en revanche, « c’est encore un peu fébrile », note le dirigeant qui s’attend à retrouver les niveaux de 2019 « d’ici un à deux ans ».

« On sent qu’il va se passer quelque chose »

Voilà pour les bonnes nouvelles, qui peinent toutefois à gommer les inquiétudes face au contexte macroéconomique actuel. Les craintes de récession s’intensifient, et l’hôtellerie d’affaires pourrait se retrouver en première ligne. « Il y a un petit tassement au niveau de la clientèle affaires, mais elle est actuellement compensée par des changements d’usage : il y a moins de séjours, mais les clients restent plus de temps. Globalement, s’il y a une baisse de la demande, ce sera dû à la conjoncture », analyse Vanguelis Panayotis, directeur général du cabinet MKG, qui souligne « la corrélation directe entre PIB et RevPar ».

Le revenu par chambre disponible est étroitement corrélé à la variation du PIB, sauf en 2016, juste après les attentats du 13 novembre.

Le revenu par chambre disponible est étroitement corrélé à la variation du PIB, sauf en 2016, juste après les attentats du 13 novembre.MKG

Cette constante n’est pas vraiment de nature à rassurer les professionnels du secteur. « Le marché hôtelier est toujours le premier à se retourner en cas de crise économique », rappelle, quant à lui, Olivier Cohn. « Il faut attendre deux ou trois trimestres avant d’avoir le plein impact. Mais là, on sent qu’il va se passer quelque chose. »

Par Yann Duvert – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Hôtellerie : la clientèle d’affaires revient, mais la récession menace