Intermarché sort grand vainqueur de l’année du Covid

L’enseigne de supermarchés est celle qui, en France, a le plus gagné de parts de marché en 2020. Un succès pour le réseau de commerçants indépendants des Mousquetaires qui s’appuie sur une bonne combinaison entre des prix attractifs et une offre qui suit la tendance du mieux manger.

Les dirigeants d’Intermarché se félicitent tant des performances de leur enseigne en 2020 qu’ils en arriveraient presque à minimiser la réalité. Pudeur ou crainte de voir le gouvernement créer une taxe sur les « profiteurs » de la crise : ils annoncent, dans un entretien aux « Echos », une modeste progression de 1,4 % de leur chiffre d’affaires, à 32,5 milliards d’euros. Or le réseau de 1.840 supermarchés est celui qui a le plus gagné de parts de marché l’an dernier, selon le panéliste Kantar : 0,7 point, contre un gain de 0,4 pour Leclerc.

Déferlement en mars

La société d’études IRI estime que le marché des produits de grande consommation et du frais vendu en libre-service a grimpé de 7 % grâce à la crise du Covid-19. La progression d’Intermarché est donc supérieure, car le chiffre de 1,4 % comprend les ventes d’essence. Et celles-ci ont chuté à cause des confinements et du télétravail. Les 111 centres auto Roady du groupement des Mousquetaires, la structure faîtière d’Intermarché, ont d’ailleurs enregistré l’an passé une baisse de 13 % de leur activité.

Vincent Bronsard, qui remplace à la présidence d’Intermarché Thierry Cotillard, l’artisan de la stratégie gagnante, reconnaît qu’en mars 2020 le chiffre d’affaires a explosé de 20 %. « Il faut se souvenir du déferlement des consommateurs pendant les deux ou trois premiers jours », raconte Didier Duhaupand, président des Mousquetaires. « Chez les industriels, l’absentéisme dans les usines a perturbé la production. Nous avons concentré nos approvisionnements sur quelques références de pâtes, de farine, etc. », ajoute Vincent Bronsard.

« Nous avons fait de même dans nos propres usines », renchérit Didier Duhaupand. Agromousquetaires exploite 59 usines en France et a réalisé en 2020 4,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en hausse de 2,3 %. Le pôle approvisionne Intermarché et Netto (la petite chaîne de hard discount) en produits à marques propres.

Comme ses concurrents, ce sont les magasins de proximité d’Intermarché qui ont le plus bénéficié de la période (+22 % sur l’année) et les ventes en ligne se sont beaucoup développées. « Nous avons gagné cinq ans de progression », résume Vincent Bronsard. Les 1.500 points de retrait drive ont généré plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires. La part de marché du réseau (10,2 %) reste toutefois inférieure à celle des magasins (15,7 %).

Autre pilier du groupement de commerçants indépendants, la branche bricolage – avec Bricomarché, Brico Cash et Bricorama repris il y a deux ans, soit 740 points de vente en France – a vu ses ventes augmenter de 11 %, à 3,2 milliards. « Bloqués chez eux par le confinement et le télétravail, les Français ont amélioré le confort de leur maison », explique Laurent Pussat, président du pôle qui exploite trois magasins dans la région de Gien (Loiret).

« Un de mes clients m’a dit qu’il consacrait aux travaux les deux heures de transport qu’il économisait grâce au télétravail », raconte-t-il. En mars, l’arrêt de certaines usines a créé une pénurie qui se résorbe tout juste. Le site Internet BricoPrive, repris il y a quelques mois, a vu ses ventes monter de 40 % à 187 millions d’euros.

Centre-ville

« La crise a boosté nos plans stratégiques », affirme Didier Duhaupand. Les lignes ne changent pas. Intermarché cherchera au moins 0,2 point de part de marché de plus et ouvrira d’ici à 2023 une centaine de points de vente de centre-ville (les « Express ») à l’image de celui que Thierry Cotillard vient d’inaugurer dans un ancien garage à Boulogne-Billancourt, à l’ouest de Paris. Le réseau poursuit l’adoption du nouveau concept qui fait la part belle au frais, au bio, au vrac.

Dans le même esprit, Bricomarché se lance dans la seconde main. Les dirigeants des Mousquetaires sont persuadés que les grandes tendances de consommation vont se poursuivre, et qu’en même temps, la crise va pousser les clients à rechercher du prix.

Selon Didier Duhaupand, la crise n’a ni gonflé ni amputé la rentabilité des magasins : « Le coût des mesures de protection, les primes distribuées au personnel et le surcroît de ventes se compensent ».« Il ne faut pas oublier que nous avons vendu beaucoup de produits de base comme la farine ou le sucre qui ne sont pas les plus porteurs de marge », ajoute-t-il. Toujours cette envie de ne pas paraître comme les grands bénéficiaires du Covid-19.

Les Mousquetaires se félicitent du « niet » de Bercy à l’opération Carrefour Couche-Tard

Didier Duhaupand, le président du groupement des Mousquetaires, se réjouit que la France, et surtout les politiques, ait « redécouvert l’utilité sociale de la distribution ». Le patron de la structure faîtière des réseaux Intermarché et Bricomarché se félicite donc du « niet » que le ministre de l’Economie a opposé au projet de rachat de Carrefour par le canadien Couche-Tard. « C’est bien que l’Etat prenne conscience que nous sommes dans un secteur stratégique. Nos adhérents emploient 150.000 personnes dans le pays, ce n’est pas rien, surtout dans certaines zones. »

Article de Philippe Bertrand, – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Intermarché sort grand vainqueur de l’année du Covid | Les Echos