
Inflation : pas d’abus sur les marges dans l’alimentaire, conclut un rapport de Bercy
Un rapport de l’Inspection générale des finances, commandé par Bruno Le Maire, indique que la hausse des prix de vente des produits alimentaires s’explique essentiellement par celle des prix des matières premières agricoles. L’étude, qui se concentre sur une douzaine de produits, met en exergue les difficultés de l’agroalimentaire, dont les marges ont fondu.
Alors que l’inflation est devenue un sujet socialement et politiquement sensible, un rapport que vient de boucler l’Inspection générale des finances (IGF), à la demande de Bruno Le Maire, semble de nature à dépassionner quelque peu les débats.
Commandé en juillet par le ministre de l’Economie à propos de la hausse des prix des produits alimentaires, ce rapport, auquel ont contribué deux députés membres de la majorité présidentielle (Frédéric Descrozaille et Stéphane Travert) et deux agriculteurs et responsables syndicaux agricoles (Guillaume Cabot et Yannick Fialip), indique en effet que la tendance fortement inflationniste ne reflète pas des comportements abusifs de tierces parties au sein de la chaîne de valeur. « La conclusion est sans appel : Il n’y a pas eu de profiteurs de l’inflation dans l’alimentaire. Ni les agriculteurs, ni les distributeurs, ni l’industrie agroalimentaire n’ont pris au passage de rémunération excessive », déclare à ce propos Bruno Le Maire dans un entretien paru dans l’édition dominicale du « Parisien », faisant référence au rapport de l’IGF.
Marges brutes
Le constat est d’importance dans la mesure où la mission, qui a mené ses travaux entre fin juillet et fin octobre, a donc passé en revue les trois principaux secteurs de la filière que sont l’agriculture, l’industrie agroalimentaire et la grande distribution, sur la base d’un échantillon de douze produits de la vie quotidienne : jambon cuit, boeuf haché, escalope de poulet, lait demi-écrémé, veau, viande ovine, yaourt nature, beurre, emmental, camembert, baguette, pâtes. De manière moins ciblée, faute de données, la mission s’est également penchée sur le cas de la farine et de l’huile.
Le rapport de l’IGF, qui a analysé l’évolution des marges brutes entre 2019 et le premier semestre 2022, indique en premier lieu que « la hausse des prix de vente s’explique essentiellement par celle des prix des matières premières agricoles ». Pour huit des douze produits de l’échantillon, l’augmentation du prix des matières premières agricoles est même « très significativement supérieure » à celle du prix de vente final. En clair, l’industrie agroalimentaire et la grande distribution ont comprimé leurs marges brutes. S’agissant de la grande distribution, l’étude précise notamment que la baisse des marges a été « très significative » pour les pâtes (-15,6 %), le boeuf haché (-6 %) et l’escalope de poulet (-6,4 %). En revanche, deux produits sont sujets à l’évolution inverse : le camembert (+6,1 %) et le yaourt nature (+4,2 %).
Loi Egalim 2
Au global, le rapport de l’IGF conclut que l’excédent brut d’exploitation (EBE) de l’agriculture a progressé de 12 % entre 2019 et le premier semestre 2022, la hausse des prix de vente (+20,8 %) s’expliquant pour partie par l’augmentation des revenus des agriculteurs. A ce sujet, le rapport prend en considération « un effet indirect » de la loi dite « Egalim 2 », qui vise à mieux rémunérer les agriculteurs.
En parallèle, la grande distribution connaît une stagnation voire une légère baisse de son EBE, sachant qu’il fléchit de 1 % pour le commerce. De fait, l’industrie agroalimentaire apparaît comme la plus fragilisée, avec une baisse de 16 %. « Nous avons bien identifié les difficultés de l’industrie agroalimentaire », commente-t-on au cabinet de Bruno Le Maire.
Enfin, alors que l’inflation des produits alimentaires reste davantage contenue en France (moins de 10 % en septembre) que dans les autres pays européens (14,4 % en Allemagne notamment), le rapport de l’IGF ne cache pas que de fortes tensions devraient perdurer en 2023, avec le maintien des prix des matières premières agricoles à des niveaux élevés, la cherté du coût de l’énergie et de présumées difficultés de production dans l’agroalimentaire.
Par Christophe Palierse – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Inflation : pas d’abus sur les marges dans l’alimentaire, conclut un rapport de Bercy