
La distribution alimentaire, nouveau défi des coopératives agricoles
Les coopératives agricoles jouent avec l’idée de court-circuiter la grande distribution pour vendre des produits en direct. Deux d’entre elles, InVivo et Unicor, ont déjà lancé une enseigne et développent, pion après pion, leur réseau. Ce 16 novembre ouvrent coup sur coup le quatrième magasin Frais d’ici et les troisièmes Halles de l’Aveyron.
Le géant InVivo (6,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires) a inauguré son premier Frais d’ici en 2014. Le concept peut aussi bien se décliner sur un format de petit super autonome (550 mètres carrés à Toulouse, 620 à Chenôve) qu’en proximité, en cellules adossées aux jardineries Gamm Vert du même InVivo (360 mètres carrés à Auch). Le dernier-né ouvert aujourd’hui est situé à Foix (09) et couplé à un Gamm Vert. Il s’étend sur 280 mètres carrés.
La philosophie de Frais d’ici associe à la fois circuit court et approvisionnement local. Chaque magasin est porté par une ou plusieurs coopératives de la région, membres d’InVivo, qui en font un débouché pour leur production (souvent des viandes) et construisent le reste de l’assortiment avec d’autres agriculteurs. A Chenôve, Frais d’ici étant géré par des coopératives céréalières, toute l’offre ou presque est sourcée en externe. Une bizarrerie dont n’a cure le client : la promesse de l’enseigne, ce sont les produits agricoles locaux, peu importe qu’ils viennent de membres d’InVivo ou pas.
Les Halles de l’Aveyron : du circuit court, mais pas du local
Les magasins Halles de l’Aveyron, eux, fonctionnent selon une logique inverse. Pilotée par une unique coopérative régionale (Unicor, 340 M€ de CA), l’enseigne propose une majorité de spécialités aveyronnaises et s’installe loin de ses bases pour offrir des débouchés supplémentaires aux agriculteurs. Du circuit court, donc, mais pas du local.
« Le locavorisme au sens strict condamnerait 90 % de nos fermes tant les densités de population sont faibles sur l’Aubrac, le massif du Lévézou ou dans les Causses », rappelle Jean-Claude Virenque, le président d’Unicor.
Un premier magasin de vente directe, ouvert en 2008 sur 700 mètres carrés à Rodez (12), a permis d’apprendre sur place les métiers de commerçant et de restaurateur, le site proposant les deux. En 2014, la coopérative a commencé à cibler l’Île-de-France en installant les secondes Halles de l’Aveyron à Herblay (95), sur 1000 mètres carrés. Là encore avec un restaurant.
Le troisième magasin du réseau a vu le jour aujourd’hui à Saint-Gratien (95), sur 800 mètres carrés.
Avec ces trois points de vente, ce sont près de 700 bœufs, 350 veaux, 1800 agneaux et 50.000 poulets plein-air qui seront valorisés chaque année en circuit court, calcule-t-on chez Unicor. « Le nouveau défi des coopératives agricoles est sans doute celui de la mise en marché des productions car c’est là que se crée la valeur, estime Jean-Claude Virenque. Avec Les Halles de l’Aveyron, nous avons, modestement et à notre place, ouvert une voie. »