La bataille des « dark stores » s’intensifie avec l’arrivée de Dija à Paris
La société britannique, qui a levé 20 millions de dollars, a été fondée par deux anciens de Deliveroo. Elle veut proposer une offre basée sur « l’hyperproximité » et promet de livrer des courses en dix minutes.
Le couvre-feu a beau compliquer les choses, une chasse aux trésors se déroule à Paris depuis plusieurs semaines et mobilise les fines lames de l’immobilier. L’objet de toutes les convoitises ? Les entrepôts fantômes (« dark stores ») qui doivent permettre aux start-up de livraison de courses à la demande de livrer leurs clients à la vitesse de la lumière (entre dix et quinze minutes).
Ces magasins d’un nouveau genre doivent répondre à plusieurs contraintes : ils doivent être implantés au coeur des quartiers les plus vibrants de la capitale, mesurer une taille suffisante pour stocker les marchandises, être aménagés pour faciliter la préparation de commandes et les allers et retours des coursiers et, si possible, ne pas coûter trop cher à la location…
Un marché en pleine ébullition
La crise sanitaire a certes libéré des surfaces, mais le marché parisien reste tendu. Et la multiplication des acteurs dans le secteur des « dark stores » ne risque pas d’améliorer la situation. Le dernier en date est Dija. Fondée par deux anciens de Deliveroo (Alberto Menolascina et Yusuf Saban), cette start-up britannique débutera son activité à Paris jeudi et viendra défier Cajoo, Gorillas et Kol, en attendant les arrivées imminentes de Getir, Flink, Getir, Zapp et Yandex, en plein processus de recrutement ! Ce dernier acteur russe a enregistré la semaine dernière une entreprise locale en France sous le nom Deli International et devrait livrer à Paris sous le nom de Yango Deli.
De son côté, Dija a confié les clés du marché tricolore à Arthur-Louis Jacquier, qui a travaillé auparavant pour Jumia, Take It Easy, Gobeebike ou encore Lime, le pionnier de la trottinette électrique à Paris . « J’ai toujours aimé travailler sur les nouveaux usages et sur la façon dont on pouvait réinventer la ville », explique-t-il.
Les précédentes expériences du trentenaire seront précieuses dans ce secteur d’activité qui réclame une grande qualité dans les opérations et nécessite des financements importants. Les fées du capital-risque se sont déjà penchées sur le berceau de Dija. La jeune pousse a levé 20 millions de dollars en décembre 2020 et réalise ses deux premières incursions à l’international en se lançant simultanément à Paris et à Madrid.
« Notre volonté est de faire de l’hyperproximité », explique Arthur-Louis Jacquier. Pour son lancement, la jeune pousse proposera environ 1.500 références sur son application. « Nous nous fournissons auprès de centrales d’achat, mais aussi en direct auprès de marques parisiennes et d’artisans. Notre premier magasin sera, par exemple, fourni en pains et en croissants frais qui proviennent d’une boulangerie située dans la rue du Faubourg Saint-Martin », explique Arthur-Louis Jacquier. Les fruits et légumes sont, eux, fournis directement par un partenaire de Rungis.
Des coursiers salariés
La société promet de livrer en dix minutes entre 8 heures et 2 heures du matin, avec des frais de livraison de 0,99 centime pour commencer. A l’heure où la « gig economy » est de plus en plus contestée, Dija a fait le choix de recruter ses livreurs, à qui elle fournit des vélos électriques et un équipement. La société britannique a ouvert son premier « dark store » en plein coeur de Paris. Mais, dans les prochaines semaines, elle prévoit d’en ouvrir une douzaine, afin de desservir tous les arrondissements de la capitale. Les coursiers travailleront dans un rayon de deux kilomètres pour répondre à la promesse de vitesse.
Malgré la concurrence, Dija est confiant dans ses chances de réussite. « Le marché de l’alimentaire est gigantesque », observe Arthur-Louis Jacquier. La crise sanitaire a accéléré la consommation en ligne et les contraintes du confinement ouvrent une fenêtre de tir pour les nouveaux spécialistes de la livraison. Au-delà de Paris, Dija veut aller vite et se lancer dans plusieurs autres villes françaises d’ici à la fin de l’année. La chasse aux entrepôts fantômes n’en est qu’à ses débuts.
Article de Adrien Lelièvre – A retrouver en cliquant sur Source
Source : La bataille des « dark stores » s’intensifie avec l’arrivée de Dija à Paris | Les Echos