
Hôtellerie : le plan choc d’Accor pour réduire sa consommation d’énergie
Piscines fermées, température dans les chambres… Brune Poirson, directrice du développement durable chez Accor, dévoile les mesures décidées par le groupe hôtelier pour réaliser des économies à court terme.
Alors que l’hôtellerie-restauration a présenté jeudi un plan de sobriété visant à réduire sa consommation d’énergie, Accor veut aller plus loin. Le groupe français, dont le réseau est essentiellement composé de franchisés et d’hôtels en management, entend prendre des mesures drastiques à court terme. Le point avec Brune Poirson, ancienne secrétaire d’Etat à la Transition écologique et désormais directrice du développement durable chez Accor.
Quelles sont les mesures du plan de sobriété d’Accor ?
En tant que leader du marché, nous avions la responsabilité d’aller plus loin. En concertation avec nos partenaires, nous allons agir sur quatre principaux postes de consommation énergétique. Sur le chauffage, qui avec la climatisation représente environ 30 % de notre consommation, nous allons baisser la température à 19 degrés, y compris dans les chambres, voire 17 degrés dans les lieux inoccupés (salles de réunion, couloirs, etc.). En ce qui concerne l’eau chaude sanitaire, nous allons fermer nos piscines extérieures, ce qui concerne environ 70 hôtels. Et réduire l’amplitude horaire des saunas, hammams et jacuzzis.
Avez-vous ciblé d’autres sources d’économies d’énergie ?
En cuisine, nous allons rationaliser l’approvisionnement et le stockage, afin de réduire le nombre d’aliments congelés. Enfin, nous allons arrêter quelque 51.000 minibars par défaut, à part pour les clients qui en ont besoin pour raison de santé (conservation de médicaments ou autre). Et les draps ne seront changés que sur demande expresse du client.
Ces mesures vont également s’accompagner d’un travail de formation de nos collaborateurs dans les hôtels. Par exemple, en matière d’organisation et d’allocation des étages afin de pouvoir fermer des étages/chambres dans lesquels le thermostat serait maintenu à 17 °C, en fonction de l’occupation des chambres, ou pour ne pas laisser les gazinières ou le four à pizza allumés toute la journée…
A plus long terme, comptez-vous aller plus loin ?
Il s’agit d’un plan immédiat, et l’objectif est de le rendre pérenne. Plus globalement, nous avons une stratégie net zéro, ce qui signifie que nous voulons opérer les transformations nécessaires à l’atteinte de la neutralité carbone planétaire en 2050. Dans ce cadre, nous nous sommes engagés à réduire nos émissions de CO2 de 46 % d’ici à 2030. On parle de réduction absolue, quelle que soit l’augmentation du nombre d’établissements Accor. Cela passera en particulier par une maîtrise de la demande en énergie et par l’offre, c’est-à-dire en utilisant l’énergie la plus décarbonée possible.
En outre, une part de l’empreinte carbone du secteur vient de l’artificialisation des sols, donc nous voulons favoriser la reconversion de bâtiments en hôtels plutôt que les nouvelles constructions. Au total, 40 % de nos établissements existaient déjà, soit le pourcentage le plus haut dans la profession. Nous souhaitons enfin écoconcevoir nos hôtels afin qu’ils deviennent des « banques de matériaux », lorsque nous rénovons ou déconstruisons un bâtiment, afin que ceux-ci puissent être réutilisés.
Comment allez-vous convaincre les propriétaires franchisés ?
Il faut convaincre les propriétaires, mais ils y voient leur intérêt car les prix de l’énergie explosent. Ils ont également une perspective de long terme et, quelque part, on préserve la valeur de leur actif face au dérèglement climatique. Enfin, la régulation, combinée à la pression des investisseurs et des consommateurs, jouera un rôle. Sans compter les grands comptes qui ne veulent pas envoyer leurs collaborateurs dans des hôtels qui ne seraient pas engagés pour l’environnement.
Et vos clients ?
En ce qui concerne nos clients, nous allons les encourager dans le cadre d’une démarche globale. Par exemple, plus leur séjour sera long, plus ils seront récompensés. A terme, l’idée est que notre programme de fidélité récompense des comportements vertueux, par exemple pour les clients qui auraient pris le train au lieu de l’avion.
Par Yann Duvert – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Hôtellerie : le plan choc d’Accor pour réduire sa consommation d’énergie